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CPA Scans
22 septembre 2009

Les actualités du 22 septembre 1909

Liotard

Les bandits de la Drôme exécutés à Valence

Valence, 22 septembre — Le montage de la guillotine commence à 3 heures. Il est terminé à 4 h. 1/2. Pendant cette opération, la foule grossit toujours et elle doit être repoussé dans les rues adjacentes de l'avenue de Chabeuil. Dans le lointain percent quelques chants joyeux et bientôt le chant du coq annonce le réveil de la nature. A l'intérieur de la prison. se trouvent MM. Henri Roux, procureur de la République ; Desamericq substitut; Trouiller, Juge d instruction ; Roux, Juge suppléant et les défenseurs des condamnés.

C'est dans la cellule de Berruyer que le procureur de la République a pénétré d'abord en compagnie de Maître Pey. Le condamné dort profondément. En entendant le bruit, Berruyer se dresse sur son lit sans manifester d'émotion. Le procureur de la République lui annonce aussitôt que son recours en grâce est rejeté et que l'heure est arrivée d'expier ses crimes. Berruyer répond toujours avec colère ; J'avais l'espoir d'être gracié parce que, des trois, je suis le moins coupable.

Sur ces mots, comme M. Henri Roux se retire, le condamné le rappelle et l'invective lui adressant des reproches violents pour l'avoir fait condamner alors qu'il était le moins criminel. Je ne suis pas innocent. Je le sais dit-il J'ai participé à tous les crimes, mais je n'ai jamais tué, même chez Doller. Vous avez tort ! Et il termine par quelques vagues paroles de malédiction. Le procureur lui demande s'il n'a pas de révélations à faire ; Berruyer répond : Je sais où est Lamarque, mais je ne le dirai pas et vous ne pourrez pas le prendre. A partir de ce moment, Berruyer semble reprendre sa complète liberté d'esprit ; il cause avec les assistants avec le plus grand sang-froid.

L'abbé Fayet, aumonier de la prison, est introduit à ce moment dans 1a cellule : il a connu Berruyer enfant ; il lui demande s'il accepte le secours de la religion : Je veux bien pour faire plaisir à ma famille , répond Berruyer. Les assistants se retirent et le laissent seul avec l'aumônier.Après un court entretien avec le prêtre, Berruyer rappelle son défenseur. Me Pey et le prie d'avoir soin de ses enfants. Il demande ensuite deux cigarettes que le Dr Magnanon lui tend avec un verre de cognac. Avant de quitter sa cellule, Berruyer remercie ses gardiens avec émotion.

Accompagné de Me Ferlin. M. Roux se rend ensuite dans la cellule de Liotard. Ce dernier, lorsque le procureur lui annonce le rejet de son recours en grâce, ne prononce pas une parole. Il se contente d'indiquer d'un geste qu'il était résigné, lui aussi, et qu'il acceptait, comme Berruyer les recours de la religion.

David est réveillé et se dresse sur son séant lorsque M. Roux entre dans son cachot pour lui signifier la décision présidentielle et l'exhorter a avoir du courage. David accepte sans indignation la fatale nouvelle ; Il se plaint seulement de n'avoir pas été prévenu plus tôt du rejet de son recours en grâce : puis il entonne l'air de Faust : "Salut ! ô mon dernier matin". Je m'attendais à ce qui arrive. Ajoute-t-il. David demande ensuite du papier pour écrire à sa femme, Il se préoccupe de savoir s'il passerait 1e dernier et sur la réponse affirmative du procureur, il s'écrie: Les autres comme ça ne se ficheront pas de ma figure.

A une question de M. Roux sur les autres crimes qu'avait pu commettre la bande, il a répondu : Nous en avons commis huit autres, mais je ne veux pas les faire connaître. Après avoir grillé quelques cigarettes et absorbé un café et deux verres de Cognac, David est livré aux exécuteurs qui procèdent à la toilette pendant laquelle il montre beaucoup de sang-froid, disant même : Ce n'était pas la peine de me mettre une chemise si chic pour la couper. David ne veut ni communier, ni entendre la messe. Une fois les toilettes faites et la messe entendue, les condamnés sont l'un après l'autre conduits vers la guillotine.

A 6 heures précises, la porte de la prison s'ouvre à deux battants et Berruyer parait, marchant d'un pas assuré et soutenu par deux aides. Il est très pâle ; rapidement entraîné vers la guillotine, il se tourne vers les assistants et crie assez distinctement : Je proteste contre l'injustice populaire mes enfants... , mais il est précipité sur la planche qui bascule. La tête est engagée dans la lunette. Berruyer au reste ne se débat pas. Le couperet s'abat comme un éclair. Le corps est aussitôt jeté dans le panier. Un des aides saisit le seau dans lequel se trouve la tête, qui va rejoindre le corps pantelant.

Quelques secondes, et David paraît dans l'encadrement de la porte. Le condamné a laissé pousser sa barbe qui le vieillit singulièrement. Il a une cigarette aux lèvres et sa veste sur les épaules, David parait très calme. Dès qu'il arrive devant la guillotine, sa veste en velours marron est lestement jetée à terre. Allons ça y est, à la butte, s'écrie-t-il, et au moment où on bascule le condamné sous la lunette, on l'entend distinctement dire : "Allez". Deibler pousse le déclic et une seconde tête tombe. Le corps de David étant mal engagé dans le panier, les aides sont obligés de le repousser pendant que les carotides projettent deux longs jets de sang.

Un coup d'éponge sur le couteau et Liotard apparaît. Il semble le plus crâne d'allures. Sur le seuil de la prison, l'aumônier l'embrasse sur les deux joues et lui tend un crucifix. Mais les aides entourent Liotard. Couché sur la planche fatale, le corps est agité de violents soubresauts. Un aide assujettit rapidement la tête dans la lunette et pour la troisième lois le couperet s'abat, accomplissant son œuvre.

Six minutes à peine se sont écoulées entre l'exécution du premier et du dernier condamné. A ce moment, des applaudissements éclatent dans la foule perchée sur les toits, sur les terrasses et dans les arbres qui sont proches du lieu de l'exécution. Le panier contenant tes corps est immédiatement chargé sur le fourgon de Deibler, lequel escorté de douze gendarmes, se dirige par le chemin de ronde vers le cimetière.Trois cercueils avaient été, dès hier soir, déposés dans la chapelle. Les corps y sont placés puis inhumés dans les fosses creusées à l'avance à l'extérieur du cimetière, dans l'emplacement réservé aux suppliciés. Les familles des trois condamnés n'ont pas réclamé les corps, mais se sont opposées à toute autopsie.

La Croix – 23 septembre 1909

Absinthe_Parisienne

EN BREF

A Tours, un chiffonnier égorge trois personnes - Cet après-midi, Mme veuve Alexandrine Leroy, blanchisseuse, demeurant chez Mme Belly, logeuse en garnis, rue du Puits, numéro 9, descendait de chez cette dernière en criant : Au secours ! On tue madame Belly ! En effet, celle-ci venait d'être frappée d'un terrible coup de rasoir à la gorge. L'assassin s'élança à la poursuite de la femme Leroy et la frappa à son tour. La mort fut instantanée. Un ouvrier menuisier, M. Gustave Quilleux, âgé de cinquante ans, en voulant se porter au secours des malheureuses, fut également tailladé par le criminel, qui, brandissant son arme terrible, menaçait d'égorger le premier qui l'approcherait. Un garçon boucher s'empara d'un manche de fourche, en frappa te meurtrier qui, renversé à terre, fût tenu en respect par la foule jusqu'à l'arrivée de la police. Le parquet s'est transporté aussitôt sur les lieux. La femme Belly, très grièvement blessée, a été transportée immédiatement à l'hôpital. Quant à Gustave Quilleux, il porte trois sérieuses blessures à la joue au cou et dans le dos. Son état est grave. L'auteur de ce triple assassinat est un nommé Modeste Suchard, âgé de cinquante-trois ans, né à Douillet (Sarthe), exerçant la profession de chiffonnier, et logeant chez sa première victime. C'est un ivrogne dangereux qui eut déjà maille à partir avec la police, et fut condamné pour avoir tiré des coups de revolver sur des agents. Suchard a commis son crime parce que sa propriétaire, qui lui avait donné congé, voulait qu'il parte immédiatement. Il l'avait déjà menacée hier. Au moment où la veuve Leroy a été frappée, elle avait auprès d'elle la jeune Foussard, qui ne dut son salut qu'à une fuite précipitée. Le Petit Parisien – 22 septembre 1909

Le nouveau programme de l'Olympia - Des nouveautés à pleines mains, de l'art véritable à croire que MM. de Cottens et Marinelli, les directeurs de l'Olympia, en ont le monopole, de la danse, du chant, des merveilles, enfin, voilà ce que l'Olympia, hier soir, nous offrait avec son nouveau programme. La princesse Baratoff, dont c'étaient les débuts, — retardés, on le sait, parce qu'elle s'en fut, invitée personnellement par S. M. la reine d'Espagne, prêter son concours à une grande fête de charité. — la princesse Baratoff fit vibrer, dans, l'immense salle qui regorgeait de monde, l'âme sauvage des pays slaves et mit dans ses chansons un charme si personnel et une telle poésie que tous les spectateurs l'acclamèrent. Les huit Geishas, mignonnes petites poupées de chair qu'on croirait sorties toutes vivantes de quelque roman de Loti, obtinrent un succès dont on parlera longtemps. Quant à M. Le Gallo, d'un comique si naturel, il nous procura, en compagnie de Mlles Marguerite Dupeyron, Blanche Guy et M. Narball, vingt minutes de rire fou, tant il se montra irrésistible, dans l'Ecrasé, cette pièce exhilarante qui est une des innovations de l'Olympia, lequel se met, décidément au diapason de nos meilleurs théâtres. Ajoutez à cela dix attractions, hors de pair et ce miroitant ballet des Filles de Bohême dont Maria-la-Bella est l'incomparable étoile et vous aurez, alors, une idée des recettes que va réaliser le plus vivant et le plus parisien de nos music-halls. Le Figaro – 22 septembre 1909

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