Les actualité du 2 janvier 1911
Les réceptions du 1e janvier
Les réceptions officielles du 1e janvier ont eu lieu avec le cérémonial accoutumé, sans aucun incident la manifestation annoncée, puis contremandée par les syndicalistes parisiens en faveur de la grâce de Durand, ne s'est pas produite, et les prud'hommes ouvriers, dont la visite en corps à l'Elysée devait être le prétexte de la manifestation, se sont abstenus, la commutation de peine de Durand ayant été connue samedi soir. Ils avaient d'ailleurs reçu samedi soir une lettre du préfet de police les informant que la délégation du conseil .des prud'hommes ne serait pas reçue à l'Elysée à l'occasion du 1er janvier.
A dix heures du matin, le président de la République a reçu les ministres et sous-secrétaires d'Etat venus pour l'assister pendant les visites de la matinée. En l'absence de M. Briand, président du conseil, les membres du cabinet ont été présentés au chef de l'Etat par M. Girard, garde des sceaux, faisant fonctions de vice-président du conseil. Les ministres et sous-secrétaires d'Etat ont exprimé leurs souhaits au président de la République qui les en a vivement remerciés.
Le président du Sénat est arrivé avec le bureau de la haute Assemblée à dix heures un quart au palais de l'Elysée. M. Antonin Dubost, les membres du bureau et les sénateurs présents ont été introduits auprès du président de la République qui s'est entretenu quelques instants avec eux. A dix heures et demie, le président de la Chambre des' députés accompagné des membres du bureau de la Chambre et d'un grand nombre de députés, sont venus saluer le président de la République.
Le président s'est ensuite rendu en voiture avec les ministres et sous-secrétaires d'Etat au palais du Luxembourg et au Palais-Bourbon pour rendre leur visite aux présidents du Sénat et de la Chambre des députés. De retour à l'Elysée, le président a retenu à déjeuner les membres du gouvernement et les personnes de sa maison.
A deux heures, le président de la République a tenu le cercle diplomatique dans la grande salle des fêtes. Le corps diplomatique a été présenté au président par son doyen, sir Francis Bertie, ambassadeur d'Angleterre. Après le corps diplomatique, ont défilé devant le président de la République, les délégations du Conseil d'Etat, du conseil de l'ordre de la Légion d'honneur, de la Cour de cassation, de la Cour des comptes, de l'Institut, d'un grand nombre de corps constitués, du Conseil municipal de Paris, du Conseil général de la Seine, etc. La réception des députations de l'armée a clos la cérémonie. A l'occasion de la nouvelle année, le président de la République a reçu do nombreux télégrammes de souverains et de chefs d'Etat étrangers, de colonies françaises à l'étranger, de groupements ou d'associations de Paris et des départements.
Le Temps – 2 janvier 1911
EN BREF
Le nouvel An à Berlin - Les réceptions du Nouvel An a Berlin ont eu lieu selon le cérémonial accoutumé. Après avoir assisté au service divin dans la chapelle du château, l'empereur a reçu les ministres, les représentants des Parlements impérial et prussien, ainsi que les ambassadeurs accrédités à Berlin. Le soir a eu lieu au château un dîner de gala offert par Guillaume II aux commandants des corps d'armée. A l'occasion du Nouvel An, les colonels-généraux von der Goltz, Schlieften et Boch-Pollach ont été nommés feld-maréchaux généraux de l'armée allemande. Le Temps – 2 janvier 1911
Le nouvel an à Bruxelles - L'an nouveau a été fêté avec éclat à Bruxelles, le roi Albert ayant rétabli les réceptions officielles au palais, qui avaient été supprimées dans les dernières années du règne de Léopold II. Répondant à la cour militaire, le souverain a dit que l'armée doit être la grande école des vertus civiques ». Le roi Albert, répondant au président de la Chambre, a parlé du conflit des langues en Belgique et a déclaré qu'il éprouverait une réelle affliction s'il devait voir les deux fractions du peuple belge, Flamands et Wallons, perpétuer à cause des questions de langues des malentendus et des causes de discorde. Le Temps – 2 janvier 1911
Série noire chez les aviateurs - Dans son ensemble l'année 1910 a été cruelle aux aviateurs: les noms de trente-trois d'entre eux sont venus grossir la liste funèbre des martyrs de la conquête de l'air. Mais en cette fin d'année le sort s'est montré particulièrement implacable- à la perte des aviateurs Cecil Grace, Piccolo, Laffont, Mario Pola, et de Caumont, est venu s'ajouter celle des pilotes américains John B. Moisant et Hoxey, tombés tous deux de l'autre côté de l'Océan le 31 décembre. John B. Moisant était bien connu en France; son atterrissage inattendu sur le terrain de manœuvres à Issy-les-Moulineaux le jour même du départ du circuit de l'Est, le vol remarquable qu'il effectua quelques jours après, en compagnie de son mécanicien, de Paris à Douvres, lui avaient valu auprès du public français une certaine célébrité. Hoxey, lui, était plus ignoré ici; mais, en Amérique, sa renommée de pilote était grande et nos lecteurs ont eu tout récemment, et à deux reprises, l'occasion de lire son nom dans ces colonnes où nous signalions deux performances par lesquelles cet aviateur semblait avoir conquis le titre de recordman du monde de la hauteur. Ainsi en neuf jours, car la disparition en mer de Cecil Grace date du 22 décembre, sept aviateurs ont payé de leur vie leur participation à l'œuvre généreuse de la conquête de l'air. C'est une bien lourde rançon qu'exige de nous ce progrès nouveau, mais aucune mort n'est complètement inutile et cette affirmation même des trop grands dangers qu'offre l'aviation à ceux qui s'y adonnent doit rendre plus clair encore et plus fécond le génie de ceux qui assument la tâche de donner à l'homme des ailes. Le Temps – 2 janvier 1911