Les actualités du 5 janvier 1908

Première représentation au théâtre des Nouveautés de Coralie et Cie

Les Nouveautés ont repris avec succès Coralie et Cie la pièce créée il y a huit ans, au Palais-Royal. Peut-être est-il inutile de rappeler, comment la maison Coralie est à deux fins et sert à la fois à habiller ses clientes, et à les déshabiller ; leur confectionnant des robes, que les maris payent, et mettant à leur disposition des chambres confortables, où la présence du mari devient moins nécessaire. La pièce est de date trop récente pour que le postulat en soit oublié.

Mais ce qu'il convient d'ajouter, c'est qu'elle n'a rien perdu de sa gaieté ; il y a là un second acte qui est certainement un des plus drôles qu'on ait jamais commis dans un vaudeville ; et la meilleure preuve qu'il est excellent, c'est qu'il a bien souvent servi, depuis, et que nous l'avons retrouvé, avec peu de changements, sous des signatures très diverses,

La transformation de la chambre de rendez-vous en salon d'essayage, avec le lit tournant, et la trappe qui amène Mme Coralie en personne, armée du mètre des couturières, est une des fantaisies les plus réjouissantes qui aient été inventées ; et les situations qui se multiplient déclenchent toutes le rire irrésistible, avec, en outre, l'appoint de mots de situation qui saupoudrent le dialogue.

La troupe des Nouveautés, habituée à jouer les pièces en un mouvement endiablé, a entraîné Coralie et Cie, dans le tourbillon nécessaire ; Germain a silhouetté avec pittoresque le mari de Coralie, qui ne possède que quarante sous par semaine ; Baron fils a de la rondeur, et Paul Ardot une étonnante nature de fantoche ; Colombey, Landrin, Berthelier complètent l'ensemble masculin.

Mlle Suzanne Carlix a de la grâce, de la finesse et de l'esprit ; Mme Rosine Maurel, de l'entrain ; Mlle de Mornand, de la gentillesse. Mlle Caumont ne pouvait songer à faire oublier Augustine Leriche, créatrice du rôle de Coralie, qui y fut inoubliable, mais elle est plaisante à souhait ; Mlle Gense est une noire incandescente ; et Mlle Sandry, une blanche agréable, qui vaut, au moins, deux noires..

Le Gaulois – 5 janvier 1908

EN BREF

Le Vésuve menaçant — Le Vésuve nous menace d'une nouvelle éruption. Depuis deux jours, il manifeste une très vive agitation. Beaucoup de jets de gaz se sont formés loin des cratères, et une épaisse colonne de fumée s élève du cratère central. Le directeur de l'observatoire a déclaré qu'une nouvelle éruption était à craindre, laquelle, dit-il, serait en relation avec les récents tremblements de terre de Calabre. Le Matin – 5 janvier 1908

L'homme au masque de fer condamné à l'amende — Londres, 4 Janvier — Aujourd'hui, on a vu comparaître au tribunal de Dartford, près Londres, le mystérieux individu masqué qui est parti ces jours derniers de Londres dans le but de gagner, en faisant à pied un voyage autour du monde, un pari s'élevant à 500,000 francs. Il était inculpé d'avoir vendu de menus objets sans s'être muni préalablement d'un permis de camelot. Le tribunal a consenti à permettre à l'accusé de garder son masque, les conditions de son pari lui interdisant de l'enlever dans un lieu public.L'homme au masque dit s'appeler Mason, mais son solicitor déclare que ce n'est pas là son véritable nom, car, si l'inculpé le faisait connaître, il perdrait, de ce fait, le pari engagé. Le tribunal, toujours indulgent et souriant, accepte non seulement le masque, mais encore le nom d'emprunt, sans faire aucune difficulté. Ce sont de bons juges que ceux du tribunal de Dartford. Finalement, l'homme au masque se voit infliger une amende de trois francs, et il est désormais libre de reprendre son chemin en poussant devant lui sa petite voiture d'enfant, à la recherche de l'épouse que, selon les conditions du pari, il est tenu de se procurer en cours de route. Le Matin – 5 janvier 1908

Le concours international de ski — Le concours international de ski et autres sports d'hiver, organisé a Chamonix par le Club alpin français, commencera aujourd'hui vendredi. 50 skieurs sont arrivés par train spécial hier soir; ils représentent les 11e, 12e, 13e 14e, 22e 28e et30e bataillons de chasseurs alpins. Le commandant Goybet, délégué du gouverneur, les accompagne, ainsi que la musique au 11e chasseurs. Ce concours groupera, outre de nombreux délégués civils, des représentants de l'armée norvégienne et de l'armée suisse, les Italiens et les Suédois n'ont pas cru devoir prendre part au concours, considérant que le choix de la date était défavorable et qu'il eût mieux valu, suivant l'avis des troupes alpines françaises et des skieurs de Chamonix, choisir la première quinzaine de février. Aujourd'hui, course militaire d'Argentières au col de Balme et retour à Chamonix, réception du Club alpin français, courses de fond, fête de nuit. Les courses se poursuivront jusqu'au dimanche 19 du courant. Le Temps – 4 janvier 1908