Les actualités du 2 juillet 1909
L'exploit prochain de Latham: de Calais à Douvres en Aéroplane !
Le mois de juillet, qui s'ouvre, pourrait, bien s'inscrire en grandes lettres dans les annales du progrès humain. Trois jeunes aviateurs, trois audacieux, se préparent, en effet, à accomplir un exploit que jamais aucun homme n'aurait osé rêver voici seulement quelques années : la traversée de la Manche en aéroplane. Leurs noms : Hubert Latham, Henri Farman et le comte de Lambert.
Ce détroit du pas de Calais, qui sépare la France de l'Angleterre, a toujours tenté les sportsmen. En ballon, il fut maintes fois franchi depuis la malheureuse tentative de Pilâtre de Rozier, car ce n'est plus, à l'heure actuelle, qu'un jeu pour un aéronaute, — lorsque le vent est favorable. Les nageurs, eux aussi, s'attaquent souvent à cette traversée, mais toujours sans succès. Un seul homme a réussi ce tour de force : le capitaine Webb, voici une trentaine d'années. C'est maintenant au tour des hommes-volants.
Hubert Latham, le premier... inscrit, compte se servir pour cela d'un appareil monoplan, le même qui lui permit d'accomplir récemment de remarquables exploits au camp de Châlons.Le comte de Lambert emploiera, lui, un aéroplane biplan du type Wright. Peut-être un peu moins rapide que le monoplan, ce système a, néanmoins, de grandes chances de réussite. Enfin, Henri Farman se présentera avec un appareil biplan de son invention, mu par un moteur rotatif. Ce planeur n'a pas encore de grandes performances à son actif, mais son propriétaire est plein de confiance dans ses qualités. Le comte de Lambert et Henri Farman, sont attendus ces jours-ci à Calais. Quant au jeune Latham, il y est arrivé hier et il va procéder à ses derniers préparatifs.
Maintenant, cette traversée du "Channel" est-elle possible, en l'état actuel de la science de l'aéronautique? Oui si l'on s'en réfère aux meilleures performances accomplies jusqu'ici. Latham notamment, a, ces temps derniers, volé pendant soixante-dix minutes à une vitesse de près de 70 kilomètres à l'heure. Or le détroit, de Sangatte à Douvres, est large de 33 kilomètres seulement. Latham n'aurait donc besoin, que de vingt-huit à trente minutes pour le franchir.
Par ailleurs, Wilbur Wright, avec son appareil, a tenu l'atmosphère pendant plus de deux heures au-dessus du camp d'Auvours à une vitesse d'environ 60 kilomètres à l'heure. Ce dernier pourrait donc, lui, aller facilement de Dieppe à Newhaven...Mais il faut tenir compte des accidents ou incidents possibles, et notamment d'une panne de moteur. C'est même la la plus grave des mésaventures qui pourraient arriver à nos hardis conquérants de l'espace ! Il y a aussi la question du vent — peu importante. En effet, Latham ne compte s'aventurer au-dessus des flots que par temps à peu près calme.
D'après toutes ces données la traversée du détroit dans un appareil planeur parait donc très possible. Pourtant il en est qui doutent, qui restent, sceptiques... Un jeune aviateur qui, à l'heure actuelle, procède a de quotidiens essais, lui laissant grand espoir pour l'avenir, me disait hier : ... On m'offrirait des millions pour accompagner Latham que je refuserais... Attendons les événements !
Le Petit Parisien – 2 juillet 1909
Latham échoue dans sa tentative !
EN BREF
L'escargot
électrocuteur — Après être resté si
longtemps à tous — et plus spécialement aux gourmets
— "sympathique", l'escargot est en passe de devenir, rue
Montorgueil, antipathique. Là, un commerçant qui débite
journellement quantité de ces mollusques vivants, s'avisa,
pour arrêter l'évasion de ses pensionnaires et aussi
pour empêcher les attouchements suspects de toutous
irrespectueux, de relier avec une pile électrique les
grillages métalliques cloturant les cages. Tant que seuls les
escargots et les chiens s'électrisèrent qui les cornes,
qui les pattes, tout alla bien. Mais il advint hier que des écoliers
en rupture de classe voulurent, ainsi qu'ils en avaient coutume,
caresser en passant les gastéropodes. Au contact de la grille,
les bambins reçurent une commotion qui, bien que faible, les
terrorisa. Sans l'intervention des agents, la boutique du marchand
d'escargots était mise au pillage. L'ingénieux
commerçant a coupé ses fils électriques et en
reste quitte pour quelques horions reçus, un beau
procès-verbal et quelques douzaines d'escargots écrabouillées.
Le Matin – 2 juillet 1909