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CPA Scans
26 août 2010

Les actualités du 26 août 1910

Sanglant épisode de grève à Margency

Chateau de Margency

Hier matin, le château de Montgarni, à Margency, en Seine-et-Oise, situé non loin de Montmorency, et appartenant à M. Paul Le Roux, sénateur de la Vendée, actuellement absent, a été le théâtre d'une véritable bataille à coups de fusil et de revolver entre des ouvriers grévistes et le personnel du château. Au cours de la bagarre, plusieurs grévistes dont on ignore le nombre, ont été blessés. Voici, sur cette regrettable affaire, les renseignements circonstanciés que nous avons recueillis.

Des ouvriers maçons, au service de M. Bondon, entrepreneur de travaux à Saint-Prix, étaient occupés à construire un mur de trente mètres de long, destiné à remplacer une haie vive donnant sur la ruelle de l'Avenir, lorsque, vers 9 heures du matin, un groupe important de grévistes qui avaient fait cause commune, avec leurs camarades du canton de Montmorency, en grève depuis quelque temps, se présentaient devant le château pour y faire la chasse aux "renards".

Aussitôt arrivés devant la propriété, les grévistes, au nombre d'une soixantaine, se mirent à chanter l'Internationale et menacèrent les travailleurs qui étaient commandés par le contremaître, M. Alfred Dienay, demeurant à Saint-Prix. Menacés, les ouvriers se retirèrent à l'intérieur du château en traversant le parc. Pendant ce temps, des grévistes se mirent à démolir les échafaudages et à renverser les tonneaux d'eau servant à faire le mortier. Puis, ils s'emparèrent des musettes dans lesquelles les hommes avaient apporté leur premier déjeuner. Non contents de ces déprédations, les manifestants pénétrèrent à leur tour dans le parc pour y découvrir les "renards" qu'ils cherchaient, mais ceux-ci s'étaient barricadés dans le pavillon du jardinier-chef, M. Prosper Auclair, et dans lequel se trouvait à ce moment Mme Auclair et ses deux enfants. La pauvre femme se trouva mal de frayeur.

Cependant, le jardinier-chef qui travaillait au curage d'une pièce d'eau à 300 mètres de là, et ses deux aides, MM. Gabriel Vieillard et Rodolphe Bourdon, en voyant la bande se diriger vers le pavillon, s'élancèrent armés de fourches sur les assaillants. Ceux-ci, en voyant que ces trois hommes n'étaient pas de ceux qu'ils cherchaient, se retirèrent, puis, arrivés à la porte du château, tirèrent, à une distance d'environ cinquante mètres, une trentaine de coups de revolver qui n'atteignirent personne. Au bruit des détonations, M. Auclair, qui était rentré chez lui, prit son fusil de chasse chargé de plomb n° 7 et tira un premier coup en l'air afin d'intimider les grévistes. Voyant qu'on tirait en l'air, les assaillants recommencèrent le feu à coups de revolvers. Alors, le jardinier-chef, devant cette nouvelle attaque, abaissa de nouveau son fusil et fit feu dans le groupe, à une distance de 50 mètres.

Des cris de douleur se firent entendre et des grévistes, dont plusieurs avaient été blessés, s'enfuirent en emmenant les victimes, dont on ignore le nombre. Le maire de Margency, M. Marinier, croit avoir aperçu deux des manifestants sérieusement atteints ; et une dame Emery, demeurant à Margency, a vu sept individus se laver et se panser à une borne-fontaine située non loin de chez elle à l'angle de la Grande-Rue et de la rue de Montmorency. Ces faits ont causé unie vive émotion à Margency où l'on craint le retour des assaillants.

Le Petit Journal – 26 août 1910


EN BREF

Tsar

Le tsar arrêté par des gendarmes allemands - Berlin, 25 Août. Le Berliner Tagblatt rapporte un incident qui s'est produit pendant le récent séjour du tsar à Wolfsgarten. L'empereur de Russie se promenait dans le parc en compagnie d'un grand-duc lorsque des gendarmes qui ne connaissaient pas les promeneurs les arrêtèrent parce qu'ils s'étaient engagés dans des voies interdites à la circulation. Afin de ne plus exposer le souverain russe à de pareil inconvénients, on a distribué la plus récente photographie du tsar aux fonctionnaires de police du service de sécurité. Le Petit Journal – 26 août 1910

Une femme obtient son brevet de pilote - Hier matin, à Mourmelon, en présence des commissaires officiels de l'Aéro-Club, Mlle Dutrieu a subi les épreuves que nécessite l'obtention du brevet de pilote aviateur. La jeune femme a passé brillamment le difficile examen, et a satisfait de manière parfaite à toutes les conditions imposées. Mlle Dutrieu n'en est pas à ses premières audaces. On se souvient qu'elle donna jadis, dans un music-hall, un numéro sensationnel d'acrobatie ; La flèche humaine à bicyclette, qui fût interdit par la préfecture de police comme trop dangereux. Le péril ne l'effraie donc pas et il se peut qu'un jour elle rivalise avec nos maîtres de l'air. Elle commença son apprentissage, dès l'année dernière, à Issy-les-Moulineaux, et se tira sans mal de plusieurs chutes assez brutales. Mlle Dutrieu est la troisième femme à qui l'Aéro-Club accorde le brevet de pilote. Mme Delaroche et Mme Noël-Kœchlin la précédèrent sur cette route périlleuse. Le Gaulois – 26 août 1910

Le feu dans la port de Saint-Ouen - Dans l'après-midi d'hier, un peu après quatre heures, le feu s'est déclaré à bord d'un bateau-citerne a pétrole, de la Compagnie des pétroles de l'Etendard, amarré 28, quai de Seine, a Saint-Ouen. Ce bateau était divisé en plusieurs citernes étanches et ne communiquant pas entre elles. Aussi crut-on tout d'abord que le sinistre se limiterait à la citerne incendiée, mais, sous la haute température du foyer initial, les citernes voisines prirent également feu, et, devant l'importance du sinistre, qui menaçait de s'étendre aux autres bateaux, il fallut faire appel aux pompiers de Paris qui tentèrent en vain d'éteindre les quarante-cinq mille litres de pétrole enflammé. On se contenta de préserver les bateaux voisins et les bâtiments installés sur le quai. Six ouvriers occupés à lu réparation d'un réservoir à coté de celui où se déclara le sinistre furent plus ou moins grièvement blessés ; l'un d'eux, M. Franges, a été transporté mourant a l'hôpital de Saint-Denis ; les autres sont : MM Boutet, vingt ans ; Charles Nicquedat, quarante et un ans ; Albert Lemaire, Isidore Juliot et Michelin, qui ont été soignés sur place et reconduits à leur domicile. A dix heures du soir les pompiers de Paris purent regagner leurs casernements respectifs en laissant sous la surveilance des pompiers de Saint-Ouen et de Saint-Denis la carcasse toujours flambante du poteau. L'usine avait pu être préservée. L'enquête ouverte sur les causes du sinistre les a ainsi fixées : une étincelle tombée d'une forge portative installée pour la réparation d'un réservoir a demi-rempli, enflamma sur le sol une nappe de pétrole qui ne tarda pas à communiquer le feu au premier réservoir. Aucune responsabilité personnelle ne saurait être engagée. Le Gaulois – 26 août 1910


 

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