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22 mai 2010

Les actualités du 22 mai 1910

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Mort de Jules Renard

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Jules Renard, dont nous signalions, hier, l'état désespéré, est mort la nuit dernière, après une longue et douloureuse agonie, succombant en pleine maturité, alors que l'on pouvait attendre de lui beaucoup d'autres œuvres originales et d'une forme parfaite. Jules Renard était né à Châlons, dans la Mayenne, en 1864, et certainement sa famille ne le destinait point a la littérature. Son père, entrepreneur de travaux, le fit étudier en vue de l'école normale, mais le jeune homme ne montra aucun enthousiasme pour les carrières qui pouvaient ainsi s'ouvrir devant lui. Il préférait écrire des vers, des romans ou des comédies.

Aussi fut-il un des fondateurs du Mercure de France, en 1890, étant déjà le collaborateur d'un certain nombre de journaux, où son originalité lui avait fait une place à part, qu'il devait conserver par la suite devant le public. Son talent d'observation est curieux, et sa fantaisie, parfois imprévue et singulière, offre une espèce de sécheresse qui ne la rend pas accessible à tout le monde. Pourtant, il a eu de grands succès, et sa comédie: Poil de carotte, ainsi que l'histoire d'enfant malmené d'où elle est tirée, ont été lues et applaudies avec un extrême plaisir. On y rencontre à chaque instant un attendrissement qui, pour être enveloppé de gouaillerie, de raillerie, n'en est pas moins très vif, et va directement à l'âme.

Le petit roman de Poil de carotte, — si l'on peut donner le nom de roman à cet ensemble de courtes scènes, — ne fut pas très remarqué, quand il parut. Il dut à la scène, et notamment à la merveilleuse interprétation de Suzanne Desprès, un succès énorme, et dont personne ne saurait contester la légitimité. Il restera un des meilleurs ouvrages de Jules Renard, un de ceux où la personnalité intime de l'écrivain, se révèle heureusement aux regards attentifs.

Jules Renard appartenait à la famille des auteurs gais. On ne voit pas bien pourquoi. Cette classification était, tout à fait arbitraire, en ce qui le concerne, car il y a surtout de l'amertume, de la tristesse, dans les livres de ce philosophe adroit à surprendre les rosseries, les bassesses, les méchancetés, et aussi les mille petites vilenies de l'existence.

Renard a beaucoup écrit, et il convient de citer, parmi ses principales œuvres, les Coquecigrues, les Sourires pincés, l'Ecornifleur, les Histoires naturelles, M. Vernet, et Nos frères farouches, pages remplies de notations heureuses, et non dépourvues de profondeur, sur les âmes campagnardes. Rappelons, à ce sujet, que Jules Renard habitait volontiers la province. Ce Parisien était même maire de sa commune, Chitry-les-Mines, à trente kilomètres de Clamecy, et c'est là qu'il étudia et saisit sur le vif les âpres physionomies Je ces frères farouches, dont il a tracé d'impressionnantes silhouettes.

En raison du caractère un peu spécial de son talent, de son genre d'esprit, Jules Renard ne jouissait pas absolument de la grande réputation qu'il méritait, et peut-être cette injustice n'était-elle pas sans avoir une influence sur ce qu'il écrivait Dans tous les cas, il laissera à tous ceux qui surent l'apprécier le souvenir d'un homme de haut mérite littéraire, et d'un philosophe qui ne parvenait pas toujours à masquer sous une froideur voulue la sensibilité de son cœur.

La levée du corps aura lieu aujourd'hui au domicile du défunt, 44, rue du Rocher; après une brève cérémonie, le cercueil sera dirigé sur la gare de Lyon, d'où il partira pour Chitry-les-Mines, où aura lieu l'inhumation.

Le Petit Parisien – 22 mai 1910


EN BREF

Une pluie de soufre au Mans dure trois nuits - Le Mans, 21 mai — Au cours des trois dernières nuits, une pluie de soufre assez abondante s'est abattue sur le Mans et la région. Cette poudre jaunâtre offrait les mêmes caractères que le soufre commun. Un brouillard d'apparence cuivrée accompagnait ce curieux phénomène. Le Matin – 22 mai 1910 

Raz de marée en Méditerranée — On nous mande de Perpignan qu'un raz de marée s'est produit hier sur une partie du littoral méditerranéen. En Roussillon, à Canet notamment, ce soulèvement puissant et soudain de la mer a rejeté des barques sur la place. Des maisons ont été envahies par les eaux qui ont causé des dégâts sérieux. Des barques de pêche qui se trouvaient au large sont tombées en détresse et le port de Port-Vendres, prévenu par les soins de la préfecture, dut envoyer des canots de sauvetage et des torpilleurs sur les lieux. Le Temps -22 mai 1910

Orage

D'effroyables orages ravagent le Nord et l'Est de la France - Les dépêches que nous avons reçues de nos correspondants nous signalent que l'orage qui, à Paris, dans la nuit de vendredi a samedi, s'est manifesté par une pluie diluvienne, a eu dans les départements, surtout dans le Nord et l'Est, des conséquences plus graves. Dans la région d'Hazebrouck, de six heures à sept heures du matin, la pluie et la foudre ont sévi avec une violence extrême. Dans un périmètre assez étendu on signale de nombreux incendies d'étables et de granges. Les dégâts paraissent déjà énormes, car dans toute cette région on ne se souvient pas d'avoir vu semblable orage. On signale une inondation à Steenbergue (Nord), où plus de dix maisons ont été envahies par les eaux. Dans un magasin, l'eau a atteint 1 mètre 20. Dans la région d'Aire-sur-la-Lys, toute la campagne est submergée sous plus d'un mètre d'eau. A Saint-Omer et dans les environs, l'orage a été terrifiant. La foudre est tombée en plusieurs endroits, notamment au bureau de poste, sur la tourelle supportant les fils de communication dont la presque totalité fut brûlée par le fluide. Le feu prit immédiatement au tableau téléphonique, causant une panique parmi le personnel de service. Les communications télégraphiques et téléphoniques sont interrompues à cause des dégâts subis par les appareils. A Nœux-les-Mines, la foudre est tombée en divers endroits et notamment sur le Clocher de l'église. De nombreux poteaux de la ligne du chemin de fer ont été mis hors d'usage. La campagne, aux entours de Cambrai, est ravagée. Dans les Vosges, à Remiremont, les récoltes ont été ruinées par la grêle. Dans l'Auxerrois les dégâts sont également considérables. Mais à Dijon, c'est un véritable cyclone qui s'est abattu sur la région, grossissant subitement les rivières au dessus du niveau atteint lors des dernières inondations. Dans les villages de Blaisy-le-Bas, des Laumes, d'Arnay-le-Duc, des torrents d'eau jaunâtre surprirent les habitants en plein sommeil et on dut opérer des sauvetages. A Arnay, il y eut un noyé; une quantité de bétail périt dans les flots furieux. Enfin la foudre est tombée sur le train 1185, allant de Beaune à Allerey. Le mécanicien, le chef de train et plusieurs voyageurs ont été légèrement atteints. A Troyes, l'ouragan a détruit l'admirable verrière historique de l'église Saint-Nizier. On signale également de graves dégâts à Saint-Léger, à Moussey et à l'Isle-au-Mort. Dans la région de Compiègne, sous la violence de la rafale, les cheminées tombèrent; les dégâts sont énormes. L'église de Mareuil-la-Motte s'est écroulée. Elle datait du quinzième siècle. Le Matin – 22 mai 1910


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