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3 avril 2010

Les actualités du 3 avril 1910

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Chute mortelle de l'aviateur Le Blon

le blon

Saint-Sébastien, 2 avril - L'aviateur Le Blon vient de trouver la mort dans des circonstances particulièrement tragiques. Cette après-midi, il effectuait un vol au-dessus de la baie de Saint-Sébastien ; dès sa sortie du hangar, il avait atteint rapidement une hauteur de 50 mètres, lorsqu'une avarie s'est produite à son appareil ; il a aussitôt tenté de revenir à son hangar, et c'est à ce moment que la catastrophe s'est produite.

La chute a été effroyable. L'aéroplane est tombé dans la mer, mais l'aviateur ne s'est pas noyé, comme on l'avait cru tout d'abord : il est mort, tué du coup, écrasé par son appareil. Les embarcations n'ont pu être mises à l'eau que dix minutes après l'accident : elles n'étaient pas appareillées, car on n'avait pas reçu avis que l'aviateur volait.

Le cadavre a été apporté au quai, où sont accourus les autorités et un public énorme. Les médecins ont fait mille efforts pour rappeler Le Blon à la vie, mais inutilement. Le corps, ensuite, a été transporté au poste médical, où le parquet s'est rendu, puis à l'hôtel où l'aviateur habitait. Mme Le Blon assistait au vol de son mari. Au moment de la catastrophe, elle a poussé un cri déchirant et a essayé d'aller au quai, où avait été ramené le cadavre, mais elle en a été empêchée par les personnes qui l'entouraient. Elle s'est rendue plus tard au poste médical, où une scène déchirante a eu lieu. Mme Le Blon embrassait le cadavre ; elle suppliait qu'on ne l'en séparât pas.

Un vapeur a essayé de remorquer l'appareil de Le Blon, mais il n'a pu réussir à cause du mauvais état de la mer. Des scaphandriers plongeront à marée basse pour retirer le monoplan qui est au fond de Veau. La montre que portait Le Blon est arrêtée à 3 heures 29 minutes. Des télégrammes adressés au gouvernement espagnol demandant que le corps de l'aviateur ne soit pas autopsié, la dépouille mortelle de Le Blon sera transportée au Havre, où réside sa famille.

D'après des renseignements recueillis ce soir, le cadavre de Le Blon porte une contusion au front ; il présente diverses autres lésions et des brûlures causées par l'explosion du moteur. Les médecins disent que l'aviateur eut une commotion cérébrale et qu'il perdit connaissance jusqu'au moment où il fut recueilli. Lorsqu'il fut apporté à terre, Le Blon donnait encore signe de vie, mais il mourut peu après, malgré les efforts des deux médecins.

Le Blon portait une ceinture de sauvetage en prévision d'une chute en mer. Ses mécaniciens assurent que l'accident s'est produit au moment où Le Blon a voulu virer pour faire un second tour sur la Concha. L'aéroplane est tombé très près du palais royal, par quatre mètres d'eau. Le contrat passé par Le Blon avec le comité des fêtes avait expiré hier. L'aviateur n'était donc plus obligé de voler, mais comme hier il n'avait pas pu le faire à cause du mauvais temps, il avait offert généreusement de voler aujourd'hui et demain. La chambre d'hôtel qu'occupait Le Blon a été transformée en chapelle ardente.

L'appareil que montait auiourd'hui Le Blon est le même qui coûta la vie à Delagrange. Le Blon avait déjà fait un tour contre un vent faible ; la catastrophe se produisit dans un virage. L'appareil s'inclina puis tomba verticalement, malgré la résistance des ailes, avec une rapidité vertigineuse. La chute fut horrible. Il se trouvait alors à une cinquantaine de mètres du camp d'aviation, près du palais de Miramar. Le corps de Le Blon fut retiré assez difficilement de dessous l'appareil, puis transporté sur le quai, où des médecins lui prodiguèrent leurs soins, mais inutilement.

L'aéroplane que montait Le Blon était de la force de 50 chevaux. Les mécaniciens que l'aviateur avait à ses ordres furent autrefois ceux de Delagrange. ils croient que Le Blon a voulu faire un vol extraordinaire, peut-être passer au-dessus de Saint-Sébastien, car il avait pris une grande quantité d'essence et d'huile.

Le Blon était chef des essais aux ateliers Serpollet et passait pour un excellent mécanicien ; il prit part à plusieurs concours qui lui valurent une certaine réputation. C'est l'an dernier qu'il s'adonna à l'aéroplane, sous les auspices de Delagrange et débuta à Spa, puis en novembre dernier, à Doncaster.

Au début de cette année, il s'engageait au meeting d'Héliopolis et s'y classait trois fois. Il gagnait en effet le troisième prix de la distance avec 57 kil. 600 ; enlevait le second prix de la totalisation des vols avec 179 kilomètres et le troisième prix de la vitesse. Rentré en France, il vola plusieurs jours à l'aérodrome de la Croix-d'Hins, près Bordeaux, puis à Biarritz, d'où il partait pour Saint-Sébastien où il devait trouver la mort.

Le Gaulois – 3 avril 1910


EN BREF

La diminution des chevaux en France - L'Illustration publie la statistique officielle suivante, d'où il résulte qu'en présence du développement de l'automobilisme en France, le nombre des chevaux commence à diminuer dans de fortes proportions

            France       Seine      Paris

1905   3 169 000   109 000    84 000

1906   3 165 000     98 000    73 000

1907   3 160 000     96 000    70 000

L'effectif de la Compagnie des omnibus, qui s'élevait à 14 000 chevaux en 1905, est tombé à 11 000 en 1907. Cette évolution intéresse particulièrement la culture maraîchère des environs de Paris qui consomme une énorme quantité de fumier, environ 2 millions de tonnes. Or la Seine n'en peut fournir qu'un million. Et comme cette production ira toujours en diminuant, il faudra dans un avenir peu éloigné, modifier sérieusement les méthodes de culture intensive des légumes et des primeurs. La Croix – 3 avril 1910

Trois personnes brûlées vives – Creil - M. Victor Galtier, 32 ans, demeurant 1, rue Jesse, venait, hier, d'allumer une lampe à essence, lorsque celle-ci fit explosion déterminant un commencement d'incendie. En voulant se porter au secours de son mari, Mme Ernestine Galtier, 26 ans, fut grièvement brûlée. Les deux époux affolés appelèrent au secours, et des voisins pénétrèrent dans le logement. Ils virent un affreux spectacle: M. Noé Galtier père 65 ans, gisait carbonisé au milieu de la chambré, tandis que les deux époux se précipitaient au dehors, les vêtements en flammes et hurlant de douleur. Les malheureux, dont le corps était couverts d'atroces brûlures, furent portés à l'hôpital de Creil. Mme Galtier ne tarda pas à rendre le dernier soupir, après une courte, mais horrible agonie. L'état de son mari est des plus graves. La Croix – 3 avril 1910

 

Chili argentina Inauguration du tunnel des Andes – Londres, 2 avril. — Les journaux du soir publient un télégramme de Buenos-Aires, d'après lequel le premier train entre l'Argentine et le Chili a passé hier le tunnel percé dans les Andes. La ligne sera .bientôt ouverte au public. Ce tunnel, situé à une altitude de 3.000 mètres au-dessus du niveau de la mer, fut, encore plus difficile à percer que le Saint-Gothard. Le nouveau chemin de fer relie les lignes chiliennes et argentines, ce qui rend possible pour la première fois un voyage direct en chemin de fer de l'Atlantique au Pacifique. La réunion de ces deux lignes raccourcira de plus de huit jours, en hiver, le voyage d'Europe à Valparaiso. Le Matin – 3 avril 1910

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