Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
CPA Scans
17 juin 2010

Les actualités du 17 juin 1910

mai 1910 16 juin 1910   juin 1910   18 juin 1910 juillet 1910

Horrible drame dans la montagne

Alpinistes

Grenoble, 16 juin — Aujourd'hui, vers midi, deux groupes, composés l'un de chasseurs alpins et l'autre d'alpinistes des sociétés de Grenoble, ont découvert dans le lit de la Roize deux alpinistes, M. Allimand et Mme Baronnat, qui depuis dimanche, étaient égarés dans la montagne. M. Allimand était mort, mais Mme Baronnat ne portait que des blessures sans gravité et ne souffrait que de misère physiologique. M. Allimand, qui avait une jambe brisée, avait succombé, d'après sa compagne, hier matin vers sept heures.

Tous deux, trompés par le brouillard, avaient voulu, dimanche soir, coûte que coûte, gagner le village de Pommier, en suivant la Roize. Mais ayant perdu le sentier, ils tombèrent d'une hauteur de dix mètres sur une petite plate-forme au-dessous d'une cascade. Ils passèrent ainsi quatre-vingt-dix-huit heures sans provision d'aucune sorte, lui, souffrant horriblement de sa blessure, elle, attendant à chaque heure la mort qu'elle prévoyait comme inévitable. Ils étaient, en effet, tombés au bord d'un gouffre à pic dont les bords escarpés ne pouvaient permettre l'escalade.

C'est par miracle qu'ils y furent aperçus ce matin, car nul n'avait songé jusqu'à ce jour à explorer cet endroit considéré comme inaccessible. Mme Baronnat a été transportée sur une civière vers huit heures du soir dans un habert voisin, sur la montagne du Chalet. Quant au cadavre de M. Allimand, on a dû renoncer à le sortir ce soir du lit de la Roize. La nuit tombante et le brouillard rendaient en effet tout travail de sauvetage impossible.

Détail tragique : M. Allimand, quelques instants après sa chute, s'étant rendu compte de l'impossibilité où il se trouvait de gravir le bord de sa prison de pierre, avait lancé à l'eau son chapeau, un panama, sur la bande de cuir intérieur duquel il avait écrit ces mots : "Nous sommes perdus dans la Roize ; si quelqu'un nous retrouve, nous lui donnerons tout ce qu'il voudra." Et il avait signé. Son chapeau a été découvert ce soir. Les lignes écrites par M. Allimand sont encore parfaitement lisibles. On ne devait, hélas ! le retrouver qu'après sa mort.

Le Matin – 17 juin 1910


EN BREF

Chasse au tigre sur le pont d'un paquebot – Brême, 16 juin - Le paquebot allemand Raimes, qui transportait vers l'Amérique du Sud un lot d'animaux sauvages destinés à peupler diverses ménageries a été, en route, le théâtre d'une étrange aventure. Un superbe tigre royal, qui faisait partie de la collection, réussit à forcer la sortie de sa cage. Il se glissa dans la cabine d'équipage, laissée ouverte, et il attaqua le cuisinier, endormi dans son hamac. Aux cris désespérés de l'homme labouré par les griffes du tigre, tout l'équipage accourut; Les marins cernèrent la bête et la forcèrent à monter sur le pont. Mais il n'y eut pas moyen de la faire rentrer dans sa cage. Le tigre se défendit avec rage. Les marins firent alors usage de leurs revolvers. Blessé par plusieurs balles et serré de près, le tigre sauta par-dessus bord et disparut dans les flots. Le Petit Journal – 17 juin 1910

Il tue son collègue en voulant rattraper sa casquette - Ferrières-en-Brie, 16 Juin - MM.Ernest Jaggi et François Boucharin, laitiers en gros, à Paris, passage Stainville, ont été victimes, hier soir, au lieu dit Les Quatre-Chemins à proximité de la commune de Ferrières-en-Brie, d'un accident d'automobile qui a causé la mort de l'un d'eux. En voulant rattraper sa casquette que le vent emportait, M. Boucharin, propriétaire de la voiture, donna un malencontreux coup de volant qui provoqua une formidable embardée. L'automobile qui filait à vive allure alla donner contre un peuplier qui borde la route; le choc fut d'une violence extrême.M. Jaggi, retrouvé sur le volant, avait été tué net, le thorax défoncé, il avait succombé à une hémorragie interne ; son cadavre fut transporté à Bussy-Saint-Georges et fut déposé dans l'église en attendant l'arrivée d'un fourgon funéraire. M. Jaggi n'était âgé que de 38 ans, il était marié et père d'un garçonnet de 12 ans. Quant à M. Boucharin, âgé de 50 ans, il porte des plaies affreuses à la tête ; il lui a été impossible de répondre aux questions qui lui ont été posées. Le Petit Journal – 17 juin 1910

Sentinelle tuée par erreur — Nimes, 15 juin - Un drame douloureux, s'est déroulé cette nuit au champ de tir de Massillan. Le fantassin Susini a été tué par l'artilleur Bros dans les circonstances suivantes : Vers minuit. Susini qui était placé de faction en sentinelle double avec son camarade Louis Sablayrolles à la poudrière, quitta son poste pour se diriger vers un bâtiment situé à deux cents mètres de distance. Ce bâtiment contient également des munitions de guerre ; c'est dire que son abord est rigoureusement interdit. Deux sentinelles étaient postées devant cette poudrière. La nuit était profonde. Brès qui avait entendu un léger bruit fit les sommations règlementaires ; d'une voix forte il cria : "Halte-là ! Qui vive ? Je fais feu." N'obtenant pas de réponse et après avoir consulté son camarade Antonin vigne qui était à ses côtés, il fit feu. Susini atteint en pleine poitrine fut tué sur le coup ; le malheureux n'a pas dû entendre les sommations Jean-Baptiste Susini était né le 11 janvier 1888 à Serra-di-Scopameno (Corse). Il appartenait à la 3e compagnie du 40e d'infanterie. Son corps a été transporté dans la matinée au dépositoire de l'hôpital, à Nîmes. Le soldat Maurice Brès, qui a commis cet homicide par une stricte observation des règlements, est consterné ; son désespoir est navrant. Le Temps – 17 juin 1910


Publicité
Commentaires
Publicité
Archives
Publicité