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06 janv. 10

Les actualités du 6 janvier 1910

delagrange

Mort de l'aviateur Delagrange

La journée d'hier a été funeste à l'aviation. Trois accidents se sont produits en trois endroits différents de la France, dont l'un a amené la mort du populaire aviateur français Léon Delagrange. Les deux autres accidents ont frappé plus légèrement. Santos-Dumont et Mme de Laroche, la première femme aviatrice.

La conquête de l'air fait donc une nouvelle victime, Delagrange mourant sur le champ de bataille. Il tombe frappé en pleine force, en livrant le périlleux combat contre la bourrasque et les vents pour la conquête nouvelle à laquelle il avait apporté son beau courage.

La liste des victimes de l'aviation s'allonge à chaque instants. Après les noms de Selfridge, Lefebvre, Ferber, Fernandez, il faut aujourd'hui ajouter celui de Delagrange. Les éléments que l'homme veut dompter prennent leur revanche et frappent les plus audacieux, les plus courageux. La liste est-elle close ?

Après ses essais infructueux de lundi, en raison du brouillard, Delagrange était retourné hier à l'aérodrome de Croix-d'Hins. A 2 h. 25. Delagrange avait fait sortir du hangar son monoplan Blériot par ses quatre mécaniciens. La mise au point était terminée à 2 h. 40. et le départ avait lieu à 2 h. 45. Mais un essai, après 50 mètres de parcours, fut infructueux, et l'appareil fut ramené au départ, d''où il s'envola une seconde fois magnifiquement. Delagrange monta à une hauteur de 30 mètres et prit aussitôt un virage à gauche sur toute l'étendue du terrain.

Tout à coup, à 2 h. 53, au troisième tour, alors qu'il venait de passer au-dessus du hangar du public et arrivait au-dessus du hangar de l'aviateur Matnis, un vent assez violent le prit à gauche ; on vit alors l'aile gauche de l'appareil se replier, puis l'aile droite fléchir, donnant l'impression qu'elle se repliait également : l'aéroplane, qui était à 20 mètres de hauteur, tomba de côté à une vitesse de 40 ou 50 kilomètres à l'heure, d'abord sur la toiture du hangar, puis sur le sol. Delagrange fut précipité la tête la première, se tuant sur le coup.

D'après le certificat de décès établi, l'infortuné aviateur avait une fracture complète de la jambe gauche au tiers supérieur. L'abdomen est indemne. Dans la partie supérieure du corps, on a constaté des fractures aux huitième et neuvième côtes gauches, une fracture de la clavicule droite, un emphysème sous-cutané dans la région pectorale, et enfin une hémorragie à l'oreille gauche, signe d'une fracture de la base du crâne, cause de la mort instantanée.

Le corps, sur lequel une couverture a été jetée repose sur un lit de paille, dans un hangar. Les quatre mécaniciens de l'aviateur sont à son chevet. Il est probable que le corps sera mis en bière â Croix-d'Hins même, et de là dirigé sur Paris. Le Bion, l'associé de Delagrange. et le frère de la victime, Robert Delagrange, sont attendus aujourd'hui à Bordeaux.

La Croix – 6 janvier 1910


EN BREF

Madame Delaroche gravement blessée - Mme Delaroche, la première femme aviatrice a été victime hier d'un grave accident sur 1'aérodrome du camp de Chalons. L'aviatrice prenait son vol vers 3 heures, par un vent très faible, elle effectuait son premier tour de piste volant à quatre ou cinq mètres de hauteur dans des conditions parfaites, lorsqu'au deuxième tour, ayant pris un virage trop au large et n'ayant pu monter assez haut, elle est allée s'échouer dans tes peupliers qui bordent la route. L'aviatrice et l'appareil sont tombés brusquement a terre. Quelques personnes qui assistaient aux expériences, sont accourues aussitôt et ont dégagé Mme Delaroche qui gisait évanouie. On porta aussitôt la blessée au hangar Voisin et, de là, à l'hôtel de l'Europe, à Mourmelon. La courageuse femme a repris connaissance, mais souffre cruellement. Il résulte du premier diagnostic qu'elle a la clavicule cassée. Le médecin qui la soigné ne veut pas se prononcer avant vingt-quatre heures d'observation sur la gravité de son état, car Mme Delaroche se plaint de douleurs Internes, et on craint un épanchement de sang près du cœur. La Croix – 6 janvier 1910

Une chute de Santos-Dumont - La journée d'hier devait d'ailleurs être mauvaise pour l'aviation. Tandis en effet que Delagrange se tuait à la Croix-d'Hins, Santos-Dumont, à Saint-Cyr, échappait miraculeusement à la mort, dans une chute dont les circonstances semblent être les mêmes. Santos-Dumont avait de la façon la plus satisfaisante réalisé un premier vol et en accomplissait un second,à 25 mètres de hauteur, quand, tout à coup, le tendeur d'une des ailes se rompait et l'aile cédait; l'appareil désemparé tombait aussitôt en tourbillonnant et venait se briser sur le sol. On crut mort l'aviateur; on le dégagea des débris de son appareil, parmi lesquels on eut la joie de le trouver vivant. Santos-Dumont était seulement blessé,assez fortement, mais non grièvement, à la tête. Après quelques soins il regagnait d'ailleurs Paris où téléphoniquement il a rassuré vivement quelques amis qu'on avait alarmés en exagérant les conséquences de son accident. Le Figaro – 5 janvier 1910


Posté par Ichtos à 15:30 - A la une de la presse il y a 1 siècle - Permalien [#]