Les actualités du 26 décembre 1908
Agression contre le Président de la République
Une agression a été
commise ce matin place de l'étoile sur le Président de
la République. Monsieur Fallieres avait quitté l'Élysée
à pieds vers 8 H 45, pour sa promenade quotidienne. Il était
accompagné de Monsieur Ramondou, secrétaire général
de la présidence et du colonel Lasson, officier de la maison
militaire. Derrière le groupe, à une dizaine de mètres,
se trouvaient les deux inspecteurs de la sureté. Après
avoir suivi l'avenue Marigny, le président et son escorte
s'engagèrent dans l'avenue des Champs-Elysées, qu'ils
montèrent jusqu'à la place de l'Etoile.
Tout d'un coup, un individu se porta rapidement sur lui et le frappa d'un coup de canne au visage. Le président tomba à la renverse sur un tas de sable; mais il se releva aussitôt et continua sa route à pieds. Deux agents s'élancèrent sur l'individu, le mirent en état d'arrestation et l'ayant rapidement engouffré dans un fiacre le conduisirent au commissariat de Chaillot. Par ce lendemain de réveillon, peu de personnes se trouvaient sur la place, l'agression a passé ainsi à peu près inaperçue.
Le Président de la République qui avait eu par la violence du choc de son agression, sa canne brisée et l'oreille égratignée ne s'est pas départi un seul instant de son calme et de son sang froid habituels. Il a continué sa promenade et est rentré à l'Élysée à 10 H 30.
La Presse – 26 décembre 1908
EN BREF
Deux agents de
police assassinés - Ajaccio - L'assassinat des deux agents de police Ristori et Guglielmi a jeté la consternation
dans la ville. La mairie a mis son pavillon en berne. Le conseil
municipal, réuni en séance extraordinaire a voté
une pension de 400 F aux orphelins. Il a décidé en
outre que les obsèques auront lieu aux frais de la ville.
L'autopsie a démontré que Ristori avait reçu
deux balles, l'une à l'aine droite l'autre dans la poitrine:
le poumon gauche a été traversé. Guglielmi a été
tué net d'une balle en plein cœur. Le meurtrier a été
signalé du coté de Saint-Florentin. Des agents de
police sont partis en automobile pour essayer de les arrêter. Le Temps – 26 décembre
1908
Ecrasé par un train – Sur la ligne de ceinture,
près de la gare d'Avron, un employé de chemin de fer, Monsieur Alfred Mesnager, âge de 25 ans, demeurant 91, rue d'Avron a été ce matin à 10 H 20 coupé en deux
par un train express allant de la gare du Nord à la gare de Lyon. La
Presse – 26 décembre 1908
Au cirque Rancy - Aujourd'hui samedi à 14 H 30,
grande matinée. A cette occasion, doivent avoir lieu les débuts de la plus
grande et incomparable attraction que Monsieur Rancy avait réservé pour les
fêtes du jour de l'an: "l'homme aéroplane", la torpille humaine. A toutes les
matinées et soirées paraitront Baghonghi, le plus petit écuyer du monde; Tom
Jack, l'énigme vivante et l'homme aéroplane". Le Figaro – 26 décembre
1908
Le Réveillon - Paris a réveillonné
gaiement cette nuit. Le temps était beau quoiqu'un peu froid.
Pendant toute la soirée, une foule énorme s'est pressée
sur les boulevards, s'arrêtant aux petite baraques, offrants
des jouets pour les tout petits , attendant l'heure d'envahir les
cafés et les restaurants. Les théâtres étaient
bondés, les concerts et music-hall firent leur maximum de
recettes. Cette année les églises avaient rouvert leurs
portes et la messe de minuit avait comme autrefois attiré ses
fidèles. Vers minuit et
demie, ce fut la ruée dans les établissements où
le réveillon était servi. Presque partout les places étaient
retenues d'avance et les retardataires cherchaient en vain une table
au milieu des lazzi joyeux des réveillonneurs. La statistique
ne dira jamais les kilomètres de boudins, les centaines de
douzaines d'huitres, les milliers d'escargots, les kilogrammes de
poulardes,de gibier qui furent ingurgités dans cette nuit
joyeuse. Montmartre et le
quartier latin où l'on avait oublié les incidents de la
journée se distinguèrent par leur gaieté: des
bandes jusqu'au matin ont parcouru le quartier en chantant. Cette nuit fût aussi la joie des tout petits: les uns eurent dès
hier soir leur arbre de Noël: fêtes de famille où
les jouets furent distribués au milieu des cris et des
battements de mains, les autres dans leurs rêves ont vu passer
le bonhomme Noël et ce matin ils ont trouvé dans leurs
souliers aéroplanes et dirigeables, les jouets à la
mode, poupées, soldats et polichinelles. Le Temps, 26 décembre 1908
Les Inondations
dans le midi - Beziers -Après
une accalmie de quelques jours, la série des inondations se
poursuit. Fouetté par un vent qui souffle en tempête, le
Liron à rompu les travaux d'arts qui bordent son lit entre
Maraussan et Beziers. Ses eaux ont inondé toutes les campagnes
environnantes. L'Orb a débordé également,
interrompant les communications entre Serignan et Beziers. L'usine
des tramways électrique est envahie par l'inondation. Seul le service
urbain des Tramways fonctionne. Les commerçants et les
vignerons sont consternés, toutes les transactions étant
suspendues par suite de l'interruption des voies de communication. Le Figaro – 26 décembre
1908
Surpris par une explosion de gaz - Dans la nuit de mercredi à jeudi des escarpes mirent au pillage l'hôtel particulier que Monsieur Feau possède au 49, rue de Sèvres à Boulogne Sur Seine. Au cours de leurs opérations, ils provoquèrent une forte explosion de gaz suivie d'un commencement d'incendie et durent s'enfuir, aperçus par une voisin. Ils n'auront pas joui longtemps de l'impunité car ils ont été retrouvés hier au domicile par les agents de Monsieur Philippon, Commissaire de Police. La piste des trois cambrioleurs a été fournie au magistrat pas la casquette qu'un d'entre eux avait perdu en s'enfuyant et qu'on sut bientôt appartenir à un individu nommé Cochin dit "la chique" compagnon inséparable d'un autre personnage connu sous le nom de "la poêle" et se nommant véritablement Dorizon. C'est au domicile de ce dernier, 14, Rue d'Aguesseau qu'on retrouva les deux individus et leur complice. Tous trois étaient couchés dans le même lit, grelottant de fièvre et n'ayant plus visage humain. Ils étaient en effet en un état lamentable, grièvement brulés, les chairs tuméfiées, la tête enflée. (...). Dorizon et Cochin sont dans un état désespéré. Le Petit Parisien - 26 décembre 1908