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20 septembre 2010

Les actualités du 20 septembre 1910

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Les confectionneuses en grève se frottent aux forces de l'ordre

couturieres

On pensait généralement que les midinettes, en grève depuis quatre semaines, abandonneraient une lutte devenue inutile et chercheraient du travail dans les ateliers de confection où la saison s'annonce comme bonne. Il n'en est rien. Les midinettes poussées par leur syndicat adoptent une attitude nettement agressive. La manifestation à laquelle elles se sont livrées, à l'issue de la réunion de la Bourse du travail, a donné lieu à de graves incidents. De violentes bagarres ont éclaté rue Sainte-Apolline et rue Réaumur, et, du côté de la police comme du côté des manifestantes, il y eut plusieurs blessés.

Après les exhortations à la résistance de M. Dumas, secrétaire de la Fédération de l'habillement, les confectionneuses avaient quitté la rue du Château-d'Eau par petits groupes et avaient fait mine de se disperser. Ce n'était qu'une tactique pour déjouer la police, et elles se reformaient bientôt rue Meslay au nombre de 200 environ, avec l'intention de gagner les magasins de la rue Réaumur ; aussi leur désappointement fut-il grand, quand à l'angle du boulevard Sébastopol et de la rue Sainte-Apolline, elles se virent barrer la route par un cordon d'agents, qui cherchèrent à les refouler sur le boulevard Saint-Martin. Il y eut quelques bousculades, mais sans gravité, et la majorité des manifestantes était déjà parvenue à l'angle du boulevard, lorsqu'un incident vint tout gâter .

Un des individus, quelque peu équivoques, qui accompagnent les confectionneuses dans leurs promenades, eut une altercation des plus vives avec un agent, et, à bout d'arguments, le frappa à coups de canne ; des collègues du gardien accoururent et cherchèrent à appréhender l'irascible personnage. Il n'en fallut pas davantage pour déchaîner en quelques instants une véritable bataille. Les confectionneuses se précipitèrent sur les agents avec furie ; elles les frappèrent d'abord à coups de poing et de parapluie, puis voyant que ces armes produisaient des résultats peu appréciables, elles dévalisèrent la terrasse d'un café voisin, et se servirent des chaises, des verres, des carafes, comme projectiles.

Les agents, à bout de patience, repoussèrent alors les assaillantes avec vigueur, mais une partie de la foule, qui s'était rassemblée sur le boulevard Sebastopol, prit fait et cause pour les confectionneuses, et la mêlée devint générale. Dans l'étroite rue Sainte-Apolline, ce ne fut pendant quelques minutes que des bagarres se renouvelant sans cesse, et au cours desquelles il y eut plusieurs blessés. Heureusement, M. Michel, officier de paix du deuxième arrondissement, avait été prévenu ; il accourut avec des renforts, il fit charger ses agents : la rue fut bientôt déblayée.

Du côté des agents, deux sont blessés, les agents 81 et 144 du IIIe arrondissement ; ils ont reçu maints horions, et se plaignent de douleurs internes ; parmi les manifestants, plusieurs furent atteintes plus ou moins sérieusement; deux ouvriers tailleurs, MM. Joseph Debrieu et Martin, ont des contusions multiples, et le dernier a une blessure à l'œil gauche ; d'autre part, trois confectionneuses ont dû recevoir des soins dans une pharmacie.

Un peu plus tard, vers onze heures, un groupe d'une centaine de confectionneuses parvint à se reformer, et par la rue du Caire et la rue des Petits-Carreaux, réussirent à approcher des magasins A Réaumur. A l'angle de la rue Dussoubs, elles, se heurtèrent de nouveau à d'imposantes mesures d'ordre, et cette fois elles ne pesèrent pas lourd devant les brigades de reserve, que M. Michel, à la suite de l'échauffourée de la rue Sainte-Apolline, avait réquisitionnées. Ce fut une débandade effrénée, dans toutes les directions ; l'une des manifestantes s'évanouit même ; on la crut blessée, et de nouveaux cris de colère s'élevèrent, mais elle revint rapidement à elle, et les plus enragées cédèrent la place. Un dernier groupe fut dispersé à l'angle de la rue Saint-Denis et de la rue de Turbigo, et à onze heures et demie, le quartier avait repris sa physionomie normale.

La Presse – 20 septembre 1910


EN BREF

Une commémoration en Lorraine - Sur l'initiative du Souvenir français, une cérémonie, commémorative a eu lieu hier dimanche après-midi, à trois heures, à l'église de Plappeville, près de Metz, pour les soldats français morts en 1870 sur le territoire des communes de Plappeville et de Lorry. L'assistance, composée des habitants de ces deux localités et d'un grand nombre de personnes venues de Metz et des environs, était considérable. Dans l'avant-chœur était dressé le catafalque recouvert d'un drap aux couleurs françaises avec les inscriptions : Honneur ! Patrie ! et les insignes de la Légion d'honneur. Devant le catafalque, on remarquait des trophées faits avec des fusils, des sabres et d'autres armes françaises, ainsi que la couronne du Souvenir français cravatée d'un nœud tricolore. A l'issue de la cérémonie, le ruban aux couleurs françaises a été enlevé de la couronne afin d'éviter tout incident. Précédée du cortège, la foule s'est rendue ensuite au cimetière de Plappeville, où la couronne du Souvenir français a été déposée sur la tombe principale des soldats français, tandis que de nombreux bouquets d'immortelles ont été placés par les assistants sur les autres tombes militaires de Plappeville et de Lorry. Un gendarme se trouvait pendant la cérémonie au cimetière. Après la cérémonie, les membres du Souvenir français ont tenu une réunion très nombreuse sous la présidence de M. Jean, délégué général du Souvenir français en Alsace-Lorraine. Il n'y a pas eu d'incident. Le Temps – 20 septembre 1910

Fête des vieillards à Caen - La ville de Caen avait organisé hier une fête des vieillards et une fête du travail que présidait M Henri Chéron, sous-secrétaire d'Etat à la marine. Dans l'après-midi, la municipalité a distribué des prix en argent et des cadeaux offerts par la population aux chefs de famille les plus méritants. Deux cent cinquante vieux serviteurs de la cité ont reçu des médailles et des diplômes. Puis on s'est rendu au champ de courses où plus de cinq cents vieillards de soixante-quinze à quatre-vingts ans avaient pris place dans une tribune magnifiquement pavoisée. Des enfants sont venus leur offrir des fleurs et des fruits, puis devant le drapeau et devant le buste de la République cinq mille enfants porteurs de drapeaux, tous les mutualistes et les sociétés locales ont défilé tandis que des chœurs faisaient entendre des chants patriotiques et ont prêté serment de fidélité à la patrie, à l'armée et au drapeau. Le Temps – 20 septembre 1910

Vol d'un débouchoir de canon — Notre correspondant de Toul nous télégraphie que l'autorité militaire vient d'ouvrir une enquête au sujet du vol d'un débouchoir de canon de 75, qui vient d'être commis à Toul, au 39e régiment d'artillerie, par un maréchal des logis rengagé nommé Simon, de la 5e batterie. Ce sous-officier, demeuré au petit dépôt du régiment parti aux manœuvres, réussit à dérober au magasin de mobilisation le débouchoir en question. Aidé de deux mauvais soldats du dépôt, il emporta cette pièce, la nuit, à quelques kilomètres dans la campagne et l'y enterra. Il fut du reste dénoncé quelques heures plus tard par ses deux complices et mis aussitôt en cellule. Les deux soldats ont révélé l'endroit où fut enterré le débouchoir, qui a été retrouvé intact. Simon, qui a reconnu avoir emporté du magasin l'objet retrouvé, n'a pas voulu donner d'autres explications. Jusqu'alors on n'a procédé à aucune autre arrestation et on suppose que ce sous-officier, à la veille d'être libéré et ayant de grands besoins d'argent, car il avait maîtresse en ville, aura volé le débouchoir qu'il a caché dans la campagne, comptant l'y retrouver plus tard, après être allé en négocier la vente à l'étranger. Le Temps – 20 septembre 1910


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