Les actualité du 26 décembre 1910
La nuit de Noël.
La messe de minuit a été célébrée cette nuit, dans la plupart des églises de Paris, avec la pompe accoutumée. De nombreux fidèles se pressaient dans les temples du centre, où les maîtrises ont exécuté les messes des musiciens célèbres. Un service d'ordre important avait été organisé aux alentours de tous ces édifices.
La basilique Notre-Dame et beaucoup des églises des quartiers populeux sont restées closes, conformément à la décision prise il y a déjà plusieurs années par les autorités du diocèse, d'accord avec le préfet de police, et cela en prévision d'incidents qui pourraient se produire et qu'il est difficile de prévenir. Au Sacré-cœur, une messe a été dite à laquelle assistaient exclusivement les membres de l'Association des Hommes de France.
Le réveillon, cérémonie profane de Noël, ne fut pas célébré avec moins d'entrain que les années précédentes. Les rues du centre et les pentes de Montmartre étaient remplies, dès minuit, d'une foule joyeuse et bruyante. Les fiacres et les autos étaient plus nombreux qu'aux heures mouvementées de la journée. Les restaurants refusaient du monde, selon la formule qui cette fois était appropriée. On a mangé, bu, fumé et dansé à perdre haleine, raison et santé. Au petit jour, quelques soupeurs erraient encore par les places de Montmartre en quête de leur gîte et de leur stabilité.
Pour ces agapes gargantuesques, la province avait expédié aux Halles centrales 37,840 kilos d'huîtres, 139,920 de poisson de mer, 8,820 de poisson de rivière, 84,370 de moules, 1,080 d'escargots, 196,262 de viande, 77,619 d'oeufs, 189,648 de volailles, 9,308 de gibier, etc. ..
Le Temps – 26 décembre 1910
EN BREF
Une institutrice meurt eu soignant son élève - En s'amusant avec une petite hache, l'une des élèves de Mme Bayle, institutrice publique au Viala-de-la-Panouse (Lozère), se coupa un doigt. Aux cris poussés par l'enfant, la maîtresse accourut et se mit en devoir d'arrêter l'hémorragie. Mais bientôt on la vit pâlir et s'affaisser. Quelques instants après elle rendait le dernier soupir, sans avoir pu prononcer une parole. On attribue cette mort foudroyante à l'émotion ressentie par l'institutrice à la vue du sang et peut-être aussi à la crainte inspirée par les conséquences que pouvait avoir pour elle ce malheureux accident. Le Temps – 26 décembre 1910
La disparition de l'aviateur Cecil Grace - On est toujours sans nouvelles de l'aviateur anglais Cecil Grace, et tout espoir d'apprendre qu'il a pu échapper à l'horrible mort est maintenant abandonné. Depuis sa disparition, qui date de mercredi soir vers trois heures, on n'a eu de son passage en un point quelconque aucune preuve certaine, mais on peut déduire des rares et vagues renseignements recueillis que le malheureux pilote a sombré dans la mer du Nord. Cecil Grâce n'était âgé que de vingt-deux ans. Il était né en 1888, à Valparaiso (Chili), mais était de nationalité anglaise. Venu très jeune en Angleterre, il y fit ses études, et dès ce moment sa distraction préférée était le sport. Particulièrement épris des sports mécaniques, c'était un automobiliste fervent. Il vint à l'aviation comme tant d'autres, séduit par la nouveauté des sensations que ce sport lui semblait devoir procurer, et dès ses débuts, datant des premiers mois de cette année, il se montra pilote adroit et hardi. Il fut le quatrième aviateur breveté en Angleterre. Sa première performance fut celle qu'il accomplit le 30 avril dernier dans l'île Shappey en volant 75 kilomètres en 51 minutes. Depuis, il participa avec succès aux meetings d'aviation de Bournemouth en juillet et de Lanark en août. Le 17 septembre, à Folkestone, il tint l'air pendant une heure à 1.000 mètres d'altitude. Engagé dans le prix du baron de Forest, il échoua dans une première tentative et ne put franchir le détroit, tandis quo son concurrent Sopwith volait de Douvres à Beaumont (Belgique). Son second essai pour la même épreuve lui fut fatal. On sait dans quelles conditions. Le Temps – 26 décembre 1910
La Coupe de Noël — Comme à Londres, la natation est devenue à Paris, un sport d'hiver. Et c'est un spectacle intéressant que de voir chaque année des athlètes, vigoureux et entraînés fendre l'eau glaciale quelle que soit la température, pour gagner la coupe, de Noël qui consiste à traverser la Seine à la hauteur du pont Alexandre III. Hier, l'intérêt s'augmentait de la présence d'une concurrente, la charmante championne bruxelloise Mme Guttenstein que le public parisien a chaleureusement applaudi. Le départ a été donné à 3 h. 25 exactement. Les partants étaient MM. Weister, Everaerts, Roth, Rimbourg, Pouillet, Raynal, Bellanger, Robineau et Mme Guttenstein, recordam du monde. Au début le lot est resté très compact. Mais bientôt Roth et Meister prenaient le commandement. Au milieu du fleuve Meister fournit un vigoureux effort. Mais ses concurrents résistent bien. Finalement Meister qui avait déjà gagné la coupe l'an dernier, l'emporte encore cette fois-ci, mais par une demi-longueur seulement. A signaler la course de Mme Guttenstein qui se maintenant à droite du peloton a bien résisté. Voici le classement: 1) Meister (Libelude), en 1 min. 56 secondes 2) Raynal (Sarcelle de la Seine), à une demi-longueur ; 3) Everaerts (champion de Belgique) et Pouilley (Triton de Paris) deadheat à 30 centimètres ; 5) Roth (Sarcelle de la seine) ; 6) Rimbourg (Triton de Paris) ; 7) Mme-Guttenstein ; 8) Robineau (Club amical de Natation); 9) Bellanger (Sarcelle de la Seine). L’Action Française – 26 décembre 1910