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11 septembre 2009

Les actualités du 11 septembre 1909

Le Concours Lépine

1910

concours lepine

Malgré la pluie qui tombait, implacable, persistante et torrentielle, les Parisiens en foule sont venus se presser dans les salles improvisées sur la terrasse du Jeu-de-Paume, dans le jardin des Tuileries, où avait lieu l'inauguration du neuvième concours de jouets et articles de Paris. On sait que M. Lépine, protecteur des petits inventeurs, a eu la généreuse pensée de mettre en valeur, tous les ans, les efforts de ces modestes travailleurs.

Il n'assistait pas à cette fête, retenu chez lui par une malencontreuse grippe. M. du Mourier, président de l'exposition, reçut M. Dupuy, ministre du commerce, et les représentants des ministres de l'intérieur, des travaux publics et du travail. MM. de Selves, préfet de la Seine ; Chausse, président du conseil municipal ; Laurent, secrétaire général de la préfecture de police, assistèrent à cette brillante inauguration.

Nous n'insisterons pas sur les discours prononcés ; ils furent éloquents, simples et cordiaux. Chacun rendit hommage au génie méconnu des petits inventeurs, qui se trouvaient cette année an nombre de 550. Et nous-même, à travers les salles, nous ne nous lassâmes point d'admirer les fragiles et menus objets de l'exposition, au charme délicat et à la rare ingéniosité.

Nous vîmes l'abbé Le Dantec, à l'œil fulgurant, vanter la turbine de son aéroplane-joujou et le merveilleux mécanisme de son avion. M. Blin présentait le billard polaire, jeu d'actualité brûlante; et la traversée de la Manche en monoplan, qui eut émerveillé notre sympathique et célèbre Blériot. La carte électrique fut aussi très remarquée ; la guillotine fin de siècle cloua également l'assistance dans une stupeur profonde.

Notons aussi le théâtre de M. Leroux, les bonshommes de Choumara les cochons et les chiens de Zutna furent fort appréciés par les érudits. Ce majestueux cardinal, campé auprès d'un zouave fanfaron, tous deux escortés d'un chameau famélique, firent clabauder de vieilles et froufroutantes dames, accompagnées d'austères et impeccables messieurs.  Avez-vous vu le chameau ? Et chacun s'extasiait sur cet honnête ruminant.

Les demoiselles élégantes firent cercle autour de l'exposition des modernes épingles, qui n'éborgneront plus les passants. L'exposition de casseroles magiques, de rubans, de chapeaux et de fleurs, parmi la clameur tonitruante des phonographes, fut également assaillie par la gent féminine. Citons pour terminer l'apparition d'un homme barbu, à l'organe sonore. Pour dix centimes cet aimable mortel prédisait l'avenir aux gentlemen et ladies qui lui confiaient la date de leur naissance. Cet homme-là s'inspirait, pour ses prophéties, des signes du zodiaque. Il eut un succès remarquable. Au milieu d'affriolantes pâtisseries, la musique du 89e d'infanterie faisait entendre de suaves accords.

Le Matin – 11 septembre 1909

Le_frou_frou

EN BREF

Les méfaits de la foudre — Une trombe d'eau a fait hier, à Saint-Flour, de grands ravages. La foudre a tué un berger nommé Pierre Cusset, âgé de trente-six ans, qui s'était abrité dans une cabane ; un cheval a été foudroyé à ses côtés; deux de ses amis, qui étaient également dans la cabane, ont été grièvement brûlés. Le Temps – 11 septembre 1909

Rixe sanglante entre marins bretons - Dimanche soir vers dix heures, les pécheurs de Saint-Cado, Belz, Auray, etc, très excités par la boisson, proféraient des menaces contre tous les pécheurs étrangers au pays et notamment contre les Finistériens. Vint à passer le patron Jean Urvoy, du 2355 (Vendée), qui reconduisait à leur bord les matelots Kernaléguen et Monis. Un groupe de pêcheurs, les accosta, et sans qu'il y ait eu aucune provocation de leur part, ils furent frappés à coups de bâton. Les trois malheureux se mirent à fuir et gagnèrent en hâte la barque 1756 D. qui était mouillée à proximité du quai. Les agresseurs les poursuivirent, détachèrent des canots et se dirigèrent vers les chaloupes finistériennes dont, pour la plupart, les équipages sommeillaient. Ils montent à bord du 1538, patron Quinquis, agé de 40 ans. Celui-ci, réveillé en sursaut, appelle ses hommes, mais frappés de tous les côtés, ceux-ci doivent gagner avec un canot la chaloupe 3012. A bord du 1538, les énergumènes brisent les filets et jettent les voiles à la mer. Ils passent successivement à bord du 3012, dont l'équipage terrifié s'est caché dans la cale ; mais ils soulèvent le panneau, et a l'aide de perches, ils frappent dans toutes les directions. Les agresseurs emportent ensuite les filets et tranchent l'amarre du petit, canot, pour empêcher les marins de fuir. La chaloupe 1387 D subit le même sort. Là on menace de tuer à coups de cailloux le premier qui tomberait sous la main. A l'aide de grosses pierres qui servent de lest, on essaye de défoncer le pont. Puis, comme sur les autres bateaux, ce sont les voiles, les filets, et jusqu'aux vêtements qui sont jetés à l'eau. A bord de la chaloupe 2961, patron Couic, du quartier de Quimper, après avoir saccagé, comme partout ailleurs, les agresseurs aperçoivent le patron Couic. Ils s'avancent aussitôt vers lui. Un des attaquants a le couteau ouvert. Le malheureux Couic fond en larmes :  Pitié pour mes sept enfants, dit-il ; ne me tuez pas !  Quand même tu en aurais dix, lui répond un matelot, tu vas y passer ! Et joignant le geste à la parole, la bande tombe sur la pauvre victime, qui est rouée de coups de poing, et qui reçoit un coup de couteau à la hauteur de l'œil. Couic s'abat aussitôt sur le pont, sans connaissance et perdant du sang en abondance. Effrayée, le matelot Ango se jette a la mer pour se soustraire à la fureur des brigands. Sur le 1056 D, le patron Blaise reçoit un grand coup d'aviron sur l'épaule. Le marin Gonidec, qui veut lever l'ancre, est frappé à la main d'un coup de barre de fer. Le malheureux s'écrie alors : Mais que voulez-vous ? On lui répond: Nous voulons tous vous tuer. La bande passe encore sur d'autres barques qu'elle saccage. Ce n'est que vers une heure du matin que les lâches, craignant alors les représailles, lèvent l'ancre à bord de leur barque et prennent le large. Des télégrammes ont été transmis dans tous les ports de pêche pour qu'ils soient arrêtés. Le Temps – 10 septembre 1909

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