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18 avril 2010

Les actualité du 18 avril 1910

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Arrestation sensationnelle du Caporal Deschamps

arrestation dans un bar

Un caporal du 106e régiment d'infanterie — le caporal Deschamps — en garnison à Chalons-sur-Marne, caserne Chanzy, s'est enfui après avoir volé les parties essentielles d'une mitrailleuse ! Cette très grave nouvelle, connue à Paris le 28 août dernier, produisit une émotion d'autant plus vive qu'à cette même époque plusieurs cas d'espionnage assez importants venaient d'être découverts dans nos garnisons de l'Est.

Lorsque, à Châlons-sur-Marne, ce vol stupéfiant fut constaté, tous les soupçons se portèrent immédiatement sur Deschamps, lequel, huit jours auparavant, occupait au 106e le poste de caporal détaché à l'habillement. En effet, Deschamps avait emporté les clefs et, peu avant sa fuite, le misérable avait confié à un de ses camarades : Si jamais je file, il y a un bon coup à faire ici. Je te prie de croire que je ne le raterai pas. Deschamps ne devait pas tarder à faire le bon coup en question. Il parvint à gagner la frontière, porteur des pièces volées, et malgré toutes les recherches le misérable ne fut pas retrouvé. Il s'est t'ait arrêter hier, à Paris, dans les circonstances suivantes :

On savait depuis quelques jours que Deschamps était rentré en France et qu'il habitait Paris. Les agents de la Sûreté parisienne surveillaient étroitement deux de ses camarades du 106e et notamment un nommé Jacob, ouvrier armurier, qui fut un instant soupçonné d'avoir fabriqué les fausses clefs ouvrant les locaux affectés aux mitrailleuses. Or, a plusieurs reprises, on avait aperçu, en compagnie de Jacob, un jeune homme dont le signalement répondait à celui de Deschamps. On fila cet individu et les agents ne tardèrent pas à apprendre qu'il était descendu dans un hôtel meublé du boulevard Malesherbes.

Hier matin, muni d'un mandat d'amener, un des inspecteurs de M. Hamard, qui pistait Deschamps, l'aborda place de la Bastille, au moment où il s'entretenait avec un ami. L'ex-caporal protesta tout d'abord, mais lorsque l'inspecteur lui eut montré sa photographie, il tenta de résister, puis de fuir ; bientôt maîtrisé, il reconnut sa véritable identité. Quelques instants plus tard, le déserteur voleur de mitrailleuses, était amené dans les bureaux du quai des Orfèvres et mis en présence de M. Hamard, qui lui fit subir un long interrogatoire d'identité.

Lors de l'enquête primitive, qui va être naturellement reprise dès le début, on avait cru relever que Deschamps s'était introduit dans la caserne vers deux heures du matin, qu'il était monté au deuxième étage et qu'il s'était emparé des pièces de la mitrailleuse qu'il convoitait. On sait que tous nos régiments d'infanterie et de cavalerie doivent être dotés de mitrailleuses. Plusieurs d'entre eux, notamment, ceux qui appartiennent aux corps d'armée stationnés sur les frontières, en ont été déjà pourvus et ces mitrailleuses ont figuré aux grandes manœuvres des trois dernières années. Ce sont les pièces principales de cet engin fabriqué par la manufacture de Saint-Etienne que Deschamps vola. On s'aperçut du vol en constatant, le matin du 28 août dernier, que la porte du bâtiment de l'habillement, qui devait être naturellement fermée, était, au contraire, grande ouverte.

Le conseil des ministres fut saisi de cette grave affaire par le général Brun, ministre de la guerre, qui déclara à ses collègues que les pièces volées par Deschamps étaient le tube et la culasse d'une mitrailleuse nouveau modèle. Le ministre fit remarquer que cette mitrailleuse est d'un système très voisin du système Maxim, qui est dans le commerce. Il ajouta que les avantages de l'arme nouvelle ne pourraient être mis en évidence que par des expériences longues et minutieuses qui, pour être menées à bonne fin, exigent que l'on dispose d'un certain nombre de ces mitrailleuses.

L'enquête et les recherches entreprises par les autorités civiles et militaires se poursuivirent vainement. Elles n'aboutirent qu'à l'arrestation d'une petite chanteuse de café-concert, Mlle Marcelle Brunette, pensionnaire du casino de Toul amie de Deschamps, appréhendée par la Sûreté générale sous la double inculpation d'excitation de militaire à la désertion et de recel de déserteur. C'est, en effet, chez cette jeune chanteuse qu'après avoir quitté Châlons, Deschamps s'était rendu tout d'abord.

Mlle Marcelle Brunette, de son vrai nom Marguerite Belpoix, fut incarcérée à la prison de Toul. Peu après son arrestation, la Sûreté générale intercepta et saisit une lettre que Deschamps lui adressait. Dans cette lettre, datée de Strasbourg, le misérable disait qu'il était installé dans cette ville ; il annonçait à son amie qu'il se proposait de lui envoyer prochainement des fonds pour qu'elle pût aller le rejoindre. On n'eut pas d'autres nouvelles de Deschamps et finalement l'inculpée fut remise en liberté en même temps que plusieurs autres individus soupçonnés de complicité, mais contre lesquels il fut impossible de relever une inculpation probante.

A défaut de Deschamps, on s'inquiéta un peu tardivement de son passé. Né près de Meaux, en Seine-et-Marne, il eut une jeunesse très mouvementée et non exempte de faits plus ou moins fâcheux. Exerçant par intermittence le métier de dessinateur il se fit embaucher à Bourges, où il aimait à fréquenter les artilleurs — sans aucun doute dans un but d'espionnage déjà caractérisé. — Entre temps, il fit un séjour dans une maison de correction et vint s'installer à Paris.

En 1907, Deschamps s'engagea ; il fut incorporé au 106e d'infanterie à Châlons-sur.-Marne. Sa conduite ne fut pas exemplaire ; toutefois, comme il rachetait ces écarts par une bonne intelligence, il obtint les galons rouges. Lorsqu'il fut question du départ du 106e aux Manœuvres du camp de Châlons le caporal dit à plusieurs reprises à ses camarades : Les manœuvres ? La barbe I Elles s'exécuteront sans moi ! Comment t'y prendras-tu pour y couper ? C'est mon affaire, mais je répète que l'on ne m'y verra pas ! Effectivement, l'avant-veille du départ du régiment, Deschamps disparut.

Deschamps était de retour à Paris depuis le 9 avril. Il arriva par la gare de l'Est, disant venir de Vienne. Il dut vraisemblablement chercher pendant quelques heures le domicile qu'il allait habiter durant son séjour dans la capitale, et, pour parer à toute éventualité et pouvoir s'esquiver à la première alerte, il dirigea ses récherches dans les environs d'une gare. C'est vraisemblablement pour ce motif qu'il arriva dans la soirée du 9 avril à l'hôtel du Puy-de-Dôme, situé à l'angle des rues de Chalon et des Charbonniers, en face de la gare de Lyon. Sur les registres de la police, Deschamps s'inscrivit au nom de Jean Bonnet, exerçant la profession de représentant d'articles pour aviation.

Pendant les huit jours qu'il passa à l'hôtel du Puy-de-Dôme, Deschamps ne reçut qu'une carte-lettre. Il s'en montra fort désappointé, car il disait attendre des fonds de son patron qui lui permettraient de s'acquitter de la somme qu'il devait. Le faux Bonnet passait le plus clair de son temps en compagnie de femmes qui devaient lui fournir des subsides et il semble probable que c'est à bout de ressources qu'il sera revenu à Paris pour s'en procurer. En attendant son départ pour Châlons-sur-Marne, qui devait avoir lieu à neuf heures vingt du soir, l'ex-caporal est resté dans les bureaux de la Sûreté générale étroitement surveillé. Un repas, qu'il mangea de fort bel appétit, lui fut servi à six heures.

Le Gaulois – 18 avril 1910


EN BREF

Épidémie de diphtérieUne épidémie de diphtérie sévit actuellement dans la vallée de la Vanne, à proximité des captations d'eau de la ville de Paris. De nombreux cas ont été signalés à Foissy, à Pont et aux Clérimois. La préfecture de l'Yonne a envoyé dans les mairies des tubes de sérum Roux. La plupart des habitants ont été inoculés. Jusqu'à présent trois décès se sont produits, dont celui d'un habitant de Pont, âgé de cinquante-quatre ans. L'épidémie a été importée par Mme Lemarié, boulangère a Foissy, qui était allée à Montereau alors que plusieurs cas de diphtérie s'étaient produits dans cette ville. En livrant son pain, elle contamina trois villages. Le Temps – 18 avril 1910

Secousses sismique à Perpignan — On nous télégraphie de Perpignan qu'hier matin, entre cinq heures et demie et six heures, des mouvements sismiques ont été enregistrés par les appareils sismographiques de l'observatoire météorologique de Perpignan. La secousse principale s'est produite de l'ouest a l'est. Le Temps – 18 avril 1910

Mort d'un scaphandier

La mort du scaphandrier — Sur le pont Royal, depuis quelques jours, les passants s'arrêtent pour voir manœuvrer des scaphandriers qui vont retirer du fond de la Seine des pierres meulières sombrées avec la péniche Petite-Marcelle, en amont du pont. Un accident tragique a interrompu hier après-midi les travaux. Un scaphandrier, Fernand Devrons, dit le Marseillais, âgé de dix-huit ans, descendit au fond de l'eau : au bout de l'heure de plongée qu'il devait faire, on lui donna le signal de remontée; il ne répondit pas. Le contremaître descendit à son tour et trouva le scaphandrier inanimé ; il le remonta aussitôt sur le ponton, où tous les soins furent inutiles. Fernand Devrons avait succombé à une congestion. Le Temps – 18 avril 1910

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Commentaires
A
Bonjour. Superbe carte postale et ton documentaire est très interessant. Je te souhaite de passer un très bon dimanche après-midi. Antoine.
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