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5 mai 2010

Les actualité du 5 mai 1910

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Liabeuf, Le tueur d'agent est condamné à mort

Liabeuf

Le jury a fait hier terrible, mais utile justice. A crime impitoyable, verdict impitoyable. N'en déplaise aux sensibleries humanitaires si fort à la mode aujourd'hui, devant certains crimes suprêmes, le suprême châtiment seul est justice. Est-il besoin de rappeler l'horrible tuerie qui, le 8 janvier dernier, ensanglanta la rue Aubry-le-Boucher ? — un nom prédestiné.

Ce soir-là, les agents étaient avertis qu'un individu nommé Liabeuf, armé jusqu'aux dents, jurait de tuer deux d'entre eux. Ils le connaissaient, ce Liabeuf. En août, il avait été condamné, pour métier de souteneur, à trois mois de prison, 100 francs d'amende et cinq ans d'interdiction de séjour, peine corsée d'un nouveau mois pour n'avoir pas, à sa sortie de prison, quitté Paris. Ils savaient aussi que, depuis, il avait juré d'avoir la peau des deux agents de la police des mœurs qui l'avaient fait condamner.Ce qu'ils ignoraient, en revanche, c'est jusqu'où peuvent aller certaines vengeances.

A peine sorti de prison, avec une patience de Peau-Rouge, mettant à profit son métier de cordonnier, Liabeuf s'était confectionné une armure digne du moyen âge. Tuer, il le voulait bien, mais non plus tomber aux mains de ses ennemis. Alors, pour se rendre les bras invulnérables, il les avait garnis de longs manchons ou brassards de cuir hérissés de pointes d'acier, sur lesquels devait atrocement déchirer toute main qui le voudrait saisir. Quand l'accusé fut prêt, il marcha au combat. Muni de ses brassards, d'un long tranchet de cordonnier à manche de bois, d'un revolver chargé de cinq balles blindées et quatre cartouches de rechange, il se rend dans un débit de la rue Aubry-le-Boucher. Ceux qu'il attend, ne paraissent pas.

Vers huit heures, il sort, couvert d'une longue pèlerine. Deux agents, qui le guettaient, le suivent. C'est le signal de la bataille. Soudain, Liabeuf se retourne ; d'une main, il rejette en arrière sa pèlerine ; de l'autre, bondissant sur les agents, il enfonce son tranchet dans le bras de l'un ; puis, s'acharnant sur l'autre, le malheureux Deray, qui l'a saisi à bras-le-corps, il lui laboure la poitrine avec son arme. Au bruit, du renfort accourt: cinq autres agents. D'un effort suprême, Liabeuf réussit à s'engouffrer dans un corridor. Celui-ci est si étroit qu'il peut faire face à tous. De plus, il fait nuit noire. Alors, dans l'ombre, c'est une boucherie atroce. Quand, enfin, le forcené tombait la poitrine trouée d'un coup de sabre, les agents, l'un la gorge ouverte, l'autre les entrailles percées d'une balle, la poitrine labourée, tous les bras et les mains déchirés par les brassards d'acier, les habits criblés de balles, étaient plus ou moins grièvement blessés.

Et pourtant, devant la foule hurlant : A mort l'apache !, ces hommes, ruisselant de sang, eurent encore l'héroïsme de recevoir coups et horions pour protéger le misérable jusqu'au poste. Jamais, déposait hier le commissaire de police, je n'ai vu autant de sang qu'il en ruisselait ce soir-là. Quant au forcené, loin de manifester le moindre regret, même quand il apprit la mort de l'agent Deray, il rugissait de fureur et de regret de n'avoir pu faire plus de mal.

Tel est l'homme qui comparaissait hier aux assises, et quand on le vit entrer, ramassé sur lui-même, comme le fauve prêt à bondir, la face pâle et osseuse, l'œil sombre et farouche étrangement brillant au fond des orbites, le front bas disparaissant sous une broussaille de cheveux, on fut effrayé de ce qu'on devinait, en cet accusé de 25 ans, d'énergie implacable. Le criminel répondait bien au crime. Son interrogatoire, au reste, fut presque inintelligible, tant, sous la colère, les mots s'écrasaient dans la gorge, tant la voix grinçait des dents.

Que dire après cela des débats ? Voleur, Liabeuf reconnaît qu'il l'était, ayant, dès ses vingt ans, été deux fois condamné ; mais souteneur, cela jamais ! Condamnez-moi à mort, je l'ai mérité, grognait-il hier ; mes condamnations pour vol, je les ai méritées, mais celle-là, c'est infâme, c'est injuste, j'étais innocent. C'est une vengeance de la police des mœurs. Et de fait, plusieurs patrons viennent bien déposer que, jusqu'à la veille du crime, Liabeuf travaillait chez eux de son état de cordonnier et, qu'ouvrier laborieux, rangé et sérieux, il gagnait jusqu'à six francs par jour. Mais les agents des mœurs maintinrent formellement l'avoir suivi longtemps avant de l'arrêter ; mais il est établi qu'il vivait avec une femme de mauvaise vie; mais il est prouvé qu'il ne rentrait jamais chez lui avant minuit bien passé ; dès lors, rien n'empêchait en somme que se pussent concilier et les rapports des agents et les dépositions des patrons : ouvrier le jour, souteneur la nuit. Rien non plus ne permettait de croire que sa condamnation fût une erreur judiciaire, alors surtout que, d'après la nouvelle loi sont considérés comme faisant métier de souteneur ceux-là mêmes qui peuvent exercer un véritable métier en dehors.

Dès lors, en dépit de la violence de ses déclarations, en dépit de ses injures aux agents qu'il traita de menteurs, en dépit d'une ardente plaidoirie de Maître Lucien Leduc la réponse du jury à ces graves paroles de M. l'avocat général Sevin : A chacun la responsabilité de son devoir : je fais le mien en vous demandant une répression sans pitié ; vous ferez le vôtre, en l'accordant, ne faisait doute pour personne. Après une très longue délibération du jury, après de violents incidents de procédure soulevés par le dépôt de quelques conclusions par le défenseur pour vice de forme, l'arrêt est enfin rendu. Liabeuf est condamné à mort. Vous pouvez me traîner à l'échafaud, hurle-t-il, vous ne ferez pas de moi un souteneur. J'étais innocent, je le crierai jusqu'à la dernière goutte de mon sang. Mais nul écho ne lui répond.

Le Gaulois – 5 mai 1910


EN BREF

russie Sanglantes fiançailles - Saint-Pétersbourg, 4 Mai Un terrible drame de famille s'est déroulé à Saint-Pétersbourg chez un riche négociant, nommé Grischine. Pendant le dîner, donné à l'occasion des fiançailles de sa fille Olga avec le capitaine de la garde Ostroslarsky, une violente discussion s'éleva entre celui-ci et ses deux future beaux-frères. Très excité par de copieuses libations, le capitaine saisit tout à coup son revolver, tua l'aîné des Grischine et blessa grièvement le cadet ainsi que son beau-père et sa fiancée. Le Petit Journal - 5 mai 1910

belgique Les jeunes filles d'Ecaussines invitent les célibataires à leur gouter matrimonial - Bruxelles, 4 Mai. Pour la huitième fois, les jeunes filles d'Ecaussines, petite ville belge de la province de Hainaut, convient MM. les célibataires du monde entier au goûter matrimonial qu'elles organisent chaque année pour le lundi de la Pentecôte. C'est là une amusante cérémonie qui attire beaucoup de curieux et d'étrangers à Ecaussines, et il paraît même que du groupe des curieux se détachent parfois quelques fiancés : depuis 1903, date de la fondation de ces goûters matrimoniaux, on se marie à Ecaussines plus qu'on ne s'y mariait. Et voici le programme de l'originale cérémonie qui aura lieu cette année le 16 mai. De dix heures du matin à trois heures, on signera sur les livres d'or à la Maison communale et des souvenirs seront remis aux visiteurs. A deux heures : grand défilé des célibataires — ce sont les seuls invités de cette fête où les hôtesses sont toutes des jeunes filles, — réception, allocution, présentation, — c'est là une formalité essentielle entre candidats au mariage ; — puis vient le moment du fameux goûter matrimonial et les toasts et le discours de Mlle la Présidente. Dans la soirée il y aura des concerts, des bals populaires, des farandoles, et, cela va sans dire, des illuminations. Les jeunes Ecaussinoises. qui désirent fort ne pas coiffer sainte Catherine ont, avec modestie, pensé que leurs minois ne suffiraient pas à attirer la foule des étrangers et le programme qu'elles envoient de leur fête annonce de séduisantes excursions. Promenez-vous et mariez-vous ! Avis aux amateurs. Le Petit Journal - 5 mai 1910

Un héros de neuf ans - La petite Madeleine Courtanger, âgée de cinq ans, dont les parents demeurent 14, rue des Guillemites, porte à son frère Paul, âgé de neuf ans, la plus vive affection. Pour le suivre, pour courir avec lui derrière les voitures, où se livrer à de folles parties de barres, Madeleine est toujours prête à délaisser ses petites amies, et leurs poupées de carton ou de cire. Hier soir, vers six heures, le frère et la sœur jouaient sur le quai Jemmapes. Tout en courant pour rattraper son frère, Madeleine fit un faux pas et tomba dans le canal Saint-Martin. Au cri qu'elle poussa, le petit Paul se retourna. Il ne vit plus sa sœur et devina ce qui s'était passé. Se débarrasser de son veston et plonger dans le canal fut, pour le courageux entant, l'affaire de quelques secondes à peine. En quelques brasses vigoureuses, il fut auprès de la pauvre petite, qui se débattait désespérément à la surface et l'empoigna par les cheveux. Puis il nagea vers la berge. La foule, qui s'était amassée sur le quai, acclama chaleureusement le petit sauveteur. Le Petit Parisien - 5 mai 1910


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