Les actualités du 28 janvier 1910

L'eau a atteint les Champs-Elysées

À partir de cinq heures du soir, l'eau se faisant jour par une excavation qui se produisait au milieu de l'avenue Dutuit, derrière le Petit-Palais, envahissait avec une rapidité effrayante les massifs de verdure et les différentes allées des Champs-Elysées compris entre le Petit-Palais et la place de la Concorde.

Les soldats d'infanterie qui passent la nuit dans les baraquements du Nord-Sud, au coin du pont de la Concorde, appelés rapidement, arrivèrent sur les lieux de cette nouvelle inondation qu'ils cherchèrent à endiguer à l'aide de sacs de ciment, de pierres et de bâches. Mais ils ne réussirent qu'à faire dévier le courant et l'eau à sept heures envahissait le restaurant Ledoyen et le Jardin de Paris.

A minuit, cette inondation venait se confondre avec l'eau qui recouvre le cours la Reine et se déversait dans les caves du Petit Palais, inondées du reste, déjà, depuis quelques jours. En résumé du Pont de l'Alma, l'eau recouvrait la chaussée jusqu'au bureau des omnibus, situé à l'angle du cours la Reine et de la place de lu Concorde en inondant toutes les rues adjacentes, a l'exception rependant de l'avenue Alexandre-III.

Partout ce ne sont que travaux de défense pour lutter contre le flot dévasteur ; ici on a édifié, sur une excavation du sol, une espèce de tour de 3 mètres de haut, qui se remplit peu à peu, mais qui retarde l'inondation des rues ; c'est un travail de ce genre qui a jusqu'à présent préservé l'avenue Alexandre-III. Là, une tranchée de deux mètres a son talus recouvert de bâches et de sacs de ciment. On dirait un ouvrage militaire ou une butte de tir. Mais ces travaux n'empêchent pas l'eau de monter toujours, et aux Champs-Elysées elle recouvrait totalement les sièges des bancs.

La Seine, à minuit et demi, montait toujours, et son niveau, à hauteur de la place de la Concorde et du cours la Reine, était égal à celui de la place. Seul un ouvrage de terre et de ciment retardait l'envahissement de la place, ouvrage malheureusement bien précaire qui ne donnait aucune espérance aux gardiens de la paix. Tous déclaraient, en effet, qu'étant donnés les progrès incessants de la crue, la place de la Concorde serait inondée complètement dans le courant de la nuit.

Le Petit Journal – 28 janvier 1910

EN BREF

A Bry-Sur-Marne, une jeune fille périt noyée – La Marne a fait irruption la nuit dernière dans toutes les maisons situées dans te bas de Bry-sur-Marne. Tout le quartier de la Pépinière est recouvert par les eaux. L'inondation s'est faite avec une telle rapidité que peu de locataires sont parvenus à se sauver. Plusieurs barques opéraient donc, hier après-midi, le sauvetage des sinistrés. Une des embarcations, déjà lourdement chargée, venait de prendre les propriétaires d'un pavillon inondé, rue du Parc dans le quartier de la Pépinière, quand, par suite d'un choc contre un arbre, la barque chavira. Les huit personnes qui se trouvaient dans le bateau tombèrent dans l'eau. On parvint à en recueillir sept, mais une jeune fille, Mlle Marie Ollivier, âgée de 20 ans, domestique chez M. Jullot, rue Délite, à Bry, n'a pu être repêchée qu'après une demi-heure de recherches. Le cadavre a été transporté au Perreux. Cet accident a causé dans la localité une vive émotion. Le Petit Journal – 28 janvier 1910