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CPA Scans
30 novembre 2008

L'épisode de Maissin

<p><p><p><p><p>BATAILLE DE CHAMPAGNE</p></p></p></p></p>

champagne2_html_m3cbcb31ePour atteindre Sedan, il fallait aux Allemands passer par Maissin, carrefour stratégique. Ce joli village bâti à flanc de colline, offre aux troupes allemandes un bon point de vue sur les vallons environnants. Le matin du 22 août1914, le régiment se met en marche dès 2 heures du matin et arrive sur site en fin de matinée. Le combat y fait déjà rage, et les troupes fraiches du 93e viennent relever les soldats de la 22e division qui souffrent beaucoup devant le village.

Le régiment, divisé en trois bataillons, et appuyé par deux pièces de 75, prend le village d'assaut sous le feu conjugué de l'infanterie et de l'artillerie allemandes. Une partie de la progression se fait à découvert. De nombreux combattants sont fauchés par les mitrailleuses ennemies. 

Vers 14 heures, après un vif combat, les troupes française investissent le village, baïonnettes au canon.

Témoignage du Soldat JOUAUD, du 65e Régiment d'infanterie:

Sur notre droite, en haut de la colline, environ à un Km du bois devenu notre objectif, la 22ème division s'élançait furieusement à l'assaut du village de Maissin. C'était épique. Un régiment (le 19ème R.I. sans doute) montait à la charge musique en tête et drapeau déployé. Un obus allemand tomba en plein sur le groupe de musiciens qui sonnaient la charge.

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Vers 16 heures, c’est un véritable ouragan de fer qui se déchaîne. Tandis que le village s'embrase, un avion survole le village au risque d’être abattu.

Vers 19 heures, les français sont maîtres du terrain. Le village et ses alentours où de nombreux combats se sont finis au corps à corps, est jonché de cadavres et de blesses agonisant des deux camps.

Les clairons français sonnèrent le cessez le feu. Les conventions internationales qui interdisaient les combats de nuit furent observées pour la première et dernière fois. Cependant quelques camarades grisés par le succès s'engagèrent dans le bois où les baïonnettes fonctionnèrent. Plusieurs ne revinrent pas. Un caporal de ma compagnie aurait transpercé et fixé dans un arbre avec sa baïonnette un soldat allemand qui le mettait en joue et eu le temps de faire partir le coup, ils se seraient tués mutuellement à la même seconde.

L'Abbé Pirson, qui avait 5 ans à l'époque, a été témoin de ces combats:

...je me souviens très bien que, le soir tombant, accompagnés d'un Français portant une lanterne, mon père et moi sommes remontés à notre maison. Sur la route, gisaient des hommes en pantalon rouge, immobiles ou gémissants. Devant notre porte, il fallut enjamber le cadavre d'un Allemand. C'était un officier supérieur, ai-je appris longtemps après; il portait des épaulettes tressées.

Et puis, nous entrâmes. Pas besoin d'ouvrir la porte, il n'y en avait plus. Après deux ou trois pas, quel spectacle ! Quelle horreur ! Des cadavres, des blessés hurlants. Deux dans le couloir. Le gris ne bougeait plus, le bleu gémissait. Et dans la grande pièce ! Du sang, des cris plaintifs, des hommes déchiquetés, un d'eux décapité, là, un gris, le ventre ouvert. Quelques uns ne bougeaient plus...

Vers 2 heures, des coups de feu espacés éclatent dans toutes les directions. A l’aube, le village est bombardé ; un obus s’abat sur l’église. – Les vociférations allemandes se mêlent à la fusillade. Les Allemands mitraillent l’école des religieuses où plus de cent blessés français et civils sont réfugiés. Les colonnes allemandes parviennent aux abords du village et sur les hauteurs.Vers 9 heures, les Français, non soutenus par leur artillerie, se retirent peu à peu.

L'abbé Paul Gérard, également présent à Maissin ce jour là décrit l'aspect du champ de bataille:

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...Partout des morts et des blessés. Sur la plaine devant Haumont, les Français sont si nombreux qu’ils paraissent tombés coude à coude. – Tel au temps de la moisson un champ de blé parsemé de bleuets et de coquelicots, telle après le combat apparaissait la plaine devant Haumont, jonchée d’uniformes français.

Dans les rues, près des maisons en ruine, dans les vergers, Français et Allemands sont entremêlés. D’aucuns sont tombés empalés sur leurs armes.

Sur la plaine de la Bellevue et vers Our : des morts des deux camps. A l’orée du bois Bolet, une compagnie française anéantie. – A la route de Lesse, une longue lignée d’Allemands entassés les uns sur les autres. – La crête du Spihoux est couverte d’Allemands mais aussi de Français tombés dans des corps à corps d’une violence inouïe.

Des fusils, des munitions, des havresacs sans nombre, des équipements de toutes espèces ont été abandonnés.

Le village de Maissin, peut-on dire, n’existe plus, 75 maisons ont été incendiées, il en reste 25, dispersées çà et là, gravement endommagées. – Le bétail est décimé ; les récoltes piétinées. – C’est la ruine totale ; c’est la désolation la plus navrante.

Côté français, on perdit en tués, blessés ou disparus au cours de cette journée 4.500 hommes. A elle seule, la plus éprouvée, la 44ème brigade perdit 2.000 fantassins. Chez les Allemands, les pertes furent équivalentes. Pour les deux camps, les pertes de soldèrent en tout par environ dix mille hommes hors de combat. Dès le 24 août 1914, après la retraite du 11ème corps d'armée français, l'armée impériale allemande procéda aux ensevelissements des centaines de morts restés sur le champ de bataille. L'inhumation des cadavres français et allemands dura une dizaine de jours.

A Maissin a été livrée la plus grande bataille en rase campagne. Les Français y ont remporté une victoire dont l’importance ne sera connue que plus tard. C'est une cause lointaine de la victoire de la Marne. En y bloquant pendant plus de 24 heures les Allemands, le XIème corps a permis à la IVème Armée de se regrouper sur la Haute Meuse, de faire sa jonction avec la Vème et ainsi d’amorcer la grande manœuvre qui a donné la  victoire de la Marne.

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