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CPA Scans
14 novembre 2009

Les actualités du 14 novembre 1909

Steinheil cour assise

Madame Steinheil est acquittée

Au palais de Justice - Jamais soirée d'assises ne fut pareille à celle d'hier. A dix heures et demie, le jury entrait en délibération. A onze heures, il faisait appeler le président. A minuit moins dix, deuxième appel ; A minuit trois quarts, troisième appel. Quelques instants après, enfin, les jurés rentraient en séance : Mme Steinheil est acquittée.

Et c'est dans la salle une indescriptible tempête; applaudissements, cris, hurlements, protestations éclatent en bruits de tonnerre ; soudain la porte des accusés s'ouvre, Mme Steinheil paraît. A sa vue, la tourmente redouble ; alors elle chancelle, les gardes la traînent à sa place, les docteurs lui font respirer des sels, rapidement le président lit la formule sacramentelle et à nouveau les gardes l'emportent dehors. C'est fini. La Cour se retire.

Aussitôt, on exécute des bans d'honneur à la gloire du jury ; on acclame le défenseur sur l'air des lampions : "Vive Aubin ! Vive Aubin !". On conspue la cour ; on chante, on rit, le public debout enjambe les barrières et envahit la salle. Ce n'est plus une salle de justice, mais une kermesse de champ de foire. (...)

Autour du Palais - A partir de dix heures du soir, la place de Harlay était noire de monde. Dix mille Parisiens étaient venus aux nouvelles sans aucun espoir, d'ailleurs, d'entrer dans le Palais de Justice. Les bruits les plus contradictoires circulent dans la foule et provoquent des explosions et les cris les plus divers. On annonce tour à tour un verdict de culpabilité et l'acquittement. Les démentis surviennent ensuite. Au fur et à mesure que la délibération du jury se prolonge, la certitude de la condamnation s'affirme. La foule,qui s'impatiente, plaint l'inculpée de la longueur de l'attente cruelle où elle demeure.

On apprend que le président a été appelé une première fois, puis deux, puis trois fois, et il semble acquis que c'est la peine à faire appliquer par la Cour que les jurés discutent.Cette attente dure deux heures, pendant lesquelles l'énorme foule n'a pas un mouvement d'impatience. Le sourd bourdonnement des voix se change en clameur féroce chaque fois qu'éclate le magnésium d'un photographe. La photographie de nuit a un mauvais public.

Enfin, il est presque une heure du matin lorsqu'une immense clameur partie du Palais annonce au dehors l'acquittement. Ce fut, il faut l'avouer, un moment de surprise, d'hésitation. Personne n'y croyait. En courant, des gens descendent les marelles et annoncent la nouvelle. Des cris l'accueillent, généralement favorables ; quelques rares sifflets se font cependant entendre. Il est évident que c'est le public favorable à l'acquittement qui s'était donné rendez-vous autour du Palais.

La sortie des jurés est saluée d'applaudissements. Couillard est entouré et porté en triomphe ; la foule acclame un journaliste qu'elle prend pour Maître Antony Aubin et, jusqu'à deux heures passées les gens restent massés à toutes les issues du Palais, du côté du quai de l'Horloge aussi bien que sur le quai des Orfèvres. Un journal de grande information a mis, le premier, cinq automobiles en faction, à chacune des portes par où pouvait sortir Mme Steinheil. Mais bientôt après, un concurrent l'imite et cinq autres voitures se rangent derrière les premières et la file s'allonge indéfiniment. On tient à savoir où Mme Steinheil ira passer la nuit. Mais, à deux heures et demie, elle est encore dans les locaux du Palais, recevant les soins que nécessite son état.

Le Gaulois – 14 novembre 1909


EN BREF

Un desastre aux Antilles - New-York, 13 novembre - Le terrible ouragan, qui vient de ravager la Jamaïque, s'est fait également sentir dans les Antilles voisines, notamment a Haïti. Dans cette dernière ile, il y aurait eu aussi un tremblement de terre qui aurait détruit des villes importantes, les Gonaïves, le Cap-Haïtien, Port-de-Paix, etc. Jusqu'à présent, dix-neuf cadavres ont été retrouvés à Port-de-Paix ; on craint qu'il y ait beaucoup de morts à l'intérieur et que les pertes soient considérables. La république Dominicaine a également souffert des ouragans et des inondations. Une dépêche de l'Ile Turk (archipel des Bahamas), dit qu'un ouragan, accompagné d'une pluie diluvienne, s'est abattu hier soir, vendredi, sur l'ile du Turc. On est sans nouvelle depuis une semaine des iles avoisinantes de l'archipel. Le Gaulois – 14 Novembre 1909

Arrivée de l'explorateur Shackleton - M. Ernest Schackelton, le jeune et vaillant explorateur anglais, qui planta le drapeau britannique à 179 kilomètres du pôle Sud, est arrivé, hier soir, à quatre heures quarante, Paris, comme nous l'avions annoncé. Il était à peine descendu du rapide de Calais que ses admirateurs et ses amis lui souhaitèrent la bienvenue et présentèrent leurs hommages à sa sœur, qui s'est fait un plaisir de l'accompagner dans ce voyage. Les premiers compliments échangés, tout le monde se dirigea vers la consigne de la gare du Nord, et, tout de suite, on fit cercle autour du lieutenant, que guettaient deux photographes. Quand le magnésium eut flambé plusieurs fois, M. le général Lebon, vice-président de la Société de géographie, et M. Walter Behrens, président de la chambre de commerce anglaise, prononcèrent des allocutions que saluèrent les applaudissements. Le voyageur répondit par quelques mots émus. Le soir, le lieutenant Schacklelon a assisté, à l'hôtel Continental, à un dîner organisé, en son honneur, par la chambre de commerce anglaise. Le Petit Parisien – 14 novembre 1909

uk Une suffragette cravache un ministre - Bristol, 13 novembre - M. et Mme Churchill arrivaient cet après-midi à la gare, lorsqu'une suffragette se précipita sur eux une cravache à la main et frappa M. Churchill, qui eut de la peine à s'emparer de la cravache. Il remit celle-ci à sa femme. La suffragette a été arrêtée. Le Petit Parisien – 14 novembre 1909

Une voiture fait dans un précipice un saut de soixante mètres - Bonneville, 13 novembre - En revenant de la foire de la Saint-Martin, à Bonneville, la voiture de M. François Pellier, dit Bonntaz, aubergiste, à Mont-Saxonne, a fait un saut terrible dans le ravin qui surplombe la route. C'est par suite d'un éclairage défectueux que l'accident s'est produit et que l'attelage, trompé par l'obscurité, a négligé un tournant pour se diriger tout droit dans le vide. La chute a été d'une soixantaine de mètres. Voilure, homme et chevaux ont été retrouvés une heure après dans un état pitoyable. Le gendre de M. Pellier a été tué d'une façon identique il y a dix-huit mois. Le Petit Parisien – 14 novembre 1909

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