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10 décembre 2009

Les actualités du 10 décembre 1909

theatre cluny

THEATRE CLUNY. — Première représentation : un Mariage de Gourdes, folie-vaudeville en trois actes et quatre tableaux de M. Gardel-Hervé.

Folie-vaudeville, assurément, mais, folie de fou-rire, et c'est l'essentiel en pareille occasion. L'auteur a, d'ailleurs, de qui tenir, puisqu'il est le fils du compositeur Hervé, inventeur de la trilogie fameuse dans les fastes de l'opérette : L'Œil crevé, Chilpéric, Le Petit Faust, et il semble avoir hérité la verve paternelle avec laquelle le "compositeur toqué" pétrissait les légendaires folies. Du Mariage de Gourdes, vous n'exigerez pas l'analyse en règle. Il est des choses qui ne se racontent guère, parce qu'il vaut mieux aller les voir. Tout au plus, vais-je vous dévoiler le canevas, dont vous devinerez aisément la broderie, faite d'une main experte en l'art comique.

Donc, le sieur Bézard, capitaine d'une société de gymnastique, a concerté le mariage de son ordonnance, Gourdiflo, avec Rosalie, sa bonne... à tout faire — jamais le vocable ne fut mieux appliqué — et le mariage s'accomplirait sans obstacle, si le père du jeune fiancé, lieutenant de pompiers, à cheval... sur l'honneur, ne poussait l'indiscrétion jusqu'à vouloir s'assurer que la mariée Rosalie est vraiment digne de la fleur d'oranger. Il la confesse et l'intimide si bien par l'insidiosité de ses questions, que Rosalie bafouille et laisse échapper le nom de Rigouillot, qui pourrait bien être celui de séducteur.

"A moi le Bottin !" s'écrie le bon pompier, qui fait des fouilles dans l'honnête dictionnaire, où il découvre trois Rigouillot, de professions diverses. Et, pour lui, il s'agit de savoir lequel fit brèche à la virginité de Rosalie ! Ainsi que jadis dans Le Chapeau de paille d'Italie, voici notre homme en recherche, suivi du cortège de la noce, qui fait invasion successive chez les trois Rigouillot dénoncés par l'indiscrétion du Bottin : l'épicier Rigouillot, où il met à sac les conserves et boîtes à sardines: ; le docteur aliéniste Rigouillot, où les fauteuils hypnotisants et les massages électriques s'en donnent à cœur-joie ; enfin, chez Alphonse Rigouillot, tenancier d'un salon interlope, pour en arriver à se convaincre que s'il y a eu de la casse dans la vaisselle matrimoniale, les Rigouillot n'ont rien à y voir.

Vous voyez d'ici les cascades, les quiproquos, les fantaisies... C'est plus au poivre qu'à la vanille et de gros comique, assurément, mais plein d'entrain et d'amusement. On y rit de ce bon rire qui désarme et qui est le plus beau pardon de toutes les folies. Sans compter que, ni plus ni moins qu'au temps de Beaumarchais, ça finit par des chansons ! Car il y a une très jolie ronde finale, gentiment chantée par Mlle Benda, sur une ingénieuse musiquette d'un certain Willy Redstone. Elle est même si avenante et si sautillante, cette petite partition, que, dans mon ignorance, je l'avais attribuée à Hervé lui-même.

Mariage de Gourdes est joué avec beaucoup d'ensemble par des comédiens qui ont l'air d'y prendre plaisir et par des comédiennes qui s'offrent le luxe de ce qu'on dénommait au dix-huitième siècle les "séduisants museaux", alors que, au vingtième, on dit les "jolis visages". Coradin, qui joue le pompier assoiffé d'honneur doit être mis à l'ordre du jour : il mène son vaudeville avec beaucoup d'entrain et l'éperonne quand il est nécessaire.

Le Gaulois – 10 décembre 1909


EN BREF

Une scène d'épouvante dans un cimetière - Saint-Dié, 9 Décembre - Le cimetière de Raon-l'Etape a été, hier, le théâtre d'une scène macabre, qui a causé une certaine émotion dans la localité. Une veuve était venue prier sur la tombe de son mari, enterré depuis la veille ; tout près, on venait de creuser la fosse d'une femme, dont l'inhumation allait, avoir lieu quelques instants après. Machinalement, en se retirant, la veuve jeta un coup d'œil au fond du trou béant. Quelle ne fut pas son épouvante d'apercevoir à la place où allait être descendu le cercueil une femme étendue comme, les mains en croix sur la poitrine. ; La veuve s'enfuit en poussant des cris; des habitants sceptiques sur la réalité du fait qu'ils attribuèrent à une hallucination, se rendirent au cimetière et constatèrent qu'effectivement une pauvre femme gisait au fond de la fosse. On eut bientôt la clef de l'énigme. Cette femme était une habitante de la localité qui, devenue folle, s'était imaginée de se faire enterrer vivante ; on put, non sans peine, la faire sortir de la tombe, alors que le cortège funèbre s'avançait pour l'inhumation de la défunte. Le Petit Journal – 10 décembre 1909

Neige et tempête - A Aurillac la tempête signalée a été des plus intenses. Dans certaines localités la couche de neige dépasse cinquante centimètres; elle atteint un mètre cinquante dans le Lioran. Tous les courriers éprouvent aujourd'hui encore des retards considérables. On rassemble à son de trompe les ouvriers terrassiers disponibles dans le pays et on les dirige par les soins de la Compagnie d'Orléans sur les points les plus menacés. La troupe, réquisitionnée par le préfet, procède aussi avec ardeur aux travaux de déblaiement; mais du côté de Murât, la voie ferrée restera obstruée encore plusieurs jours. Des transbordements sont pratiqués à. Bort et à Mauriac pour les voyageurs à destination de Saint-Flour et de Clermont. Au delà de Mende, un train a été surpris sur le plateau de la Parade et ne put ni avancer ni reculer. Les voyageurs se sont réfugiés dans les voitures de lère classe; on alimente les bouillottes avec l'eau chaude empruntée à la machine en attendant les secours envoyés de Marvejols. Dans l'Aveyron, principalement à Rodez, Laguiole, Aubrac, la chute de neige a été extrêmement abondante. Dans les Hautes-Pyrénées, dans l'Ariège et la région montagneuse de la Haute-Garonne, la tempête a sévi aussi avec une rigueur extrême. Partout aujourd'hui le froid est très vif. Le Matin - 10 décembre 1909

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