Les actualité du 14 avril 1910
Grave mutinerie à l'école des Arts-et-Métiers d'Angers
Angers, 13 Avril - Une mutinerie d'une exceptionnelle gravité s'est produite à l'école des Arts-et-Métiers. Cette nuit, vers une heure et demie, l'attention des gardiens fut attirée par des bruits insolites. Bientôt ils se rendirent compte que, dans un dortoir, les élèves défonçaient une porte. Ils se dirigèrent de ce côté, mais, à peine deux d'entre eux, MM. Monnier et Watrin venaient-ils d'entrer dans un couloir, qu'une vingtaine d'élèves, la tête recouverte de cagoules et armés de coups de poing américains, de couteaux et, m'a-t-on affirmé, de revolvers, se jetèrent sur les surveillants et les frappèrent.
Trois autres surveillants, MM. Baudoin, Delaspre et Lelée, qui suivaient de près leurs collègues, se portèrent au secours de ces derniers. Mais, à ce moment, tous les élèves des dortoirs se levèrent et vinrent prêter main forte à leurs camarades, en poussant des cris assourdissants. Une véritable mêlée eut lieu. Finalement, les surveillants, qui n'avaient pas d'armes, et qui devaient se contenter de parer les coups, durent céder devant le nombre des assaillants. Ils entrèrent dans une chambre, poursuivis par les élèves, qui les empêchèrent de fermer la porte du local.
Les surveillants s'armèrent alors de divers objets qui se trouvaient dans la chambre, et MM. Delée et Baudoin menacèrent de frapper les élèves qui approcheraient. Ceux-ci s'étant retirés, les surveillants s'enfermèrent. Cette bagarre a duré une heure et demie. Tous les surveillants ont été sérieusement blessée. M. Watrin porte deux profondes et larges blessures au front, ainsi qu'au-dessus des yeux, faites avec un coup de poing américain. Il a eu de plus la lèvre coupée par un coup de couteau ; il perdait le sang en abondance. Conduit à l'infirmerie de l'école, il reçut les soins de M. Monnier, étudiant en médecine. M. Baudoin a reçu lui aussi un coup de poing américain qui l'a atteint au-dessus de l'œil.
Sur les élèves qui, après l'échauffourée, furent minutieusement fouillés on a trouvé des couteaux à cran d'arrêt et de nombreux coups de poing américains. Dans leurs casiers, on a saisi des documents compromettants. Une enquête est ouverte.
Le Petit Journal – 14 avril 1910
EN BREF
Une voleuse astucieuse - Pendant qu'elle cambriolait un appartement, 129, rue Lecourbe, une jeune femme de vingt-six ans, Henriette Lépine, était surprise par le concierge, qui l'enfermait dans l'immeuble et courait chercher les agents. Mettant à profit les quelques minutes de répit qui lui étaient ainsi accordées, Henriette Lepine endossait en hâte des vêtements d'homme. Et lorsque les gardiens de la paix et les locataires affolés la cherchaient jusque sur les toits, elle se mêlait à eux et cherchait avec eux l'introuvable cambrioleuse. Mais un agent ayant remarqué l'activité de ce singulier auxiliaire, s'approcha et découvrit la supercherie. Henriette Lépine est au Depôt. Journal des débats politiques et littéraires – 14 avril 1910
Effroyable scène de lynchage aux Etats-Unis - Méridian (Mississipi), 13 Avril. Des coups de feu ont été tirés dans les sous-sols de la prison où était détenu un nègre. Le geôlier et des gardiens furent tués et le nègre mortellement blessé. La populace fit irruption, enleva le blessé et le pendit à un poteau téléphonique, puis elle décrocha le cadavre, lui coupa la gorge et, ayant imbibé les vêtements d'huile, elle brûla le corps. Le Petit Journal – 14 avril 1910
Un incident à l'opéra-comique - Un incident s'est produit, hier soir,
vers dix heures et demie, au cours de la représentation de la Tosca, à
l'Opéra-Comique. Deux spectateurs, MM. Calvet et Georges Darien, fondateur de la
Fédération du théâtre, qui occupaient une. loge, ont jeté des boules puantes
dans le public et ont pris la parole à haute voix. Expulsés aussitôt, les deux
perturbateurs ont été conduits au commissariat de police, où procès-verbal leur
a été dressé. Ce petit incident, qui a été de courte durée, serait le
commencement d'une agitation annoncée par M. Darien an faveur du petit personnel
des théâtres. Le Petit Journal – 14 avril 1910