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17 août 2010

Les actualités du 17 août 1910

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La guerre sous terre

Soldats du genie creusant une tranchée

Saint-Quentin, 16 août. Des manœuvres de place du plus grand intérêt et dont le spectacle était encore inédit en France, viennent d'être exécutées au fort de Vendeuil. Alors que l'aéroplane triomphe et consacre une nouvelle tactique de guerre aérienne, les mineurs du génie faisaient la démonstration pleine d'intérêt d'une nouvelle méthode d'action souterraine dont les Japonais furent les innovateurs. Après le circuit de l'Est et les expériences de Vendeuil, il semble que les mouvements d'armée sur la surface du sol ont singulièrement perdu de leur valeur tactique et que la guerre de demain aura pour champ d'action les grands espaces du ciel et les entrailles du sol.

Le ministre de la Guerre avait décidé que des exercices de mine à double action auraient lieu au fort de Vendeuil qui vient d'être déclassé. Ces exercices devaient être exécutés par les compagnies du génie affectées à la défense des places fortes. Ils ont commencé le 15 juillet, avec le concours de trois compagnies arrivées à cette date au fort de Vendeuil et placées sous le commandement du chef de bataillon Fillionneau. Ces trois compagnies avaient pour mission théorique la défense du fort par une contre-attaque souterraine. Le point initial de leur travail de taupes était au fossé du fort, sous les glacis où les trois compagnies de défense entreprirent des travaux de contre mines.

Cinq compagnies d'attaque, représentaient l'assiégeant venant des places fortes de l'Est : deux de Toul, une de Belfort, une d'Epinal, une de Verdun. Elles étaient placées sous le commandement du chef de bataillon Cambier, commandant le 20e bataillon du génie à Toul, et se présentaient devant le fort de Vendeuil le 31 juillet au soir.

Le 1er août, à l'aube, l'assiégeant commençait les premiers travaux d'approche, d'où devaient partir les différentes attaques souterraines destinées à bouleverser le système de contre-mines préparé par les trois compagnies de défense. L'objectif des compagnies d'attaque était de culbuter la double caponnière située dans le fossé du fort et que l'artillerie assiégeante supposée n'avait pu réduire. Pour cela, il était nécessaire de renverser d'abord le mur de contre-escarpe, afin de déboucher dans le fossé, d'y cheminer pour aller détruire l'organe de flanquement.

Le réseau souterrain fut construit, soit en galeries devant être utilisées ultérieurement pour les communications, soit en rameaux. A l'extrémité de ces rameaux, des charges de poudre de plusieurs centaines kilogrammes étaient placées, avec des détonateurs commandés par un cordeau à mélinite. Le poids de la matière explosive était culé de façon à creuser par déflagration une série d'entonnoirs où l'assiégeant s'installait après les avoir organisés et couronnées de gabions et de fascines. C'est de cette série d'entonnoirs que de nouvelles attaques étaient poussées sur le fort, en s'enfonçant à sept et huit mètres profondeur, afin de gagner du terrain d'obliger la défense à faire partir ses fourneaux de mine et à détruire, elle-même son système de contre-mines.

Dans les exercices qui viennent d'avoir lieu à Vendeuil et se sont terminé hier, c'est après 12 jours d'activité que les travaux d'attaque, poussés vigoureusement ont pu prendre contact avec les lignes souterraines principale de la défense. La manœuvre fut alors arrêtée, pour raison d'économie. On avait brûlé beaucoup de poudre. Et d ailleurs le résultat cherché était acquis, puisqu'on obligeait la défense à abandonner son système de contre-mines dans lequel l'assaillant allait pénétrer.

Du côté de la défense du fort, il y a lieu de dire que les explosions ne peuvent être comparables à celles de l'attaque. Ces explosions n'ont en effet d'autre but que celui de détruire les travaux d'attaque au fur et à mesure qu'ils avancent. Au contraire, les travaux d'attaque ayant pour objet de créer des entonnoirs permet tant aux troupes de s'y défiler nécessitent l'emploi de charges de poudre formidables, 500 et 1.000 kilogrammes par charge.

L'effet de ces explosions était véritablement prodigieux. Sur un rayon de plusieurs kilomètres, les habitants de la région avaient reçu le conseil de laisser ouvertes les fenêtres de leurs habitations, afin d'éviment le bris des vitres, causé par l'ébranlement de l'atmosphère.Après ces explosions, quand la fumée et la poussière s'étaient dissipées, la configuration du sol était changée. De véritables abîmes s'étaient ouverts dans la plaine éventrée. La poudre de mine seule fut employée. La mélinite servait exclusivement à la mise à feu.

La direction de ces très intéressantes manœuvres - qui rappellent la guerre russo-japonaise et ont été inspirées par les leçons que nos attachés militaires ont pris sur les champs de bataille de Mandchourie — avait été confiée au lieutenant-colonel Albinal, du 3e génie Avant hier, samedi, dernier jour des exercices, plusieurs généraux ont assisté à la chute de la place.

Le Petit Parisien – 17 août 1910


EN BREF

Une jeune femme sauve un noir du lynchage - Une jeune militante socialiste de Eaton, en Georgie, la citoyenne Gusie Hillhouse, vient de donner un bel exemple à tous ceux qui, par leur veulerie, se rendent complices des atroces scènes de lynchage dont les Etats-Unis sont trop souvent le théâtre. Une foule surexcitée, d'une centaine de personnes environ, poursuivait un malheureux noir du nom de Will Ingram, accusé d'un vol et qui, arrêté, s'était échappé de sa prison. La foule, composée de blancs, voulait purement et simplement lyncher Ingram, sans doute avec d'horribles raffinements de cruauté. Le malheureux nègre, à bout de forces, arriva près de la citoyenne Hillhouse qui se rendait à la réunion du club socialiste et, en tombant à ses pieds, lui tendit un revolver. La citoyenne Hillhouse, se rendant compte de sa situation, s'en saisit et, se plaçant devant Ingram, l'arme au poing, elle fit face à la meute sauvage qui arrivait en poussant des hurlements de mort. Avec calme, elle déclara : Le premier qui touche à ce malheureux, je lui brûle la cervelle ! Cette attitude admirable de courage et de sang-froid en imposa aux forcenés. Avec la mobilité d'esprit habituelle aux foules, on vit soudain les lyncheurs acclamer la citoyenne Hillhouse et lui jurer qu'aucun mal ne serait fait à son protégé. Le chef de la bande prit par le bras Ingram et se mit à sa droite, tandis que la citoyenne Hillhouse se plaçait à sa gauche. On le reconduisit ainsi à la prison, sans qu'il lui eût été fait le moindre mal. Le bel acte de la jeune militante socialiste est l'objet de commentaires justement admiratifs dans toute la presse américaine. L'Humanité – 17 août 1910

Phénomènes astronomiquesOn nous signale de Saint-Jean-le-Thomas, par Sartilly (Manche), un phénomène astronomique aperçu dans la nuit de jeudi à vendredi dernier. Auprès du petit village de Carolles, des personnes qui revenaient en voiture de Granville entre minuit et une heure du matin eurent l'impression de se trouver dans le faisceau lumineux d'un gigantesque phare. Ce faisceau venait directement du ciel à la terre. Pendant qu'ils l'admiraient, les observateurs virent surgir dans le ciel étoile un astre avec une chevelure analogue en petit à celle des comètes : on l'aperçut pendant une demi-minute, puis il éclata en répandant une pluie d'étincelles. Le phénomène fut suivi d'un autre identique mais sans projection lumineuse. Ensuite, de nombreuses étoiles filantes furent aperçues, ce qui n'a rien de surprenant, car au mois d'août il y a toujours des passages d'essaims d'étoiles filantes. On peut penser que les deux astres à éclatement étaient des bolides dont la vive lumière illumina le ciel un peu avant leur explosion. Hier soir, dans la région de Paris, le coucher du soleil a été d'une variété et d'une beauté de coloris particulières : les rouges, les orangés, les verts, les violets se superposaient et se mélangeaient à l'ouest qui était nuageux, dans une véritable fantasmagorie. On peut penser et surtout espérer qu'il y a là un indice de retour final du beau temps et de la chaleur et que le mois de septembre sera plus normal et plus agréable que les mois du soi-disant été qui l'ont précédé. Le Temps – 17 août 1910


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