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CPA Scans
28 août 2009

Les actualités du 28 août 1909

Farman 1

Henry Farman, gagnant du Grand Prix

Bétheny-Aviation, 27 août. Le Grand Prix de Champagne est fini : ce n'est pas Latham qui l'a gagné, c'est Henry Farman. Oui, Henry Farman ! Personne ne s'y attendait. Depuis le commencement de la semaine, ni lui ni ses élèves, Sommer et Cockburn, n'avaient réussi leurs essais. Ses appareils avaient peu brillé et peu plu. Leurs vols lourds s'étaient poursuivis près de terre. Ni les uns ni les autres n'avaient fait de tentative sérieuse. Les échecs successifs de Sommer et de Cockburn avaient enlevé toute la confiance qu'on avait mise en eux à la suite des exploits du camp de Châlons, et on les négligeait.

Ils se sont rappelés à notre attention par deux performances fantastiques, deux records du monde : celui de la distance et celui de la durée, dans un vol très bas, malheureusement, ce qui lui enleva toute beauté dans le mouvement. Henri Farman a, devant les foules ébahies, couvert 180 kilomètres, et volé durant 3 h. 4' 56" 2/5. Il a volé cette distance et ce temps, mais il aurait pu davantage; et c'est cette certitude qui nous écrase, nous déborde, nous affole; si habitué qu'on soit à l'énorme, quel que soit notre entraînement au prodigieux, nous succombons à tant d'émotions, Et pourtant, il faut dire et répéter que de tels exploits sont, pour l'humanité, les préludes magnifiques de conquêtes plus merveilleuses encore.

Ce qu'il y a de particulièrement plaisant dans la victoire de Farman, c'est que l'homme qui a enlevé le superbe trophée et qui a, à la dernière heure, soufflé à ses rivaux décontenancés les 50,000 francs du Grand Prix de Champagne, montait lui-même l'oiseau qu'il a construit. Pour être moins personnelle que l'œuvre de certains autres, qui ne doivent rien à personne, et ont créé les ailes et le moteur, l'aéroplane de Farman est une œuvre intéressante qui, si elle ne présente pas pour nous les qualités idéales que nous souhaitons trouver dans un oiseau mécanique, offre, pourtant, sa part d'utiles innovations à l'industrie aérienne. .

L'oiseau vainqueur est un biplan, à queue stabilisatrice, dont voici la description ; 10 mètres d'envergure entre les plans, larges de 2 mètres. Intervalle de 1 mètre 95 surface portante, au total, 52 mètres ; force du moteur, 50 chevaux. Détail important : si Far-man est Anglais, la France cependant partage l'honneur de sa victoire; c'est, en effet, le moteur Gnome, le même qui, l'autre jour, conduisit Paulhan à une victoire éphémère, qui a aujourd'hui accompli les records et étonne le monde. Admirable moteur! En vérité, il volait bien pour la première fois, il avait bien tourné à l'aise au banc d'essai; mais jamais on ne l'avait expérimenté sur l'aéroplane. Il y avait été placé le matin même. On sait maintenant comment il s'est comporté.

Farman 2

A 4 heures 25 de l'après-midi, Farman s'envolait, pour ne s'arrêter qu à 7 heures 40. S'arrêter, non à bout de souffle, mais parce que la nuit était venue, enveloppant toute chose, dissimulant à l'aviateur les pylônes, sur lesquels il redoutait d'aller se détruire. Parti plus tôt, Farman aurait fait davantage. Voilà la prodigieuse vérité. Seuls, la nuit et le délai inflexible des règlements (7 h. 30), limitèrent l'effort de son oiseau et celui du moteur. A son arrêt, Farman, qui s'était élancé avec 64 litres d'essence, avait encore à sa disposition 15 litres d'énergie, soit assez pour voler encore 40 à 50 kilomètres, et couvrir, dans un seul essai, un parcours monstre de deux cent trente kilomètres. On croit rêver, en vérité.

Le vol de Farman ne fut pas émouvant ; il le fit trop près de terre, et nous aimons les voir haut dans le ciel, les oiseaux mécaniques, pour qu'ils nous donnent l'orgueil d'avoir égalé ceux que la nature a mis dans les champs et les bois. D'une allure régulière, Farman glissait immuablement à trois ou quatre mètres du sol. Aux tours, il ajoutait les tours, continuant, alors que tant d'autrès qui s'étaient envolés avaient dû atterrir. Il nous fallut bien, enfin, nous apercevoir qu'il volait. Il les lassa tous à la course : Latham d'abord, Tissandier ensuite, Sommer aussi, Delagrange enfin. Il atteignit les 100 kilomètres, approcha, égala le record de Latham, le dépassa...Ce furent de belles heures. Quels moments on passe sur ce champ de Bétheny !

Depuis longtemps déjà la foule acclame l'aviateur. Il continue, continue toujours, continue infatigablement. Parti dans la splendide lumière d'un après-midi ensoleillé, Farman vole, maintenant, dans l'air morose du crépuscule. Il passe, repasse, difficile à suivre dans les ténèbres qui s'épaississent, seul, ou presque seul au-dessus de la vaste plaine, où tout à l'heure tant d'aéroplanes et deux dirigeables lui tenaient compagnie. Maintenant, c'est l'heure bleue. Farman vole encore. Il vole, poursuivi par des automobiles chargées de veiller, en une chasse cahotante à travers champs, à ce qu'il accomplisse bien le parcours fixé, et double régulièrement les pylônes.

Nous ne le voyons plus à l'horizon ; d'ailleurs: l'horizon est noir, tout à fait. Mais tout à coup il surgit dans le cône éblouissant d'un projecteur installé au haut des tribunes, vire, franchit la ligne, atteint l'heure fatidique : sept heures trente, et pour la gloire, tout simplement, car tout ce qu'il fera maintenant ne comptera plus, — il continue son vol merveilleux, s'enfonce dans la nuit. C'est alors, et vraiment, une étrange et grande minute d'angoisse que nous avons vécu, lorsque le grand oiseau mécanique, gigantesque oiseau de nuit, disparut dans le noir, emmenant avec lui dans l'inconnu pour nous celui qui l'avait construit et qu'il pouvait trahir, en le jetant au sol, là-bas, dans un champ, sur quelque méchant obstacle. Notre angoisse fut vaine. Pour la dix-neuvième fois, surgissant des ténèbres, Farman entra dans l'orbe lumineuse qui l'accompagne et qui le suit jusqu'au moment où, devant nous, il s'arrête.

Il est fatigué un peu, un peu étourdi, mais il sent monter en lui une joie immense, aux acclamations que lui hurlent les spectateurs enthousiastes, qu'il ne voit pas mais dont il entend sur la terre des champs les pas lourds et dans la nuit pure les voix claires. Des mains l'ont empoigné. Il est porté en triomphe. En courant, la foule remmène sur ses épaules vers les hangars, où d'autres acclamations l'attendent. , Enveloppé, bousculé, ému par tant d'ovations, il fléchit, suffoqué. On s'écarte un peu, il respire. M. Millerand, ministre du commerce, qui eut la grande joie d'assister au monumental exploit, s'avance et félicite vigoureusement celui qui vient de l'accomplir. Applaudi, acclamé, ayant sur ses pas les pas de ses admirateurs, Farman rejoint son hangar (...).

Le Figaro – 28 août 1909


Aviation: les records tombent

L'ouverture de la quinzaine de Paris à Port aviation


Magneto_Bosch

Le psychometre

L'aéroplane de Wright s'écrase

Ouverture du 1er salon aéronautique


EN BREF

us-1908 L'alcool proscrit en Alabama - New-York, 27 août. — L'Etat de l'Alabama a mis en vigueur, dans ses territoires, une série de mesures destinées à réprimer le commerce des boissons alcoolisées. Il est interdit dorénavant, de vendre, transporter ou emmagasiner des boissons alcoolisées dans l'Etat en question; il est interdit d'en boire, sauf chez soi ou chez un ami, et d'en annoncer la vente ailleurs que dans les journaux. L'emploi même du terme "saloon", qui signifie débit de boisson est illégal. Dans le cas où une personne en état d'ivresse en aura blessé une autre, celui qui aura fourni la boisson a l'agresseur pourra être condamné à payer des dommages-intérêts à la victime.Déjà un personnage chez lequel on a découvert à Birmingham une seule bouteille de whisky, a été arrêté. Un nègre qui trans-portait deux barriques de bière dans les rues, a subi le même sort. Etant donné que les lois interdisent aux citoyens non seulement de garder la bois-son chez eux, mais encore de la transporter ailleurs, ils n'ont vraisemblablement qu'à prendre le parti de la verser dans le ruisseau. Le Matin – 28 août 1909

Les fêtes d'Innsprück - Les grandes fêtes qui vont avoir lieu à Innsprück demain et dimanche, et auxquelles assistera l'empereur François-Joseph commémoreront le centenaire de la libération du territoire tyrolien de l'occupation bavaro-française, libération qui fut obtenue grâce à la victoire remportée le 13 août 1809 par le paysan Andréas Hofer à la bataille du mont Isel près Innsprück. Ces fêtes seront célébrées avec des pompes patriotiques. Il y aura notamment un grand tir national qui aura lieu demain samedi et auquel prendront part 50 000 tireurs venus de tous les coins des Alpes autrichiennes. Depuis le mois de juin les administrations des chemins de fer Autrichiens font des préparatifs pour transporter ces 50 000 tireurs qui doivent être rendus a Innsprück le 28 au matin pour en repartir le soir même sans compter une centaine de mille d'autres visiteurs. Une riche floraison littéraire commémorative des événements de 1809 orne, depuis des mois, les étalages des libraires à Innsprück et à Vienne ; dans tous ces livres, les auteurs s'accordent à constater que la haine des Tyroliens ne s'était jamais retournée contre les Français, mais contre les Bavarois uniquement ; les garnisons françaises étaient partout bien vues et entretenaient avec l'habitant des rapports toujours corrects, souvent sympathiques ; la conduite des français était humaine et honnête, aussi "lorsque vinrent les Bavarois pour remplacer les Français, ce fut terrible: ils volaient tout, pressuraient tout le monde, dictaient les mesures les plus vexatoires". Tous, ces auteurs s'accordent à dire que le soulèvement tyrolien de Hofer était surtout provoqué par la conduite des Bavarois et dirigé contre eux. Dans l'âme populaire tyrolienne, le nom de Bavarois est demeuré synonyme de brutalité et de rapines. Aussi les fêtes d'Innsprück n'ont aucun caractère antifrançais. La Croix – 28 août 1909

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