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CPA Scans
13 juillet 2009

Les actualités du 13 juillet 1909

Tour_1909 Quatrième étape: Faber termine seul et à pieds

cyclistes saverne

Si nous n'avons pas le déluge qui nous a accompagné avant hier, le temps de ce matin ne nous dit rien qui vaille. Il fait froid et la pluie est toujours là qui semble guetter le moment du départ avec l'intention de suivre les Tour de France dans leur course vers Lyon. Comme je vous l'ai télégraphié hier, le contrôle est installé à Danjoutin, au café Muller, où notre ami le dévoué Chaussin, assisté des membres des sociétés sportives, procède aux formalités préliminaires. Le Bars, Fleury, de Maria et Lecomte, c'est à dire le team Valor, est présent le premier; Ces quatre courageux sont en excellente condition et ils nous confient l'espoir qu'ils ont au fur et à mesure que les étapes avanceront leur classement s'améliorer.

Vous avez probablement que Blaise et Ricaux ont été disqualifiés. C'est là une décision fort juste mais très regrettable car ces deux hommes auraient pu jouer un rôle important dans les autres étapes. Les italiens sont au départ sauf Ganna, Galetti, Canepari, Brambilli,Chiodi, Puglioli, Néri et Marchesi qui ont abandonné. Enfin, l'heure s'avance et après un appel sérieusement contrôlé par Desgrange, le signal du départ est donné. (...)

A deux kilomètres du départ, le lot est déjà disséminé. Nous rejoignons et dépassons ce brave Desvages, qui, toujours avec la même régularité, poursuit sa route; puis un autre peloton où se trouvent Anthoine, Pietrois, Gillioli, puis un autre où de Maria, Denizot sont en bonne compagnie, enfin un quatrième peloton où une soixantaine de conccurents sont déjà séparés des hommes de tête par deux ou trois cents mètres.

A Sochaux, l'avant-garde comprend Ernest Faber, Ménager, Vanhouwaert, Garrigou, Payan, Ringeval, Cruchon, Bettini, Duboc, P. Faber, etc., une vingtaine de coureurs. Dans une petite côte de trois kilomètres, d'autres lâchages se produisent. Près de Beaume-les-Dames (66 kil), Ménager s'échappe seul François:Faber parvient a le rejoindre et les deux gaillards activent encore l'allure. Faber tente de lâcher le courageux Amiennois, mais ce dernier résiste et c'est ensemble qu'ils signent à Besançon (97 kil) à 6 h. 22.

Là une foule considérable a envahi-le contrôle tenu d'une façon parfaite par le dévoué Thieulin assisté des membres des sociétés sportives. A 6 h. 25 Cyriel Vanhouwaert, Garrigou et Duboc signent ensemble. Ernest Faber à 6 h. 26 Maitron, Christophe, Saillot, Ringeval, Bettini et Cruchon à 6 h. 29; oillat à 6 h.45, Payan, Gregory et Evesque à 6 h. 46, etc...Je dois vous signaler que les routes sont dans un état déplorable.

Lons-Le-Saulnier (185 kil. De Belfort à 124 kil. de Lyon) – Depuis Besançon, la lutte est excessivement sévère et par conséquent, au plus haut point intéressante. Vingt fois pendant cinquante kilomètres, F. Faber à tenté de lâcher Ménager, mais l'admirable coureur a résisté aux violents efforts du puissant géant. Un instant même, avant Arbois, j'ai vu le moment même où Ménager aller rester seul en tête, et le héros de Roubaix-Metz et Metz-Belfort dût se dépenser à fond pour rejoindre son adversaire.

L'homme du déluge va-t'il enfin trouver à qui parler ? Et pourtant, c'est bien son temps qu'il fait ici puisqu'une pluie torrentielle a en certains endroits transformé la grande route en une vaste rivière. Demandez plutôt aux habitants de Poligny (156 kil. de Belfort), à ce dévoué M. Poux, qui a installé le contrôle d'une façon irréprochable. C'est là que F. Faber et Ménager ont été particulièrement applaudis lorsqu'ils ont passé en 8 h. 35.

Pendant que Ménager et F. Faber continuent à toute allure nous; nous arrêtons quelques instants à Poligny pour voir l'état des suivants. A 8 h 45 Vanhouwaert, Garrigou, Duboc, Alavoine et Ernest Faber passent très frais ; à 8 h. 48 Christophe qui à fait une violente chute à quelques kilomètres s'arrête; il repart à 9 h. 15 au moment où nous remontons en auto à la poursuite des premiers.

Nous rejoignons Ménager et F. Faber peu avant Lons-le-Saulnier (185 kil. de Belfort, à 124 kil de Lyon). Les deux valeureux routiers signent au contrôle à 9 h. 28 ; arrivent ensuite à 9 h. 45 Vanhouwaert, Duboc, Alavoine et Garrigou. Puis Ernest Paul dit Faber à 9 h. 50. Tous sont en excellent état. Viennent ensuite Ringeval, Bettini, Fleury, à 10. h. 14. ; puis Christophe à 10 h. 19 Boillat et Cruchon a 10 h. 24 ; Maitron a 10 h. 40 Faure à 11 heures, etc...

Depuis Champagnat, à 214 kil. de Belfort, nous avons suivi la lutte fantastique que Ménager et F. Faber se sont livrée. Ces deux gaillards ont été stupéfiants de volonté et je dois ajouter que c'est grâce à eux que nous avons vécu depuis le départ de Paris, les minutes les plus émotionnantes. A Bourg-en-Bresse (247 kil.), malgré la pluie qui tombe avec violence depuis ce matin, cinq heures, la foule est des plus compactes au contrôle. François Faber et Ménager signent ensemble à 11 h. 37. Là également les routes sont en fort mauvais état et Faber ne cache pas son étonnement de voir Ménager lui résister si héroïquement. Malheureusement le pauvre Ménager est pris d'une fringale terrible et pendant que F. Faber repart rapidement le champion d'Amiens reste à se réconforter.

A midi 5, Garrigou, Alavoine et Vanhouwaert arrivent ensemble ; à midi 7, Duboc; à midi 26, Ernest Faber; à midi.40, Fleury; à midi 53, Christophe et Bettini ; à midi 58, Ringeval ; à 1 h. 7, Cruchon ; à 1 h. 11 Maitron ; à 1 h. 15, Boillat. Nous repartons à la poursuite du leader au moment où Ménager quitte le contrôle. Le brave François a dû faire vite, car nous ne le rattrapons qu'à un kilomètre de Vauziat.

Nous approchons de Lyon ; le public est maintenant de plus en plus nombreux et plusieurs maisons sont pavoisées. Faber est souriant ; il active encore l'allure ; il est acclamé chaleureusement. Malheureusement sa chaîne saute à l'entrée de la ville et il se voit forcé d'accomplir à pied le dernier kilomètre. Enfin, il arrive au but final à 1 h. 44. Vous dire que le contrôle est organisé dans la perfection est inutile ; vous savez comme moi combien les Lyonnais sont sportifs. Il y a là tous les représentants des sociétés lyonnaises et je vous prie de croire qu'ils font une réception triomphale à nos coureurs. Du boulevard du Nord les concurrents se rendent place de la République pour signer la feuille de contrôle.

Le classement officiel

1. François FABER, sur bicyclette Alcyon, munie de pneus Dunlop, à 1 h. 44;

2. Ménager, à 1 h. 54 ; 3. Garrigou, sur bicyclette Alcyon, pneus Dunlop, à 2 h. 9 ; 4. Alavoine, sur bicyclette Alcyon, pneus Dunlop, à 2 h. 12 ; 5. Vanhouwaert, sur Alcyon, pneus Dunlop ; 6. Duboc, sur Alcyon; 7. Ernest Faber, sur Alcyon ; 8. Fleury ; 9. Christophe, 10. Maitron, 11. Ringeval, 12. Bettini, 13. Cruchon, 14. Zavatti, etc.

Le classement général après l'étape d'aujourd'hui le classement général s'établit comme suit :

1. François Faber, sur bicyclette Alcyon munie de pneus Dunlop, 2, 1, 1, 1 : 5 points;

2. Garrigou, sur bicyclette Alcyon» pneus Dunlop, 7, 5, 2, 3 : 17 points ; 3. Vanhouwaert, sur Alcyon, pneus Dunlop, 1, 9, 6, 5 : 21 points ; 4. Christophe, sur Alcyon pneus Dunlop, 5, 7, 3, 9 : 24 points ; 5. Ménager, 17, 4, 5, 2 : 28 points ; 6. Ernest Faber, 6,15,4,7: 32 points.

La Presse – 12 juillet 1909


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