08 déc. 09
Les actualités du 8 décembre 1909
Un gazomètre explose à Hambourg – 37 morts
Berlin, 7 décembre. — Une épouvantable catastrophe a plongé aujourd'hui la ville de Hambourg dans la terreur et la consternation. Le gazomètre de la grande usine à gaz qui se trouve près du port a fait explosion. On ignore encore à quelle cause il faut attribuer ce sinistre, qui coûte actuellement la vie à plusieurs personnes, tandis qu'une cinquantaine de blessés sont dans un état fort grave.
C'est vers trois heures et demie, cet après-midi, que le gazomètre, qui contenait 200,000 mètres cubes de gaz, a fait explosion avec un bruit formidable ; une flamme immense s'éleva a plusieurs centaines de mètres et fut visible de points distants de plusieurs kilomètres. Une épaisse fumée noire la suivit et une vague d'air chaud parcourut la Tille.
D'après les Hamburger Nachrichten, quinze cadavres se trouvent encore sous les décombres. Quant à l'étendue des dommages on ne peut encore l'évaluer. Un des rares ouvriers qui travaillaient près du nouveau gazomètre, et qui purent se sauver, a fait le récit suivant: "Il était environ trois heures lorsque, tout à coup, le gazomètre se souleva pour retomber et se soulever encore. Un énorme jet d'eau jaillit des parties inférieures. Il fut bientôt suivi d'une gigantesque colonne de feu. Sauve qui peut ! criâmes-nous.
Nous étions environ quarante ou cinquante hommes à travailler sur ce gazomètre, qui était de construction récente. En un instant il fut en flammes. Plusieurs de mes camarades tombèrent, grièvement brûlés, pendant que les autres parvenaient, je me demande encore comment, à atteindre le sol. Nous fûmes cependant pour la plupart atteints par le jet de flamme. L'effet produit par l'explosion sur la cantine — elle se trouve au-dessous du gazomètre dans une sorte de cave voûtée — fut terrible. Cette cantine, sous l'énorme pression de l'air, fut littéralement écrasée. Les trois femmes qui y étaient occupées furent ensevelies sous les décombres. L'incendie gagna aussi les autres bâtiments qui, en quelques instants, devinrent la proie des flammes. A cinq heures et demie, le feu atteignait le deuxième gazomètre, et une colonne de flammes haute comme une tour s'élevait dans les airs en dégageant une telle chaleur dans les rues voisines que les pompiers ne purent se sauver qu'avec peine."
Le maire, M. Burckardt, est arrivé sur les lieux de la catastrophe. Il dirige personnellement les travaux de sauvetage. En dernière heure, on nous annonce qu'on a pu se rendre maître du feu et que les terribles craintes de la population sont calmées. On redoutait en effet que les flammes ne gagnassent non seulement toutes les maisons avoisinantes, mais encore qu'elles n'atteignissent les nombreux bateaux qui se trouvent dans le port.
Le Matin – 8 décembre 1909
EN BREF
Famille mortellement empoisonnée - La famille de M. Genestine, liquoriste à Clermont, place Lamartine, s'était réunie dimanche soir en vu de préparer les fiançailles de Mlle Marie-Louise Genestine, âgée de dix-neuf ans, qui devait épouser un jeune homme habitant la Creuse. Il y avait là M. Genestine, qui était âgé de soixante ans ; Mme Genestine, née Clément, cinquante-cinq ans ; leur fille ainée: Anne, âgée de trente ans, mariée à un avocat, M. Gipoulon; son fils, Robert Gipoulon, âgé de dix ans; et la jeune fiancée. A quatre heures, heure du goûter, Mme Genestine servit une crème au chocolat, mais cette crème fut jugée trop claire. Pour l'épaissir, elle y ajouta un peu de farine. Mais, hélas, par suite d'une tragique méprise, au lieu de j prendre de la farine ordinaire, la malheureuse femme employa une farine à l'arsenic, préparée pour détruire les rats et laissée par mégarde dans le placard de la cuisine. Toutes les personnes présentes mangèrent la crème sans rien remarquer d anormal. Mais, vers sent heures du soir, toutes furent prises d'atroces douleurs. On envoya chercher des médecins ; mais malgré tous les soins, M. Genestine expira à deux heures du matin. Mme Gipoulon mourut à dix heures, et hier, à deux heures, Mme Genestine succomba à son tour. L'état du petit Robert et de Mlle Marie-Louise Genestine est absolument désespéré. Le Temps – 8 décembre 1909
Le Mur sanglant - L'un des plus poignants souvenirs des luttes qui
ensanglantèrent Paris en 1871 va disparaître. C'est aujourd'hui, en effet, que
doit être vendue, par les soins de M. Ménage, le fameux liquidateur des biens
des congrégations, la propriété de la rue Haxo, qui contient le mur historique
où furent fusillés, 1e 26 mai de cette année tragique, cinquante-deux otages de
la Commune, dont nous n'aurons pas lieu de rappeler les noms. Le parc où se
déroulèrent ces scènes sanglantes dépend d'un pensionnat, dirigé jusqu'à ces
dernières années par des Pères jésuites et qui leur a été volé comme tant
d'autres. L'Univers – 8 décembre 1909