Mort du sergent Feuchot
Arrivés à la lisière du bois, les 11e et 12e sont arrêtées net par le tir trop court de notre artillerie de campagne et obligés de reculer un peu. Les 9e et 10e sont arrêtées net par un feu violent de mitrailleurs partant du bois 151 et doivent appuyer à droite pour s'abriter derrière la croupe.
L'essaim de balles souffle de la gauche comme une tempête et nous fait dériver à droite. C'est la ravin de la Goutte…Non, appelons-le: ravin des Rémouleurs, car on aurait cru frôler des repasseurs invisibles aiguisant des centaines de couteaux dans le vent des meules. Nos coureurs bleus s'écroulent, s'affaissent, roulent: une hécatombe. C'est dans ce ravin enfilé par des mitrailleuses que les dernières vagues du 116e essuyèrent les plus grosses pertes. Notre vague s'éparpille en lambeaux et je n'entraîne plus sur mes pas qu'une poignée de guerriers qui bondissent de trous d'obus en trous d'obus.
Soudain Colas me dit: "Regarde là-bas!" Et je vis, dans le glacis découvert qui s'étendait au nord du village, une charge de nos cavaliers qui parvint rapidement à la lisière d'un bois, se disloqua, - probablement devant des fils de fer,- hésita, reflua, cependant que les mitrailleuses tiraient sans arrêt sur cette masse grouillante et bientôt désemparée. Cette héroïque et inutile chevauchée dut être un spectacle de choix pour les Allemands protégés par leurs barbelés, et qui pouvaient sans risques "faire mouche à tous coups" sur ces sacrifiés qui venaient s'offrir à leurs engins de mort.
Au point marqué 4685, la 3e section se met en batterie sur la crête boisée de 151 où on lui a signalé des tirailleurs et des mitrailleurs prenant en enfilade nos troupes qui occupent la vallée du Sud.
La 3e section a une pièce en position à l'Ouest du chemin de fer avec la 8e compagnie et une autre pièce, sur les parties boisées à l'Ouest de la voie férrées avec la11e compagnie. Le Sous-Lieutenant CANDY est mortellement blessé d'une balle en essayant d'observer le point de départ du tir de l'infanterie ennemie. Les sergents mitrailleurs FEUCHOT et CHAGRET sont mortellement bléssés par des éclats d'obus...
La bataille se termine ici pour le sergent FEUCHOT. Contrairement à ce qu'indique le Journal de Marche, Gaston n'est pas mort. Après avoir été rapatrié par les services de santé, il est admis le 27 septembre à l'hopital d'Arches dans les Vosges. Son coupon d'admission précise « Plaie de l'abdomen et éclatement du bras gauche par éclat d'obus ». Il succombe à ses blessures le lendemain, 28 septembre 1915.