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6 octobre 2010

Les actualités du 6 octobre 1910

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Révolution au Portugal – La Roi est déposé, la République proclamée

Exil de Manuel II

GuerreportugalLa révolution a éclaté à Lisbonne. Elle y triomphe. Les Républicains, appuyés sur la marine et sur une partie de l'armée, ont donné assaut à la dynastie. A la suite d'une longue lutte, la république a été proclamée. Un gouvernement provisoire a été constitué et la famille royale s'est réfugiée sur un navire. L'événement qui a éclaté soudainement n'a rien de surprenant pour ceux qui ont suivi l'histoire intérieure du royaume dans les trois dernières années.

On se rappelle le drame sanglant qui se déroula dans la capitale, Lisbonne, le 1e février 1908. A cinq heures du soir. Carlos Ier et la famille royale rentraient à leur résidence, venant de Villaviciosa. Le roi, la reine Amélie, le prince royal et l'infant Manuel, second fils du monarque, se trouvaient dans le même landau. Quand la voiture déboucha de la place du Commerce dans la rue de l'Arsenal, des hommes armés tirèrent des coups de feu sur Carlos Ier et sur le prince héritier qui furent transportés à l'arsenal de la marine. Ils y expirèrent peu après. La reine n'avait pas été atteinte, bien qu'elle se fût levée pour couvrir le prince héritier, mais le prince Manuel fut blessé légèrement. Plusieurs des régicides furent tués sur place par la police.

Durant les journées qui avaient précédé le meurtre du roi et de son fils, un véritable soulèvement s'était produit à Lisbonne contre la dictature du premier ministre Franco. Les républicains étaient déjà moralement les maîtres de la capitale ; ils tenaient aussi Porto, la seconde ville du royaume. Les partis dynastiques, régénérateurs et progressistes, qui avaient, durant des années, alterné au ministère, se trouvaient désemparés. Une fraction des conservateurs, avec M. d'Alpoim, se montrait prête à passer à la République. L'armée et la marine ne soutenaient plus que mollement le régime. Allait-il subsister?

Le roi Manuel II lança sa première proclamation au peuple le 1er février 1908. au soir. Agé de dix-neuf ans, il se trouvait tout à coup porté au pouvoir par la mort de son père et de son frère aîné. Il avait été élevé par sa mère, la reine Amélie, une princesse française, qui de bonne heure l'avait confié à des maîtres éprouvée. Son gouverneur avait été le professeur de rhétorique Létao qui. dès qu'il eut atteint l'âge de dix ans, lui traça tout un programme de travail. A quatorze ans, le jeune prince avait visité la Grèce, l'Egypte, la Turquie. De quinze à dix-huit ans, il avait été élève de l'école polytechnique de Lisbonne Depuis le jour où il avait recueilli la succession de Carlos Ier, il s'était appliqué, dit-on, à remplir son métier de roi. Voyages à Paris, à Madrid et à Londres, l'avaient mis en contact avec les hommes d'Etat des pays qui entretiennent avec le Portugal les relations les plus suivies. Il s'attachait à se pénétrer des conditions spéciales de l'Etat qu'il gouvernait : ''Mon devoir de roi, disait-il, est de connaître à fond l'opinion publique, je ne puis y arriver qu'avec l'aide des journaux.''

Mais la Révolution ne cessait de gronder. Les partis monarchiques portugais étaient loin d'avoir conservé un prestige suffisant pour contenir les mouvements de plus en plus marqués de la foule. Des scandales financiers graves, et qu'on avait vainement tâché d'étouffer, s'étaient produits, et d'anciens présidents du Conseil s'y trouvaient compromis. Les fractions dynastiques restaient d'ailleurs armées les unes contre les autres, la gauche et la droite se disputant traditionnellement les avantages du pouvoir ; et par les dissidences qu'elles manifestaient, par la lutte permanente qu'elles entretenaient pour la conquête du ministère, elles frayaient la route à la Révolution. Brusquement, les cabinets s'écroulaient, succombant le plus souvent à des intrigues de couloirs, et à des combinaisons plus ou moins avouées.

Le parti républicain bénéficiait de toutes ces fautes, de même qu'il grandissait par une propagande soutenue, par la valeur propre des idées qu'il défendait. Ses chefs, professeurs d'Université, grands industriels, hauts magistrats, jouissaient de l'estime publique. Ils travaillaient sourdement l'armée et la marine. Les élections récentes avaient doublé leur nombre à la Chambre des députés. A l'heure actuelle, la République triomphe en Portugal. Il semble que le régime nouveau ait poussé assez de racines dans la conscience du peuple pour pouvoir subsister et se consolider, et que le régime ancien ait commis trop erreurs pour avoir des chances de se restaurer.

Le Petit Parisien - 6 octobre 1910


EN BREF

théatreLa grève des Machinistes - Au théâtre Réjane, hier soir, la représentation de M'Amour a eu lieu sans encombre, devant une fort belle salle, et avec un plein succès. Le directeur du Châtelet, M. Fontanes, avait envoyé à Mme Réjane une équipe de machinistes non syndiqués qui s'est mise courageusement au travail sous la direction du chef-machiniste du théâtre. La loge de Mme Réjane était toute fleurie. De nombreux admirateurs de la grande artiste lui avaient adressé des corbeilles de roses. Et la spirituelle Réjane de nous dire : N'est-ce pas qu'on croirait à des fiançailles ? Et, après tout, ne viens-je pas de sceller un pacte avec les non syndiqués ? Dans la journée, le secrétaire du syndicat, M. Namare, était venu apporter le bordereau de ses hommes ; la paie aura lieu aujourd'hui. Mme Réjane a adressé à l'Association des Directeurs, dont M. Albert Carré est le président, une plainte contre le syndicat des machinistes. Les directeurs s'étaient réunis d'urgence hier dans la journée au Vaudeville pour examiner la question. Ils se réuniront de nouveau vendredi pour s'occuper de la plainte de Mme Réjane. L'un d'eux — et non des moindres — avec qui nous avons pu nous entretenir hier soir, nous a assuré que de très sérieuses décisions seront prises vendredi contre le syndicat des machinistes. Il est question, en effet, d'une rupture complète entre l'Association des directeurs et ce syndicat. — Puisque ces messieurs ne respectent pas leur contrat de travail, ajouta ce directeur, puisqu'ils apportent le trouble dans l'exercice de notre profession, nous nous passerons d'eux. Tout le public de Paris sera avec les directeurs de théâtres pour approuver leur geste d'énergie. La représentation de M'Amour s'est terminée au milieu des applaudissements. Des mesures très sages avaient été prises par la préfecture de police pour protéger les machinistes non syndiqués à la sortie du théâtre. Et la rue Blanche, très tranquille avait, cinq minutes après la fin du spectacle, repris sa physionomie de tous les soirs. Le Gaulois – 6 octobre 1910

théatreLe petit personnel féminin des théâtres - Sur l'initiative de quelques directeurs de théâtres de quartier et de la Fédération indépendante du spectacle, environ cent cinquante employées des théâtres parisiens (ouvreuses, habilleuses, préposées au vestiaire, etc.) se sont réunies hier dans une salle de la rue Cadet. Les organisateurs de la réunion ayant proposé à l'assemblée de se constituer en association, professionnelle, une trentaine des assistantes se retirèrent, déclarant qu'elles ne pouvaient s'engager à faire partie d'une association sans savoir quels en seraient l'objet et le mode d'organisation. Après leur départ, les cent vingt femmes demeurées dans la salle désignèrent seize d'entre elles pour composer le bureau et la commission de contrôle de la nouvelle association, qui se dénomme Association féminine des ouvreuses et employées des théâtres et casinos français. Le Temps – 6 octobre 1910

Un commissaire de police empoisonné - M. Baissac, commissaire de police du quartier de la Santé, vient de succomber à Authevernes (Eure), où il passait ses vacances, à une intoxication par des harengs marinés en conserve. Il était né à Paris le 21 septembre 1855. Officier de paix le 4 février 1888, il exerça ses fonctions dans le 5e et le 4e arrondissement jusqu'au 1er février 1891, date à laquelle il fut nommé commissaire de police. Le corps va être ramené à Paris et l'inhumation aura lieu au cimetière de Passy. M. Baissac laisse une femme et deux enfants. Le Temps – 6 octobre 1910

La cherté des vivres. Des manifestations se sont produites ce matin sur le marché de Bailleul (Nord), causées par le renchérissement des denrées. Des fermières qui avaient augmenté le prix des œufs et du beurre se virent boycotter. Des paniers d'œufs furent renversés et quelques marchands reçurent même en pleine figure des mottes de beurre. Le Temps – 6 octobre 1910


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