Les actualités du 13 janvier 1908
Mademoiselle Morin, Reine des Halles
Il est peu d'élections se passant aussi joyeusement que celle de la reine des Halles, qui a obtenu, hier, sa couronne après deux tours de scrutin. C'est à l'Eden-Saint-Denis que la Renaissance, avait convoqué les électeurs, et cette séance de suffrage universel eut pour prélude un concert. Puis, onze charmantes jeunes filles partirent sur la scène portant, attachée à leur fine taille, une aumônière agrémentée d'un chiffre.
Le scrutin est ouvert. Pour permettre , aux électeurs de se recueillir, les trompettes ouvrières du 14e arrondissement remplissent la salle de l'éclat des cuivres; on vote avec animation et sans nervosité : il y a ballottage, mais Mlle Fernande Morin a une belle avance sur ses rivales. Au deuxième tour, cette préférence se confirme, et, très solennellement, Mlle Fernande Morin est proclamée reine des Halles par 66 suffrages.
La nouvelle élue est une délicieuse jeune fille au teint frais, aux yeux vifs, dont le charmant visage est encadré de cheveux châtains. On l'embrasse au nom des Halles, au nom du comité des fêtes, au nom de tout, et elle peut se croire encore au jour de l'an, tant sont nombreux les baisers qui claquant sur ses joues roses d'émotion. Des fleurs lui sont offertes, puis encore des fleurs et Mlle Morin, promue majesté, échappe un; instant à tant, d'honneurs pour nous apprendre qu'elle est Parisienne, qu'elle a dix-huit ans, et est charcutière ; elle travaille avec sa mère depuis quatre ans déjà.
Ce qu'elle ne nous dit pas, c'est qu'elle est le modèle, des jeunes filles et que son avènement sera accueilli avec joie dans les marchés où elle a son étal. Mais il reste à élire deux demoiselles d'honneur. Mlle Julie Brettin, vingt-trois ans, qui vend sur le carreau des Halles, et Mlle Lucie Bourget, seize ans, toutes deux infiniment gracieuses, encadreront au grand jour de la Mi-Carême la reine que s'est donnée, hier, la Renaissance Amicale.
Le Petit Journal – 13 janvier 1908
EN BREF
Echappée du harem - Astrakan, 12 janvier - L'héroïne du jour, en notre ville, est une jeune fille de nationalité russe qui, après avoir pendant plusieurs années été la première favorite du shah de Perse, réussit à s'échapper du harem de Téhéran. Barbara Léurin, qui présente le type le plus parfait de l'odalisque circassienne aux yeux de velours, à la chevelure d'ébène, fut vendue par sa mère à un trafiquant persan alors quelle n'avait que seize ans. Son incomparable beauté la signala aux pourvoyeurs du harem impérial qui l'achetèrent pour le compte du shah.Celui-ci la combla de présents, lui donna des appartements séparés dans l'aile gauche du palais et lui assura les services de nombreux esclaves. Cependant, un jour, le souverain se lassa d'elle et pour s'en débarrasser, il décida d'en faire présent à un de ses officiers. Indigné de ce procédé, la jeune fille, avec l'aide d'un marchand arménien, réussit à gagner la frontière russe. Le Petit Parisien – 13 janvier 1908
Le plus petit conscrit de France - Angoulême — Un nommé Emmanuel
Dubois, mesurant un mètre quinze, est conscrit cette année dans la commune de
Mansle. (Charente), où il est né le 16 septembre 1887. Il est très bien
constitué, très spirituel, a la répartie vive quand on le plaisante. Il parcourt
les rues de Mansle tous les jours, vendant de la salade. Le Figaro – 13
janvier 1908