Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
CPA Scans
16 juillet 2010

Les actualités du 16 juillet 1910

juin 1910 15 juillet 1910   juillet 1910   17 juillet 1910 août 1910

Mystérieux assassinat d'une actrice à Londres: on n'a pas encore retrouvé sa tête...

Belle Elmore

Justice

uk

Londres, 15 juillet — Toute la police anglaise est sur pied pour tâcher de découvrir le docteur Crippen, qui assassina sa femme, la belle Elmore, et enfouit dans sa cave, sous trois pieds de chaux, le cadavre horriblement mutilé de sa victime. Toute la côte anglaise est étroitement surveillée afin d'empêcher le docteur Crippen de quitter l'Angleterre, au cas où il y serait encore, en compagnie de sa maîtresse, miss Le Neve.

A Scotland-Yard cependant, où l'on semble croire à l'arrestation prochaine du coupable, on a déclaré cet après-midi qu'il était tout à fait possible que l'assassin et sa maîtresse, soupçonnée d'être sa complice, eussent gagné la France ou la Belgique depuis leur disparition, qui date déjà de six jours. Cette hypothèse est confirmée, par une déclaration qu'a faite ce soir la mère de miss Le Neve. Cette dernière, en rendant tout dernièrement visite à sa mère, semblait assez nerveuse et déclara qu'elle allait partir avec son mari pour passer quelques jours en France.

Une autre déposition intéressante a été faite aujourd'hui également. Une voisine du docteur Crippen déclare qu'elle entendit, pendant une nuit du mois de mars dernier, des cris perçants provenant du n° 39 de Hilldrop Crescent. Emue, elle se mit à sa fenêtre, mais ne perçut plus rien. Son fils, lui aussi, avait entendu les cris et lui en parla le matin suivant.

Mrs. Cora Crippen, la victime, appartenait à la noblesse polonaise. On sait cependant, aujourd'hui, que son père, presque ruiné, tenait une grande épicerie qu'il avait montée à Brooklyn, où tous deux étaient très connus. Après la mort de son père, la belle Elmore découvrit des papiers qui lui révélèrent qu'elle était l'héritière d une fortune assez rondelette, et du titre polonais de baronne Makomaski.

Jusqu'à une heure très avancée de la nuit, la police a fouillé et bêché dans la maison du 39, Hilldrop Crescent, mais sans faire aucune nouvelle découverte intéressante. La cause de ces travaux est que l'on n'a pas encore trouvé la tête de Mrs. Crippen. L'autopsie du cadavre de la belle Elmore aura lieu lundi.

Le docteur Crippen, l'auteur de ce crime sensationnel, mena toujours, en Angleterre, une vie très active. Il avait pris à son service, depuis la disparition de sa femme, une jeune Française qu'il avait ramenée de Boulogne, lors d'un récent séjour en France. La jeune domestique, interrogée par Scotland-Yard, a prétendu tout ignorer. Elle a d'ailleurs été renvoyée dans sa famille. Le docteur Crippen avait donné à son cabinet dentaire de New-York street, une grande extension, et avait fondé dans Kingsway un bureau consacré à la vente de certaine pommade opérant la guérison des rhumes, du mal de tête, des maux d'estomac, des cors, de la surdité, etc.

C'était, parait-il, un commerçant extraordinaire. Je n'ai jamais vu un aussi drôle de charlatan, dit une personne qui lui rendit visite un jour. Je me rappelle parfaitement cet homme. Je pense que Crippen est le seul docteur que j'aie jamais vu habillé de façon aussi baroque : une redingote et une chemise de couleur affreusement criarde, dont le plastron était orné d'un diamant qui eût valu vingt fortunes s'il eût été vrai. On pouvait lire dans ses yeux caves et sur sa physionomie lasse, l'histoire d'une, vie misérable.

Le docteur Crippen disait toujours qu'il n'était nullement jaloux que sa femme, lorsqu'elle paraissait en scène, eût de nombreux; admirateurs. Maintes fois la belle Elmore présenta à son mari, qu'elle disait être son frère aîné, des messieurs qui lui offraient des bouquets après les représentations.

Le docteur Crippen semblait fort peu s'en soucier. Une ancienne amie de Mrs. Crippen dit que cette dernière se vantait souvent d'avoir du sang chinois dans les veines. Quelque temps avant de s'installer au 39, Hilldrop Crescent, elle avait fait apposer sur la porte de son élégant appartement de Storr street, une plaque portant la mention suivante : Belle Elmore. Articles de toilette. Cette amie de Mrs. Crippen ajoute que le docteur lui fit toujours une très désagréable impression. J'ai toujours éprouvé une profonde aversion pour cet homme, dit-elle. Son visage, constamment couvert de petits boutons purulents, avait quelque chose de sinistre qui vous glaçait...

L'affaire Crippen - 1. Le CrimeL'affaire Crippen - 2. La fuiteL'affaire Crippen - 3. L'arrestationL'affaire Crippen - 4. La condamnation

L'affaire Crippen - 5. L'éxécution


Le Matin – 16 juillet 1910


EN BREF

Province terrorisée par des chiens enragés - Rome, 15 juillet. — On a eu à enregistrer depuis quelques mois dans la province de Lecce, près de deux cents cas de rage. Il y a une dizaine de mois, soixante chiens furent mordus par un de leurs congénères enragé. Quarante furent abattus, mais une vingtaine parvinrent à échapper aux recherches, ils ont fait une foule de victimes. Cent quatre-vingts personnes ont été soumises au traitement antirabique et vingt sont encore en observation. On procède à un énorme abattage de chiens dans la province. Le Matin – 16 juillet 1910

La Main Noire terrorise l'Allemagne - La Main noire a remplacé ici l'éventreur qui, l'an dernier, terrorisa Berlin. De tous côtés, on reçoit maintenant des lettres menaçant de vous faire sauter, ainsi que votre maison, si vous ne déposez pas une somme fixée à tel endroit déterminé. Les mauvais plaisants s'en sont naturellement mêlés, mais une véritable inquiétude commence à régner. L'attentat à la dynamite contre l'hôtel de ville de Friedberg, celui qui l'avait précédé, dans la maison d'un banquier francfortois, et enfin celui dont vient d'être victime M. Kratz à Lichtenrad font croire à de nombreuses personnes que tous sont l'œuvre d'une même bande. D'autre part, aujourd'hui, la police de Hambourg est sur pied, plusieurs personnes, parmi lesquelles un rentier, M. Augusto de Freitas, ayant reçu une lettre adressée au nom de la Main du Diable et qui menace le destinataire de mort violente s'il ne donne pas la somme exigée de lui. Gardez-vous de trahison, conclut la lettre en question, sinon votre mort est certaine. Dans la missive adressés à M. de Freitas, les menaces concernent surtout son enfant A Berlin comme à Hambourg, de nombreuses personnes ont été arrêtées, puis relâchées, leur culpabilité n'ayant pu être établie. Le Matin – 16 juillet 1910

Bayadere

Le maillot de la belle Fatma - Strasbourg, 15 juillet — Il faut rendre cette justice à la police munichoise qu'elle fait tout ce qui est humainement possible pour sauver les bonnes mœurs allemandes. Certes, il lui arrive assez fréquemment de découvrir, de-ci de-là, un foyer de perversion dans ses propres murs, mais il est évident que cela tient à un fâcheux état de choses général. La police de Munich, nous le répétons, sait faire tout son devoir. Que si vous en doutiez encore, l'exemple suivant puisse vous édifier. Dans un music-hall de la capitale bavaroise, une femme orientale exécutait tous les soir la danse du ventre. Rien de plus naturel en somme, car on se demande ce qu'une Orientale pourrait bien faire, sinon de se livrer à cet exercice un peu spécial. Les Munichois cachent sous des apparentes placides un sens aigu des choses d'art. Aussi le music-hall était-il bondé tous les soirs. La direction faisait des affaires d'or. Mais un malheur est bien vite arrivé : voici que la police intervint. Le commissaire estima que l'exercice auquel se livrait la belle Fatma était décidément trop suggestif, et il exigea que l'artiste chorégraphique revêtît un maillot. Pour le coup, les Munichois — eux, qui ne s'emballent guère que lorsqu'on augmente le prix de la bière — se fâchèrent. Un comité d'artistes courroucés se constitua immédiatement et étudia la question de visu. Sur ce, un long rapport détaillé fut adressé au président de police; ce rapport conclut énergiquement a la suppression du maillot, au nom de l'art. Nous l'avons dit : Munich est le foyer artistique de l'Allemagne du sud. Le président de police se laissa donc convaincre. Du coup la danseuse orientale, un moment boycottée, a reconquis toutes les sympathies de son public. Le Matin – 16 juillet 1910


Publicité
Commentaires
Publicité
Archives
Publicité