02 janv. 10
Les actualités du 2 janvier 1910
Drame dans un concert lyonnais
Lyon, 1er Janvier. Ce soir, à dix heures, un drame s'est produit au café du XIXe Siècle qui était bondé de consommateurs, car dans cet établissement, chaque soir à lieu un concert vocal et instrumental. A une table, venaient de prendre place cinq personnes qui sortaient de dîner en famille. Au moment où une artiste commençait une romance, on entendit le bruit de deux détonations, puis le brouhaha des consommateurs qui se levaient affolés.
On aperçut la chute d'un corps. C'était un homme qui venait de tirer sur une des femmes du groupe dont nous parlons plus haut. Le meurtrier s'était ensuite fait justice. Le commissaire de police Quenin, qui était parmi tes consommateurs du café du XIXe Siècle, fît aussitôt transporter le meurtrier et sa victime à l'Hôtel-Dieu et procéda à une enquête.
Le meurtrier était M. Descots, marié depuis sept mois avec une demoiselle Nicolas. Il est marchand de chiffons en gros, rue Paul-Bert. La victime, sa belle-sœur, est une dame Nicolas, née Sicard, âgée de 26 ans, institutrice à Ville-sous-Jarnioux, près de Villefranche.
Quel mobile a armé le bras du meurtrier ? L'alcoolisme, disent les uns ; l'amour, affirment les autres. Un fait certain, c'est que M. Descots avait trouvé toute la famille Sicard-Nicolas dans le tramway, ce soir, à huit heures, et Mme Sicard lui reprocha amicalement de n'être pas venu lui présenter ses souhaits. J'ai mon idée, avait répondu évasivement M. Descots. Ce sera pour ce soir.
Sur ce langage énigmatique, on se sépara: les Sicard, Mme Nicolas et leurs amis allèrent au concert du XIXe siècle, où le meurtrier attendit qu'ils fussent installés pour y pénétrer par une porte dérobée et mettre son projet à exécution. Ce fut l'affaire de quelques secondes. Le meurtrier est dans le coma ; il ne passera pas la nuit. Sa victime a été dangereusement atteinte par un projectile ; la balle est allée se loger derrière l'oreille gauche.
Le Petit Journal – 2 janvier 1910
EN BREF
Charmeuse de serpents attaquée par un boa - Milan, 1er Janvier - Les
débuts d'une charmeuse de serpents, surnommée la "Belle- Sibérienne", dans un
café-concert d'Alexandrie, ont failli causer un véritable désastre. La salle
était comble au moment, où 1a jeune Russe apparut sur la scène avec deux boas
formidables. Elle s'apprêtait à,donner à l'un d'eux un petit cochon d'Inde
vivant à dévorer, quand .brusquement l'autre reptile se lança sur la jeune
fille, la mordit au bras et s'enroula autour de sa poitrine. Aux cris poussés
par la "Belle Sibérienne", une panique indescriptible se produisit dans la
salle. Tout le monde se précipita vers la sortie. Des accidents graves auraient
pu naître de la terrible bousculade, mais les dompteurs accourus réussirent
bientôt à calmer cette vive alarme. L'un d'eux, homme d'une force herculéenne,
serra si bien le cou du boa que le reptile dut lâcher sa proie humaine. La jeune
fille fut transportée, dans une pharmacie voisine où l'on cautérisa la plaie
causée par la morsure du serpent. La "Belle Sibérienne" se trouve maintenant
hors de danger, grâce aux prompts secours qui lui furent portés. Le Petit
Journal – 2 janvier 1910
Le Jour de l'An — De mémoire de Parisien, le Jour de l'An n'avait été favorisé d'un température aussi douce que celle dont nous avons joui hier. Il en est résulté pour la fête traditionnelle qui marque le renouvellement de l'année un éclat particulier. La dernière nuit de l'année fut aussi animée que celle du réveillon. Les boulevards ne cessèrent pas d'être parcourus par une foule joyeuse. Les restaurants, les cafés étaient pleins de groupes de consommateurs, animés par la venue de l'année nouvelle. Par une coutume qui vient, paraît-il, des pays germaniques, on distribuait, dans nombre d'établissements, des accessoires en papier, casques de sapeurs-pompiers, bonnets de rosières, etc., et c'étaient déjà des scènes de mi-carême. La matinée ensoleillée d'hier ramena sur les boulevards, malgré la boue qui persistait, la foule parisienne à laquelle se joignirent les flots de visiteurs venus de la banlieue ou de la province. Une animation joyeuse se répandit dans toutes les voies principales de la capitale ; les gens se reconnaissaient, se souhaitaient une année "bonne et heureuse" et voyaient dans la clémence merveilleuse, du temps une bonne promesse pour 1910. Le Temps – 2 janvier 1910
Le feu détruit une usine d'absinthe. — Un pompier victime de son dévouement
- Avignon, - 1er janvier. — Une usine d'absinthe, située dans la banlieue
d'Avignon, à Montfavet, vient d'être détruite par un violent incendie. Le feu a
pris dans l'entrepôt où se trouvait un réservoir contenant 7,000 litres
d'alcool. Ce réservoir ayant fait explosion, le sinistre a pris rapidement de
grandes proportions. Des ruisseaux d'alcool enflammé menaçaient de gagner
d'autres réservoirs qui, après de grands efforts, purent être heureusement
préservés. Un caporal de pompiers, tombé du haut de la toiture dans un bassin,
s'est noyé. Le malheureux était marié et père de trois enfants. La Presse – 2
janvier 1910