Les actualités du 30 août 1909
Semaine d'aviation de Champagne: l'américain Curtiss gagne le prix de la vitesse et s'adjuge la coupe Gordon Bennett
C'est par un temps calme et ensoleillé que s'ouvre cette journée qui promet d'être intéressante. C'est en effet aujourd'hui la finale de la Coupe Gordon-Bennett, et les aviateurs attachent à cette épreuve une importance considérable. La foule elle-même se passionne, à en juger par le nombre des promeneurs qui, de très bonne heure, circulent sur le champ d'aviation. Bientôt les commissaires annoncent le départ officiel.
A 10 h. 15, l'Américain Curtiss profite du beau temps et de l'absence totale de vent pour faire un essai officiel pour le tour de piste. L'élégant appareil effectue un vol ultra-rapide : les chronométreurs font afficher le temps de T 55" 2/5. Le record de Blériot est battu et Curtíss prend la première place : il est recordman du tour de piste. Il a volé à une vitesse de 75 kilomètres 700.
A' 10 h. 55, Blériot se met en piste pour le prix du tour de piste ; il fait un très beau vol, mais son temps, 7' 58" 2/5, ne bat pas celui réalisé par Curtiss quelques instants auparavant.
A 2 heures, Blériot tente un nouvel essai pour le prix du tour de piste sur son monoplan 22 ; il ne peut faire que 8' 14" 2/5, temps qui ne bat pas son temps précédent, ni par conséquent celui de Curtiss.
A 11 h. 35, Lefèvre prend, le départ sur son appareil n° 25, pour la Coupe Gordon-Bennett. Les 10 premiers kilomètres sont parcourus en 9 minutes 45" 4/5 ; les 20 kilomètres en 20' 47" 3/5. Pendant le déjeuner, Delagrange, sur appareil Blériot, part pour courir un tour de piste ; mais, arrive au deuxième pylône, son hélice, brisée, est projetée à terre ; l'appareil atterrit brusquement ; l'aviateur se relève heureusement sans la moindre égratignure.
A. 5 h. 7, Blériot prend le départ sur son n° 22. Il effectue les 10 kilomètres en 7' 53" 1/5 ; l'impression de vitesse est vive et déjà on applaudit à la victoire de Blériot, mais les 20 kilomètres sont couverts en 15' 56" 1/5. Voici le classement définitif tel qu'il a été officiellement établi :
1er Curtiss (Américain) : remporte la coupe et le premier prix, de 25.000 francs, sur biplan Curtiss :
10 kilomètres en 7' 57" 1/5 - 20 en 15' 50" 3/5
2e Louis Blériot, sur monoplan Blériot
10 kilomètres en 7' 53" 1/5 - 20 en 15' 56" 1/5
3e Latham (Français), sur monoplan Antoinette
10 kilomètres en 8' 51" - 20 en 17' 32"
La Coupe Gardon-Bennett est donc gagnée par un Américain et sera disputée l'an prochain en Amérique.
L'Ouest-Eclair – 29 août 1909
EN BREF
Un paquebot Calais-Douvres s'échoue dans la nuit – 400 passagers en détresse - Par suite d'un, épais brouillard régnant sur le détroit, la paquebot Le Nord, parti de Douvres la nuit dernière, à 11 heures 33 avec 398 passagers,s'est échoué à neuf cents mètres de la jetée ouest de Calais : 344 des passagers ont été débarqués au moyen de canots de sauvetage; 284 sacs de dépêches ont été transportés à la gare maritime sur des prolonges d'artillerie. Le paquebot a été renfloué vers huit heures du matin à l'aide d'un remorqueur ; il a accosté à la gare maritime avec les 54 passagers qui n'avaient pas voulu profiter des canots de sauvetage.Il n'y a eu aucun accident de personnes. Les trains à destination de Paris et la Belgique sont partis avec un retard de cinq heures. La Presse – 30 août 1909
La fille du soleil aux arènes de Béziers - La première représentation
de la Fille du Soleil, favorisée par un temps splendide, a eu-lieu, cet
après-midi, sur le théâtre des Arènes devant dix mille spectateurs. La pièce de
MM. Maurice Magre et André Gailhard s'est déroulée dans un cadre merveilleux. Le
sujet du drame est la passion de la reine Hélia pour le jeune berger Eurystès et
l'amour de ce dernier pour Artona, fille du roi Elpénor. Dédaigneux de l'amour
de la reine, Eurystès veut briser La cité maudite et ses lois mauvaises. Au
moment où il veut frapper Hélia dont la cruauté lui est odieuse, Artona se place
entre eux deux. Eurystès, arrêté par les gardes, va mourir, quand la reine, qui
l'aime toujours, le délivre et cherche, mais en vain, à le séduire. Une seconde
fois, l'émeute gronde. Au moment où la foule se révolte, le roi Elpénor, touché
de la fidélité d'Artona qui, malgré son amour pour Eurystès, ne veut pas
abandonner son père menacé de mort, abdique volontairement et remet au berger
son épée symbole du pouvoir. Et le jeune roi va épouser Artona, quand Hélia,
animée de sa jalousie mortelle, tue la fiancée et se frappe devant tous de
l'épée symbolique. Les beaux vers do Maurice Magre ont fait une profonde
impression. La partie lyrique du drame, qui commence réellement au deuxième
acte, dénote chez André Gailhard une véritable maîtrise musicale.C'est saluée
par une ovation que s'est terminée cette belle œuvre, très poignante et très
humaine. Le père du jeune compositeur, M. Pedro Gailhard, ancien directeur de
l'Opéra, assistait au succès de son fils. Les interprètes ont été admirables,
Dorival, Henry Perrin, Noté, Mlle Madeleine Roch, de la Comédie Française :
Mlles Gilda Darthy, Jenny Spennert, Laute-Brun ont été acclamés à plusieurs
reprises, ainsi que M. Castelbon de Beauxhostes, l'organisateur, qui a dû venir
sur scène. L'Orchestre de 400 exécutants et les chœurs étaient conduite par M.
Nussy-Vardier, neveu du compositeur Saint-Saëns. Le Petit Journal – 30 août
1909