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CPA Scans
8 janvier 2009

Les actualités du 8 janvier 1909

Théâtre de l'Odéon. — Première représentation : "La Tragédie royale, pièce en trois actes de M. Saint-Georges de Bouhélier

090108odeon

théatre''Des mots ! des mots ! des mots ! » dit Hamlet. Ici, nous pourrions dire : « Des bruits ! des bruits ! des bruits ! ! !'', car l'effet principal du nouveau drame représenté à l'Odéon, c'est assurément des « bruits de coulisse ». Ils y sont-tous, dans une infatigable variété : cris du peuple, tambours et clairons, sifflet de chemins de fer et ronflement de locomotive, phonographe, hennissement des chevaux et piaffement d'un escadron en marche, fusillade, bombe et canons..., tout y est, vous dis-je, admirablement imitée d'ailleurs, et dans une belle intensité que la pièce — si pièce il y a — devient une pantomime. Le dialogue se perd en un gloussement général, les bruits dominent les voix et il faut deviner l'action qui se dessine, vague et monotone, dans la buée des tapages.

Est-ce cela qu'on appelle le « naturisme » ? Il se peut. Je n'y vois nul inconvénient. Cela ressemble assez à de la « vérité », la vérité d'un tohu-bohu ! Le roi Edgard — roi d'où vous voudrez ? — a été détrôné par la révolution. Il n'a eu que le temps de s'enfuir avec sa fille la princesse Irène, et s'est réfugié dans la boutique d'un marchand de vins et liqueurs, une sorte d'assommoir, où le peuple souverain vient vomir ses imprécations contre le régime déchu et célébrer la proclamation de la république, cette panacée universelle qui remet tout en équilibre,— pas les budgets, par exemple — et guérit tous les maux.

La foule libératrice est représentée — ressemblance garantie — par la lie du peuple, souteneurs en goguette, croque-morts ivres, soldats révoltés, filles joyeuses, qui viennent insulter le roi, que, d'ailleurs, ils ne reconnaissent pas, un roi bonhomme, sorte de bon bourgeois, à barbe blanche, qui manque vraiment de prestige, et coulé dans son paletot de tailleur-à-façon, a des allures d'accordeur de piano. Il a cependant une certaine grandeur ce pauvre roi en rupture de sceptre, alors qu'il relève la tête -sous les outrages et se nomme à ces ilotes ivres, qui l'accablent, alors, de coups et d'injures, tant et si bien que l'infortuné monarque devient fou, tout comme un simple roi Lear.

Trois actes pour le développement d'une situation unique, toujours la même, c'est peut-être beaucoup. Cela pouvait être aisément condensé en un acte, et il me semble qu'ainsi, tout le monde y eût gagné. Je dois convenir, cependant, qu'en ce vacarme un peu monotone, j'ai trouvé des indications de vitalité, et même une belle scène, celle où le roi se révolte et se retrouve.

Tragédie royale est bien jouée - j'allais dire bien hurlée — par Desjardins, le vieux roi, qui n'est pas sans, grandeur ; Bernard, le tenancier mastroquet, canaille à souhait ; Desfontaines, le sinistre croquë-morts, qui rappelle le Bazouge de l'Assommoir, en raccourci ; Fabre, Vargas, Mmes Barjac, Faber, Lukas, etc. ; et, en outre, admirablement mis en scène.

Maintenant, entre nous, qu'est-ce que l'auteur a bien voulu démontrer?... Que les Rois ont tort de ne pas faire les concessions nécessaires, et surtout de ne pas les faire à temps?: Charles X, Louis-Philippe, voire Napoléon III s'étaient chargés, avant lui, de faire la démonstration. Ou bien a-t-il prétendu nous dégoûter du régime démocratique, comme, hélas! il se pratique le plus souvent, gouvernement de tous, non pas par tous, mais par quelques-uns, les plus audacieux et les moins scrupuleux? Ce dégoût, nous l'avons tous, et la pièce nouvelle ne l'augmentera pas, parce que nous tenons le maximum.

Alors, cette pièce rentre dans la catégorie des « inutiles » ; elle n'est guère à sa place au répertoire de l'Odéon et il semble qu'en la jouant sur la scène du second théâtre français, Antoine a eu un relent inconscient du théâtre libre.

Le Gaulois – 8 janvier 1909

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EN BREF

La grève des chauffeurs d'automobiles se poursuit dans le plus grand calme. Un service d'ordre a été néanmoins organisé aux abords du dépôt. Toutes les tentatives faites jusqu'à ce joui par la Compagnie pour faire reprendre le travail ont échoué. Il est peu probable qu'une entente intervienne tant que la compagnie se refusera à reconnaître officiellement le syndicat; L'appel suivant vient d'être adressé à tous les membres de la corporation: Depuis près de trois semaines les chauffeurs de la Compagnie des autos-fiacres ont abandonné le travail. La compagnie, se refuse de faire droit aux modestes revendications des grévistes dont la principale est l'augmentation du pourcentage. Et cela parce qu'elle est soutenue dans cette lutte par toutes les autres compagnies. il faut que du côté des chauffeurs il en soit de même.Tous les chauffeurs d'automobiles et cochers ont été convoqués à une grande réunion qui aura lieu vendredi 8 janvier, à neuf heures du soir à l'Alliance des travailleurs, 61, rue de Cormeilles à Levallois. La lettre de convocation dit que des mesures énergiques seront prises au cours de cette réunion. La Presse – 8 janvier 1909

IncendieChronique du feu - Un violent incendie a détruit la nuit derrière, à Alfortville, l'entrepôt de charbons et bois de M. Pfeunnert, 36, rue du Pont-d'Ivry. Les dégâts sont évalués de deux cent mille francs. Le feu, dû, croit-on, à un court-circuit, a été circonscrit vers cinq heures du matin. Les pompiers d'Alfortville, Charenton, Maisons-Alfort, Créteil et de la caserne de Port-Royal s'étaient rendus sur les lieux. Il n'y a pas eu d'accident de personnes. Le Gaulois – 8 janvier 1909

Catastrophe-naturelle

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Catastrophe de Messine – Un bilan effroyable – Les chiffres qu'on donne aujourd'hui pour le total de morts et de blessés de la catastrophe sont vraiment effrayants. Il y aurait en tout 200.000 morts, 350.000 blessés et il y aurait 50.000 malades des suites de la catastrophe. On estime à environ 2.000 le nombre de personnes que la catastrophe à rendu folles. On a recueilli 3.700 orphelins.Le nombre des animaux domestiques, chevaux, mulets, ânes, bœufs, moutons, etc... qui ont péri dans la catastrophe est estimé à 300.000...La Presse – 8 janvier 1909


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