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29 juillet 2010

Les actualités du 29 juillet 1910

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Les États-Unis s'invitent dans le jeu colonial

Legation americiane - Monrovia - Liberia

La petite république nègre de Libéria, est sur le point de voir sa situation internationale profondément modifiée par l'intervention des États-Unis dans ses affaires. Cette petite république fondée par des esclaves noirs libérés d'Amérique est située sur la côte occidentale d'Afrique entre la colonie anglaise de Sierra-Leone et les colonies françaises de la Guinée et de la Côte-d'Ivoire. Son existence politique remonte à 1847. Dès l'année 1848 la France et l'Angleterre firent saluer le drapeau libérien par des navires de guerre. Quant aux États-Unis, ils ne reconnurent qu'en 1862 l'indépendance libérienne.

Bien qu'existant depuis soixante ans, ce petit pays ne s'est pas beaucoup développé. Son autorité n'est incontestée que sur un très faible territoire, ses finances ne sont pas en bon état et son développement économique aurait pu être tout autre; Le Libéria est peuplé de deux catégories de noirs: les autochtones, au nombre de 2 millions environ, et les Libériens proprement dits comprenant 12,000 individus d'origine américaine et 40,000 noirs de toutes provenances. La capitale du pays, Monrovia, compte 8,000, habitants.

Les libériens ont fait des efforts pour avoir un gouvernement régulier, et cela-leur a attiré la sympathie des grands pays, mais aujourd'hui ils se retournent surtout vers les États-Unis. En 1908 il fut décidé d'envoyer une mission diplomatique aux États-Unis pour obtenir assistance du gouvernement américain pour assurer. un arrangement par lequel l'intégrité territoriale de la république serait garantie. A la suite de cette démarche des Libériens, une mission américaine fut envoyée au Libéria et le 25 mars dernier le Congrès des États-Unis était saisi du rapport de cette mission dont voici un résumé

C'est a l'état de choses qui règne sur ses frontières que la république de Libéria doit, dans une large mesure, les difficultés dans lesquelles il se trouve. L'arrière pays de Libéria est une région à peu près inconnue gui n'a pas de population régulière. On y rencontre des troupes indigènes hostiles pour la plupart a la république. On y voit d'ici de là quelques Français, et quelques Anglais. D'un côte, le gouvernement de Libéria est en fait incapable d'administrer cette région et d'en faire la police. De l'autre, l'Angleterre et la France insistent pour rendre le gouvernement de Libéria responsable de la sécurité de leurs nationaux respectifs. Dans ces conditions, l'Angleterre a obligé là république a faire commander sa police de frontière par des Anglais, pendant que la France revendique le droit d'établir des postes pour protéger ses nationaux en territoire libérien là où l'autorité locale est insuffisante.Une frontière aussi mal définie équivaut a l'absence de frontière et les voisins s'avancent à l'intérieur à la suite des nationaux qu'ils protègent.

Les commissaires estiment que, livrée a ses propres forces, la république de Libéria est incapable d'obtenir la fixation définitive de ses frontières et bien que ses négociations dans le passé n'aient pas manque d'habileté, elle a été constamment obligée de céder devant chaque nouvelle agression. Les commissaires estiment que sans enfreindre les usages diplomatiques, il est possible aux États-Unis d'agir comme fondé de pouvoir, en ami le mieux qualifié de Libéria et de faire intervenir dans les négociations libériennes l'habileté et le prestige des États-Unis.

Dans le passé, lorsque les Américains agirent commet next friend pour aider et empêcher les empiétements étrangers sur la souveraineté territoriale de Libéria ou aider au règlement du conflit, il fut généralement répondu a leurs observations, que l'affaire avait été réglée directement avec Libéria. Il conviendrait donc qu'il existât un traité conférant aux Américains le rôle de fondés de pouvoir de Libéria en matière de controverse internationale. Des précédents diplomatiques existent dans ce sens.

Le total des dettes intérieure et extérieure ne dépasse pas un million et demi de dollars. Les États-Unis pourraient faire a Libéria ce qu'ils firent à Saint-Domingue: établir un système de perception et un contrôle des revenus libériens pour l'avantage des Libériens et de leurs créanciers. Les agents contrôleurs entreprendraient également une réorganisation financière. Les États-Unis aideraient la République a constituer et a exercer un corps de gendarmerie.ou de police de frontière pouvant lui permettre de régler les questions de délimitations avec ses puissants voisins du nord et de l'est.

L'établissement d'une frontière nettement déterminée imposerait a la république des responsabilités précises qui lui seraient plutôt préjudiciables si elle ne possédait pas un corps de police de frontières suffisant. Le Libéria convient que les Américains établissent et entretiennent dans le Libéria une station d'études pour le développement des ressources agricoles et naturelles, et le développement de l'hygiène, les Américains étant très qualifiés, grâce a leur expérience des climats tropicaux de Cuba, de Panama et des Philippines. Il faut aux Américains une station navale de charbon afin qu'ils soient en mesure d'exercer les bons offices présentés. Ces bons offices constituent un devoir des Américains envers un pays qu'ils ont créé et qui est leur pupille.

Le ministre des États-Unis est à bord du croiseur Birmingham, en route pour Monrovia, où il sondera le gouvernement libérien au sujet du traité ayant ces objets en vue.

Le rôle de la France à l'égard du Libéria n'a pas été tel que ce résumé parait le représenter. La France a traité le Libéria dans un esprit singulièrement amical. Pour respecter son arrière-pays la France a arrêté son expansion dans des régions restées si parfaitement indépendantes du gouvernement de Monrovia que ce sont nos escortes sénégalaises seules qui ont permis aux délégués libériens de passer au milieu des populations hostiles des pays à délimiter. La délimitation par laquelle nous nous sommes volontairement arrêtés à plus de 200 kilomètres de la côte, non devant les réalités présentes mais devant les possibilités d'avenir du Libéria,a été généreuse de notre part, voilà ce que le Libéria ne doit pas oublier, et ce que les États-Unis ne doivent pas oublier non plus. Nous sommes ceux qui ont avec le Libéria la plus longue frontière commune, puisque la Guinée et la Côte d'Ivoire nous font voisins de ce pays sur 800 kilomètres alors que l'Angleterre ne l'est que sur 200, et ce fait, comme notre attitude amicale, nous crée des droits qui ne doivent pas être méconnus.

Journal des débats politiques et littéraires – 29 juillet 1910


EN BREF

Justice

uk

Le Docteur Crippen est retrouvé - Montréal, 28 juillet - Cet après-midi le vapeur Montrose a radiotélégraphie que le docteur Crippen, recherché pour l'assassinat de l'actrice Bell Elmore, sa femme, se trouve à bord. Le télégramme est muet sur la présence de miss Le Neve. Le Montrose, on le sait, se rend au Canada. Aussitôt débarqué, Crippen sera arrêté et livré à la police anglaise pour être ramené à Londres, théâtre du crime. On attend l'assassin à Montréal. Une foule énorme de curieux attend depuis vingt-quatre heures l'arrivée du Montrose, qui doit amener le dentiste assassin de Londres. Le détective anglais Dew arrive demain matin. Le vapeur Montrose n'arrivera que samedi matin. Quelques dépêches ont pu être échangées par la télégraphie sans fil avec le capitaine du bateau, qui a déclaré que l'assassin a pu être identifié. Le Gaulois – 29 juillet 1910 L'affaire Crippen - 1. Le crimeL'affaire Crippen - 2. La fuiteL'affaire Crippen - 3. L'arrestationL'affaire Crippen - 4. La condamnationL'affaire Crippen - 5. L'éxécution 

Incident de frontière entre Turquie et Montenegro - Salonique, 28 juillet - Près de Plava, district de Gysimié, des Monténégrins ont fait irruption sur le territoire turc et ont attaqué des villages musulmans. De nombreux habitants des villages ont été blessés et trois ont été tués. La garde-frontière turque, qui est intervenue, a eu trois hommes grièvement blessés. Les Monténégrins ont été repousses de l'autre côté de la frontière. Le Gaulois – 29 juillet 1910

Nageur 2

Un nageur intrépide bat tous les records - Rome, 28 juillet - Le nageur Cattaneo s'était proposé d'accomplir un raid de soixante kilomètres sur le Tibre. Parti ce matin, à neuf heures, du pont Del-Grillo, près Monte-Rotondo, et suivi d'autoscaphes barques, il traversa Rome au milieu des applaudissements de la foule qui stationnait sur les ponts et les quais le long du Tibre. Cattaneo, sans s'arrêter jamais, est arrivé à huit heures dix du soir, au pont de la Magliana, parcourant cinquante-neuf kilomètres deux cents mètres. A cause de l'obscurité il échoua dans la boue et dut être pris à bord. Cattaneo a battu ainsi tous les records du parcours. Le Gaulois – 29 juillet 1910

Une princesse égyptienne blessée - Annecy, 28 juillet - Hier soir, à Amphion, près d'Evian, une automobile venant de Genève croisa deux cyclistes venant en sens contraire. C'était la princesse Hassan Rassem Bey, âgée de vingt-six ans, qu'accompagnait son neveu, le prince Mandouh. Ces deux personnes appartiennent à la famille khédiviale, et ils étaient venus du Caire en villégiature sur les bords du lac Léman. La princesse, effrayée par le bruit de la corne de l'automobile, fit un faux mouvement et tomba sur la route. Le chauffeur bloqua ses freins immédiatement, mais il était déjà, trop tard ; une des roues de sa voiture avait pris et entortillé la robe de la princesse Hassan, et la malheureuse fut traînée jusqu'à l'arrêt de l'automobile. On la releva dans un état pitoyable : plusieurs côtes enfoncées, des blessures à la jambe gauche et le visage meurtri. Le médecin, appelé en toute hâte, ne peut encore se prononcer sur l'état de la blessée. Le Gaulois – 29 juillet 1910


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