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CPA Scans
3 janvier 2011

Les actualité du 3 janvier 1911

L'équipe de France de rugby remporte son premier match du tournoi des 5 nations contre l'Ecosse

Equipe de rugby

Hier, à Colombes, devant 15,000 spectateurs frémissant d'émotion et hurlant d'enthousiasme, l'équipe nationale de France a, dans un match de football rugby, triomphé par 10 points à 15 de l'équipe nationale d'Ecosse. Aux profanes des sports, ce résultat ne dira peut-être pas grand chose mais aux, initiés et à ceux qui ne croient pas utile de dédaigner dans les modernes générations françaises les qualités de vigueur, de souplesse physique, de courage et d'énergie, ce résultat causera une joie extrême. Cette victoire d'une équipe française sur une des quatre grandes équipes nationales de Grande-Bretagne est, en effet, un véritable événement, dont l'écho inattendu et sensationnel étonnera tout l'empire, britannique.

Depuis l'organisation des quatre rencontres internationales qui, tous les ans, opposent l'équipe de France aux équipes d'Angleterre, d'Ecosse, d'Irlande et du pays de galles, nous n'avions jusqu'ici connu que des défaites, qui, à la longue, devenaient humiliantes, à cause, des commentaires qu'elles soulevaient sur la dégénérescence française. Et, bien que nos équipes aient, d'année en année, accusé dans la valeur physique des hommes et dans l'emploi de leurs qualités des progrès considérables, on estimait de l'autre côté de la Manche que les races françaises, usées par l'inaction ou le plaisir, étaient incapables de sélectionner quinze athlètes dignes d'égaler les quinze meilleurs hommes d'Angleterre, d'Irlande, d'Ecosse ou de Galles.

En dépit d'un temps couvert plein de menaces qui se réalisèrent du reste, vers la fin de la rencontre, le match se joua devant une foule considérable accourue en automobile ou amenée, tant bien que mal, par les trains spéciaux organisés par l'Ouest-Etat. Les tribunes avaient été prises d'assaut; tout autour du terrain s'étaient massés sur quatre ou cinq rangs les spectateurs, bientôt impatients.

A 2 h. 30, l'équipe d'Ecosse pénètre sur le terrain, pittoresquement précédée d'un joueur de bag pipe sorte de cornemuse dont il tire un air mélancolique, et nasillard. Les Ecossais portent un jersey bleu à col blanc; derrière eux entre l'équipe de France dont les joueurs sont vêtus de blanc avec, sur la poitrine, l'insigne de l'U. S. F. S. A., les anneaux bleu et rouge. La foule fait une ovation aux deux équipes que M. Jones, arbitre de la Rugby Union d'Angleterre, va arbitrer.

Le début du match est à l'avantage des Ecossais, dont les avants puissants et fougueux font merveille. Repoussés dans leurs lignes, les Français sont sur active défense, si dominés, semble-t-il, qu'on redoute l'écrasement. Un coup de pied en touche a conduit le ballon sur la ligne de but des Français; le demi écossais Osier fait, une vive remise en jeu au centre; 1'autre demi écossais, Munro, reçoit à la volée le ballon, s'écroule dans le but français et marque ainsi le premier essai. Déjà!

Et c'est alors que le match change de physionomie: les blancs donnent avec ardeur, regagnent du terrain sur une excellente sortie de mêlée, le ballon vient au trois-quarts centre français Burgun, qui déborde la défense par un coup de pied; Lane, l'ailier, suit, reprend le ballon par une course magnifique, conduit le jeu sur la ligne de but de l'Ecosse. Mêlée. Le ballon sort pour la France; le demi Laterrade le ramasse, plonge, tète baissée dans la bagarre et marque un essai, magnifique d'à propos. Decamps le transforme en but. Nous avons cinq points contre trois. Hourra!

Excités par ce succès, les Français luttent avec vigueur et confiance; ils portent l'attaque sur le but écossais. Mêlée. Le ballon sort encore pour la France; passes rapides de Laterrade à Peyroutou, de Peyroutou à Burgun, qui livre le ballon à Failliot. Le puissant sprinter s'envole et, au milieu d'un enthousiasme indescriptible, marque pour la France un second essai. Les Français ont à leur actif 8 points à 3 aux Ecossais. Le délire commence.

Le jeu reprend chez les nôtres avec un entrain endiablé; ils paralysent le travail formidable des avants écossais qui cherchent à vaincre par la tactique où ils excellent, le dribbling. A la surprise générale, ils maintiennent le combat sur le territoire des étrangers; et bientôt une prompte sortie de mêlée amenait le ballon au demi d'ouverture Peyroutou qui feintait, trompait la défense écossaise et marquait pour la France un troisième essai. A notre actif, 11 points à 3. Stupéfaction et joie délirante.

Le match devient de plus en plus violent. Les Ecossais irrités, ripostent à l'attaque; dans un effort catapultueux, ils remontent tout le terrain, en conduisant à coups de pied, à une allure folle et avec une adresse inouïe, le ballon à travers les lignes débandées des Français, et maintenant acculés sur leur but. Une mêlée; le ballon sort aux Ecossais, va à l'avant Abecrombie qui n'a pas de peine à surprendre la défense en désordre, et marque pour l'Ecosse un second essai transformé, portant ainsi à 8 points le total de son équipe. Repos.

La seconde partie du match fut palpitante. Elle eut trois phases son début, triomphal pour les Ecossais; son milieu à l'avantage dés nôtres; sa fin conduite avec une furia désespérée par les Ecossais, désireux de ramener la victoire chez eux. Au signal, les étrangers envahissent les lignes françaises; Franquenelle, et Burgun dégagent par d heureux coups de pied, mais les Ecossais déploient une activité fantastique, et tant d'attaques doivent finir par aboutir; elles aboutissent, en effet; sur une mêlée, le trois-quarts écossais Pearson reçoit le ballon, et réussit un but sur coup de pied tombé, ce qui vaut 4 points à son équipe et porte à 12 son total. Les Ecossais ont, maintenant l'avance.

A la reprise, les nôtres ripostent avec vigueur; sur une mêlée au centre, le ballon sort par la France; le trois-quarts Burgun, d un coup de pied, conduit le ballon devant l'ailier Failliot qui le prend, fonce, déborde toutes les lignes, trompe l'arrière et va marquer pour son équipe un quatrième essai que Decamps transforme en but. Ce double exploit porte à 16 points le total de la France.

C est alors que les Ecossais commencent un effort désespéré; ils se ruent littéralement à 1'attaque, tantôt jouant en trombe avec leur avants, tantôt essayant avec leurs trois-quarts de déconcerter la défense des Français; une faute de l'arrière Combes permet sur un dribbling à l'avant Mac Callum de marquer un troisième essai et de porter à 15 points contre 16 leur actif. Il reste 15 minutes de jeu. Les Ecossais, si prêt de vaincre, sentent qu'ils peuvent aussi être battus; ils font un travail infernal; multiplient leurs attaques dans des déboulés impétueux, mais chaque fois et sur la ligne même du but des Français échouent dans les plus vaillantes et les plus belles occasions. Coup sur coup, Failliot et Laterrade sauvent deux essais; encore quelques minutes, plus qu'une minute; les

Ecossais se prodiguent, mais fébriles et soutenus par les acclamations de la foule, les Français vaillants et dominant leurs fatigues, font face à l'attaque, se dégagent, se donnent de l'air, et sauvent leur but. Un coup de sifflet. Le match est terminé, et l'équipe de France a gagné !

La foule se déchaîne, saute par-dessus les barrières, empoigne les quinze équipiers français, les jette sur les épaules, et dans des ovations monstres les portent en triomphe, acclamés tout particulièrement ceux qui ont décidé de la victoire: Failliot, Burgun et Lane, et se laissant aller à toute sa joie, entonne la Marseillaise et ovationne les Ecossais qu'elle n'a jamais tant aimés.

Les équipes étaient ainsi composées:

France. Arrière: Combes; Trois-quarts: Lane - Franquelle – Burgun - Failliol; demis: Laterrade – Peyroutou; avants Communeau – Bavozet – Legrain – Forgues – Decamps – Mounic – Mauriat - Guillemin.

Ecosse. Avants: Mac Callum – Stevenson – Moodie – Abecrombie – Fraser – Turner – Scott – Stevenson; demis Munro – Osier; Trois-quarts Sutherland – Young – Buchanan – Pearson; arrière Tod.

Le match fut extrêmement beau, très serré sur un terrain très lourd. D'une façon générale, l'offensive fut conduite par les Ecossais, qui eurent le meilleur du jeu pendant la plus grande partie de la rencontre et auraient dû gagner. i1 ne semble pas que leurs demis et leurs trois-quarts - trop étagés – aient profité comme ils l'auraient pu des nombreuses occasions d'attaquer que leur ont fournies leurs magnifiques avants. Ils ont paru manquer de perçant et se sont fait souvent boucler pour n'avoir pas voulu passer à temps. Leurs avants ont été merveilleux dans les dribblings: ils ont donné aux nôtres une leçon dont, d'ailleurs, ils ont profité à diverses reprises sur la fin.

En mêlée, les avants des deux équipés se valaient; mais, nos demis et nos trois-quarts ont été supérieurs à leurs adversaires; moins classiques peut-être, mais autrement malins, ils ont tiré parti de toutes les occasions. Le meilleur athlète fut enfin de notre côté; sans Failliot, dont la prodigieuse vitesse nous a victorieusement servis dans l'attaque et dans la défense, l'équipe de France n'aurait peut-être pas battu l'équipe d'Ecosse. Un banquet puis une excursion au joyeux Tabarin ont, le soir, réuni les deux équipes, qui se retrouveront aux prises, la saison prochaine, mais cette fois en Ecosse.

Le Figaro – 3 janvier 1911


EN BREF

Une bombe en Arles – Arles - La nuit dernière, vers quatre heures du matin, tout le quartier avoisinant le commissariat de police était mis en émoi par une violente explosion. C'était une bombe qui venait d'exploser contre la maison du commissaire de police. La porte d'entrée était complètement brisée et des débris de bois avaient été projetés jusque dans la cuisine, située à plusieurs mètres. Toutes les vitres de la chambre à coucher du rez-de-chaussée, et aussi celles de nombreux immeubles du voisinage avaient été brisées. Le plafond du corridor était profondément lézardé. Enfin de nombreuses traces de projectiles étaient relevées sur les murs. Des constatations faites, il résulte que l'engin avait été confectionné à l'aide d'une boîte en fer-blanc bourrée de poudre et de morceaux de fonte reliés avec des fils de fer. On a pu reconstituer la nature de la bombe à l'aide des fragments ramassés en grande quantité sur les lieux de l'explosion. Heureusement, il n'y a que des dégâts matériels. Le Figaro – 3 janvier 1911

Le piège se déclenche contre la mauvaise personne - Clermont-Ferrand - A la Roche-Noire, la femme Crazet, âgée de vingt-huit ans, descendait dans sa cave. An moment où elle ouvrit la porte, un coup de feu retentit et, atteinte d'une balle, elle tomba raide morte. D'après l'enquête, elle avait été tuée par un pistolet, disposé par son mari sur une planchette de façon que le coup partit quand on ouvrirait la porte. Crazet prétend qu'il avait placé l'arme ainsi pour atteindre des voleurs qui venaient lui enlever du vin dans sa cave. Le Figaro – 3 janvier 1911

La nouvelle tenue des marins - A la suite des propositions faites par nos cinq ports de guerre au sujet de la nouvelle tenue à donner aux équipages de la flotte, un expert tailleur du ministère de la Guerre avait été envoyé à Brest. Aidé du maître tailleur du deuxième dépôt, il étudia les modifications à apporter aux modèles présentés et fît confectionner les meilleurs vêtements, qu'il soumit ensuite a la Commission du règlement. Les Parisiens sont les premiers à connaître te nouveau costume que l'amiral Boué de Lapeyrère, ministre de la Marine, vient de faire inaugurer par les plantons du ministère. Les revers de la chemisette sont bleus comme le col, dont ils prolongent les trois ganses blanches. Le béret est rigide, la jugulaire blanche a été remplacée par une ganse large d'un doigt, le liseré rouge a également disparu et a été remplacé par une ancre d'or. Quant au pantalon à pont, il a été supprimé. La Croix - 3 janvier 1911


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