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CPA Scans
27 avril 2009

Les actualités du 27 avril 1909

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Les boutonniers de l'Oise: Grève générale à Méru

Singulière grève que celle des boutonniers de l'Oise. Hier soir, le Comité décidait la grève générale et, la veille, les patrons avaient repoussé le tarif syndical. Or, ce matin, à Méru, on travaille au tarif syndical, tandis que, dans les autres communes où le travail n'avait pas été jusqu'ici complètement arrêté, on fait la grève générale.

A Andeville, où un patron est accusé par les ouvriers de prolonger le conflit pour empêcher la concurrence des autres patrons, l'agitation est grande ; on parle de représailles, les esprits sont montés et l'on a dû redoubler la surveillance. Quelques incidents se sont encore produits, cette nuit ; trois lignes téléphoniques du réseau Ivry-le-Temple et Monneville, ont été coupées ; elles ont été rétablies dans l'après-midi.

Vers trois heures, des groupes d'ouvrières ont réussi à pénétrer dans des usines où des ouvriers avaient repris le travail et les ont obligés à quitter les ateliers, si bien que la grève est générale presque partout. Des incidents se sont produits. Les grévistes ont arrêté, sur une route, une voiturette et deux brouettes remplies de sacs de boutons, qu'un patron envoyait a, la gare pour être expédiés sur Paris. Les grévistes ont emporté les boutons à leur permanence. Une enquête judiciaire a été aussitôt ouverte.

Un individu, pris de boisson, qui avait injurié des chasseurs à pied a été arrêté. Deux meetings ont eu lieu à Andeville. On y a voté, après des discours violents, la "grève à outrance". On a décidé de tenir à Méru, le premier mai, sur la place du Jeu-de-Paume, une grande réunion où tous les syndicats ouvriers sont convoqués et où des membres de la Confédération Générale du Travail prendront la parole. Les organisateurs comptent sur la présence de dix mille personnes.

Enfin, M. de Marmande, du comité de défense sociale, a déposé une plainte au greffe de la justice de paix de Méru, contre MM. Mallet, commissaire spécial, et Barotte, commandant de gendarmerie, pour "saisie illégale d'affiches". (...) L'affaire viendra à l'audience de vendredi prochain et une manifestation serait organisée pour ce jour-là. Mercredi prochain, devant le tribunal correctionnel de Beauvais, viendront six affaires : celles de Valdampierre, de Saint-Crépin, de Lormaison et d'Amblainville. II y a vingt-trois inculpés poursuivis pour bris de clôture, violation de domicile et pillage. Le Procureur de la République Guibourg fera l'historique de la grève.

Le Petit Journal – 27 avril 1909

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EN BREF

Échauffourées entre ouvriers et gardiens de la paix - A l'angle de la rue de Paris et la rue de la, République, a Saint-Denis, hier, vers trois heures de l'après midi, un cycliste renversait une femme sur là chaussée. Il descendit aussitôt de bicyclette et conduisit lui-même sa victime dans une pharmacie. Elle n'avait du reste que fort peu de mal, et le cycliste se disposait à se retirer quand, à la porte de la pharmacie, il fut appréhendé par des gardiens de la paix. Mais les passants, assez nombreux, qui avaient assisté à. la scène, s'opposèrent à son arrestation. Un ouvrier mégissier qui prenait vivement la défense du cycliste, fut empoigné par les agents et emmené dans la direction du poste. Comme il résistait, les gardiens le frappèrent à coups de poing. Enfin, ayant atteint le poste de police, ils fermèrent la porte derrière leur prisonnier, et les trois ou quatre cents personnes qui leur avaient fait cortège stationnaient dans la rue on continuant à protester contre la brutalité des agents. Soudain, quoiqu'un ayant entrouvert la porte, on aperçut l'ouvrier mégissier qui, le visage couvert de sang, semblait prêt a succomber sous les coups que lui portaient les gardiens de la paix. Les protestations de la foule se firent alors plus vives et plus menaçantes. Deux agents sortirent du poste et dégainèrent. L'un d'eux frappa d'un coup de sabre au visage un ouvrier maçon, qui prit la fuite sans se faire connaître. Enfin un autre manifestant fut arrêté et la foule se dispersa peu à peu. Ces incidents ont produit une vive émotion à Saint-Denis. Le Temps – 27 avril 1909

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