Les actualités du 12 janvier 1908
Les survivants du Germanic
C'est une histoire effroyable de souffrance et de désespoir que celle des sept survivant du trois-mats Germanic, recueillis en mer par le vapeur Newton et rapatriés d'Amérique par le Campania, arrivé aujourd'hui à Liverpool. Le Germanic avait quitté Weymouth, dans la Nouvelle-Ecosse, le 23 novembre dernier, avec un chargement de pâte de bois pour l'Angleterre. De violentes tempêtes l'assaillirent et de l'eau ayant pénétré dans sa cale, la pâte de bois gonfla au point de faire éclater le pont du navire. Pendant cent vingt heures, l'équipage, ayant de l'eau jusqu'à la ceinture, lutta désespérément pour maintenir le bâtiment à flot.
Tous ces efforts furent vains. Pendant une aveuglante tempête de neige, le Germanic, piquant de l'avant, coula à pic et c'est tout juste si l'équipage, composé de quatorze hommes, eut le temps de sauter dans les deux canots du bord. Quant, au capitaine, il reçut au moment du naufrage une poulie sur la tête et fut tué.
Je croyais, a dit le maître d'équipage, que nous avions, à bord du Germanic, atteint la limite des souffrances humaines. Je me trompais : c'est dans les canots que notre véritable supplice commença. Nous étions sept dans notre embarcation. Nous installâmes une voile et fîmes route dans la direction de l'Irlande. A minuit, nous hélâmes pour la dernière fois l'autre canot où avaient pris place nos camarades Le vent soufflait en tempête et perdant huit mortelles journées, mouillés par les embruns qui gelaient sur nos vêtements, nous parcourûmes 800 milles.
Nous n'étions plus qu'à 400 milles de la côte le 16 décembre, à minuit, quand nous aperçûmes les feux du vapeur Newton. Fort heureusement, nous avions dans l'embarcation un bidon de pétrole. Nous en saturâmes une poignée d'étoupe et agitâmes désespérément cette torche improvisée. Quelques instants après, le Newton nous apercevait. Nous étions sauvés ! Quant à nos malheureux camarades du second canot, tout porte à croire qu'ils se sont tous noyés.
Le Petit Parisien – 13 janvier 1908
EN BREF
Le feu dans une cartonnerie fait un million de dégâts - Marseille, 11
janvier - Un incendie s'est déclaré, Cette nuit, à la cartonnerie Saint-Charles.
La soudaineté du sinistre fut telle que la femme du directeur, Mme Chenel et sa
bonne, demeurant au-dessus des bureaux, ne trouvant aucune issue pour sortir, et
entourées de flammes de tous côtés, apparurent aux fenêtres, appelant au
secours.Plusieurs gardiens de la paix s'élancèrent à leur secours et furent assez
heureux d'arracher aux flammes les deux femmes terrorisées. Malgré les efforts
des pompiers, on ne put que préserver les bureaux et les magasins contigus à des
immeubles voisins. Les dégâts sont évalués à près d'un million. Le Petit
Parisien – 12 janvier 1908
Pour voler du cuivre l'ouvrier avait trouve un moyen peu banal - Cherbourg, 11 janvier. Aujourd'hui, à la sortie de midi, des gardiens-consignes de l'arsenal remarquaient la démarche embarrassée d'un ouvrier de la petite chaudronnerie, Lepetit, trente-deux ans. Ils l'arrêtèrent et le firent déchausser, l'intérieur de ses bottines, on découvrit alors deux épaisses semelles de cuivre pesant chacune un kilo trois cent grammes. Lepetit fut aussitôt arrêté. Une perquisition opérée à son domicile amena la découverte d'une quantité de semelles semblables aux premières et pesant ensemble trente kilos. Lepetit a été écroué à la prison maritime. Le Petit Parisien – 12 janvier 1908