Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
CPA Scans
19 mars 2009

Les actualités du 19 mars 1909

Mi-Carême sous la pluie

1910

090319micareme

Comme les agents des P. T. T., messire Soleil s'est mis en grève, hier ; il a boudé toute la journée et a refusé obstinément de sourire à la gracieuse Reine des Reines, Mlle Orlhac, qui, malgré cette fâcheuse défection, a été saluée par les Parisiens, massés en rangs compacts sur son parcours.

Il est de tradition que le jour de la mi-carême Paris doit s'amuser. Qu'il pleuve, qu'il vente, que les événements les plus graves et les plus importants se produisent, il est toujours prêt, Paris, à descendre sur les boulevards, à se presser, à se bousculer sans souci de ce qui se passe de malencontreux derrière ou autour de lui.

Cette tradition n'a pas été perdue hier. Le temps était maussade et menaçant, si menaçant que la fête s'est terminée sous une ondée de choix provoquant la déroute générale ; la révolte des syndiqués des postes, télégraphes et téléphones était de nature à créer de nombreuses préoccupations et, cependant, la foule était aussi compacte, aussi joyeuse qu'en des temps meilleurs. La cavalcade de la mi-carême créait un intermède calmant. N'en fallait-il pas davantage pour que chacun se dérangeât et allât se risquer au milieu des bousculades et des individus à mine suspecte qui, toujours, se pressent dans les foules, à l'affût d'un mauvais coup à tenter.

Très joliment réussie, d'ailleurs, cette cavalcade qui, de deux à sept heures, s'est déroulée à travers les rues et les boulevards. Des chars fort intéressants, ingénieusement conçus ; des costumes d'une belle fraîcheur et d'une note souvent originale, des Reines délicieuses en leurs atours de grand apparat ; des petites figurantes gentiment campées ; une Reine des Reines au sourire charmant, qui trônait sur un char en forme de dirigeable très curieusement articulé ; bref, un ensemble tout à fait séduisant — et qui fait le plus bel honneur à M. Brézillon et aux membres de son comité.

Des arrêts trop nombreux et trop répétés, à l'Élysée, dans les théâtres, dans les journaux, que sais-je encore, ont retardé considérablement la marche de la cavalcade qui, à cinq heures seulement, parvenait au boulevard des Italiens, alors que la pluie menaçante depuis quelque temps s'est mise à tomber en averse, forçant Reines et dames d'honneur, pierrettes et clownesses à ouvrir de vilains parapluies...

Dès lors, c'est lamentablement, tristement, les coquets travestis de tout à l'heure irrémédiablement abîmés, les toiles des chars pleurant des larmes multicolores que le cortège a achevé son parcours. La foule qui devait s'amuser a abandonné subitement le sac aux confettis pour le remplacer également par des milliers et des milliers de parapluies qui s'enfuyaient curieusement. Et l'on aurait cru que les boulevards venaient d'être envahis soudain par une formidable nuée de monstres noirs inconnus.Il va sans dire que cette soirée de mi-carême sous la pluie n'a eu aucun succès et que nulle part l'animation habituelle ne s'est manifestée : le mauvais temps a eu, cette fois, raison de la tradition.

Le Gaulois – 19 mars 1909

Wikipedia_logo cent_ans Delcampe_logo 


EN BREF

Inondation aux travaux du Métropolitain - Les ouvriers qui travaillent rue Danton, au chantier souterrain du Métropolitain, ont failli être victimes, la nuit dernière, d'une inondation. C'est une chance que  l'envahissement de l'eau n'ait pas provoqué une catastrophe. Par suite d'une rupture du barrage qui retient l'eau au bras de la Seine, en face de la place Saint-Michel, la voûte du Métropolitain fut envahie subitement par l'eau. Une dizaine d'ouvriers qui travaillaient, heureusement auprès d'une sortie du chantier, purent sortir rapidement et remonter à temps, assez émotionnés de cet envahissement de l'eau qui demeurait pour eux inexplicable. L'équipe de jour a travaillé hier à l'épuisement de l'eau. Les travaux pourront bientôt être repris. Le Gaulois – 19 mars 1909


Publicité
Commentaires
Publicité
Archives
Publicité