Les actualités du 30 décembre 1908
Tremblement de terre de Messine: Plus de 50.000 morts
Deux grandes villes détruites, de nombreux villages en ruine, tout le Sud de l'Italie et la partie Nord-Est de la Sicile ravagées par le cataclysme, un nombre de victimes incalculable, la misère, la douleur, ma mort partout, tel est le bilan de cette terrible catastrophe qui dépasse en proportion celles qui se produisent tous les ans avec une désolante régularité depuis 1905 dans cette malheureuse région. Nous avons donné hier les premiers télégrammes (...). Les dépêches d'aujourd'hui nous apportent des détails qui ajoutent un peu plus de poignante tristesse à l'horreur du désastre.
Les secousses de tremblements de terre se répétées pendant plusieurs minutes sur toute la partie sinistrée; peu après succédait un raz-de-marée anéantissant ce que le tremblement de terre avait pu épargner (...). Les florissantes villes de Messine et de Reggio-de-Calabre ont été le centre des secousses sismiques et on subi des dommages très grands. (...) Dans les parties situées au bord de la mer les églises et les maisons ont été renversées: les habitants surpris dans leur sommeil se sont sauvés au milieu de l'obscurité, sous la pluis battante.
Un terrible incendie a été provoqué par des explosions du gazomètre. Les détenus se sont évadés de prison et ont pillé les ruines. (...) Une tempête de pluie et de vent augmente les souffrances des malheureux sans abris, sortis de leurs maisons croulantes à moitié vêtus. Ceux qui ont échappé à la catastrophe peuvent à peine parler. Ils racontent qu'ils furent jetés hors de leurs lits tandis que les armoires et les plafonds tombaient sur eux. (...) Autour d'eux, une véritable pluie de pierre et de balcons entiers tombaient écrasant les fugitifs.(...)
(...) La situation de Messine est terrible. (...) La ville est presque complètement complètement détruite. (...) LA situation de cette ville de 160.000 habitants est épouvantable. Parmi les morts se trouvent le Préfet de Police et sa famille, l'évêque de Messine, des généraux de Brigade et des députés.
Un train portant les réfugiés et les blesses de Messine est arrivé à Catane. Les réfugiés, presque fous de terreur racontent que l'hôtel Trinacria avec tout son personnel et 90 voyageurs a été détruit, ainsi que l'hôtel de ville, la ourse, la palais des postes et télégraphes et les casernes. On confirme que les plus graves dommages ont été produits par le raz-de-marée. Une immense vague a couvert Messine.(...) On ne peut encore donner un chiffre même approximatif des victimes (...). Les dépêches parlent de 30 à 50.000 morts. Un journal italien, La Tribuna va même jusqu'à donner le chiffre de 75.000. (...)
Le ministre de la marine vient conformément aux décisions du gouvernement, de donner des ordres pour l'envoi dans les eaux de Messine des cuirassées Justice et Vérité et de trois contre-torpilleurs dont un de Bizerte afin de porter secours aux victimes de la catastrophe.(...). Le président de la République a adressé au roi d'Italie le télégramme suivant; "J'apprends avec une profonde émotion l'épouvantable cataclysme qui vient de décimer à nouveau les populations de la Calabre et de la Sicile. C'est de tout cœur que nous nous associons au deuil de Votre Majesté et à celui de l'Italie et je vous prie Sire, d'agréer la sincère expression de notre douloureuse sympathie".
L'Humanité– 30 décembre 1908
Lire la suite des évènements de Messine
Le nu au
théâtre
On a
beaucoup remarqué l'arrêt de la Cour de Paris du 16
décembre dernier et un jugement du Tribunal Correctionnel de la
Seine du 1er du même mois qui ont condamné à des
peines sévères d'amende et d'emprisonnement les auteurs
d'exhibitions de femmes nues au théâtre et les femmes
elles-même qui s'étaient prétées à
ces représentations.
Le conseil de la Société contre la licence des rues réuni samedi sous la présidence de Monsieur Bérenger a décidé que pour assurer à ces décisions toute leur efficacité, il y avait lieu de les notifier à tous les établissement suspects et de faire savoir à leurs représentants que la Société, désormais en mesure d'exercer une surveillance active sur les représentations théâtrales n'hésiterait pas, si ces exhibitions se reproduisent, à adresser de nouvelles plaintes au Parquet.
Le conseil s'est en outre félicité d'apprendre que des poursuites avaient récemment été obtenues des parquets sur divers points sur lesquels son action ne s'était pas jusqu'à présent portée, notamment en ce qui concerne: les annonces de maisons qui sous des noms divers dissimulent en réalité un commerce honteux ou des remèdes contre certaines affections féminines qui ne sont le plus souvent que des provocations déguisées à l'avortement, les revues du nu, qui sous prétexte d'art, publient des recueils de photographies de femmes d'après nature d'une audacieuse crudité, les publications neo-Malthusiennes conseillant et enseignant la pratique des moyens propres à limiter le nombre d'enfants (...).
Le Temps – 30 décembre 1908
EN BREF
Grave collision à Neuilly -
Ce matin, vers 9 H 00, sur la ligne Maillot – Maisons Laffite, à
Neuilly deux tramways venaient en sens inverse. Les deux trams
patinant sur des rails glacés vinrent se heurter violemment.
23 personnes dont 8 voyageurs étaient blessés ou
contusionnés par le heurt et les débris de glace. 5
employés de la compagnie sont sérieusement atteints.
Les deux wattman, nommés Gauthier et Thomas ont reçu des
blessures à la tête. L'état de Gauthier a été
jugé assez grave pour nécessiter son transport immédiat
à l'hôpital de Neuilly. La Croix – 30 décembre
1908.
Une voiture
emportée par le mistral – A Marseille, une automobile
qui était arrêtée devant un immeuble de la rue
Saint-Philomene au Prado, s'est mise en marche subitement par suite
d'une violente rafale de vent et a descendu cette rue qui accuse une
pente très sensible à une allure extrêmement
rapide. Arrivée à l'angle de l'avenue du Prado,
l'automobile a démoli une charrette qui lui barrait le passage
puis à renversé une femme, Madame Marie Vinolo, 53 ans,
qui a été grièvement blessée à
la jambe et a été transportée à l'hôpital
de la Conception. L'auto, qui aurait pu occasionner sur le Prado
d'autres accidents a été arrêtée par un
trottoir de cette avenue, où, par suite du choc, elle a subi
quelques avaries. On avait déjà vu une voiturette
projetée dans le port par le vent, mais c'est la première
fois que le mistral emporte une automobile. La Croix – 30
décembre 1908.
Baisse des températures –
La France sous la neige - La température
s'est brusquement abaissée hier soir. Le thermomètre à
marqué à Paris 7 degrés au dessous de 0. Ce
matin, dans certains quartiers exposés à la brise
glaciale il est descendu jusqu'à 9 degrés. (...)
La neige a fait hier soir son apparition autour de Paris, elle est
tombée à Versailles et à Rambouillet. Mais les
dépêches de nos correspondants nous signalent qu'elle
est tombée en abondance dans les diverses régions de
France. Elle a recouvert
toutes les hauteurs environnant Toulon: ce fait assez rare provoque la
curiosité des habitants. Il règne d'ailleurs dans la
région un temps épouvantable. De Marseille on nous
télégraphie que la neige est tombée sur la Crête
de toutes les collines, ainsi qu'à Aix, à Arles, à
Salon. Le mistral souffle avec violence dans les Bouches du Rhône
(...). A Tours, à Angers, le neige tombe à gros flocons
et le froid est très vif. A Privas, la neige
est tombée en grande quantité. Sur les hauts plateaux
des Cevennes, la couche dépasse 25 centimètres. Une
violente tempête s'est abattu sur Grenoble. Le sismographe de la
faculté des sciences à enregistré un secousse
sismique à 4 H 33 du matin. A Hazebrouck, la gelée a
succédé à la neige. Le froid est extrêmement
vif. Au Havre la neige tombe abondamment aujourd'hui; le sol est
recouvert d'une couche de 20 cm. Le Temps – 30
décembre 1908
La neige à Paris - Un peu avant midi, quelques flocons de
neige tombèrent lentement sur Paris. Bientôt, les flocons
devinrent plus serrés et vers une heure nos rues et nos
avenues étaient revêtues du tapis blanc qui donne un
aspect pittoresque aux cités. Les branches des barres sont
comme garnies de fourrure blanche et les fenêtres des maisons
fleuries et enguirlandées. Mais les yeux seuls trouvaient plaisir
à cette transformation. L'activité des parisiens en
était fort gênée. Sauf en automobile, la
circulation était devenue, en voiture, à peu près
impossible, les chevaux ne parvenant pas à tenir en équilibre
sur cette neige qui aussitôt sur le sol devenait verglas.
Certaines voie, comme la rue Richelieu étaient jonchées de
chevaux couchés sur le flanc et que leurs cochers désespérés
essayaient vainement de remettre debout. Le temps gris de ces derniers jours
laissait prévoir cette averse de neige et l'on est en droit de
s'étonner que les entrepreneurs de transports n'aient pas pris
cette simple précaution de faire ferrer les chevaux "à
glace". La plupart des cochers de fiacre
ramènent mélancoliquement leur voiture à la
remise en conduisant le cheval par la bride. Dans les quartiers de la
périphérie et dans quelques squares et jardins du
centre, les enfants réjouis du spectacle luttent à
coups de boules de neige. Et Paris, cet enfer des chevaux, devient le
paradis des enfants. Le Temps – 30
décembre 1908
L'Angleterre sous la neige – Avec 48 heures de retards, nous avons enfin le
temps classique de noël. Depuis la nuit dernière, Londres
est sous une véritable tourment de neige, et les flocons,
menus et serrés, toment tranquillement et lentement sans
interruption. Après 24 heures de neige incessante, la ville
entière et toute l'Angleterre sont ensevelies sous un épais
manteau blanc. De tous les coins du royaume uni, on signale des
trains bloqués par la neige, des tempêtes et quelques
petits sinistres près des côtes, mais Dieu merci, il n'y
a encore aucune catastrophe. Les communications télégraphiques
avec l'Irlande sont interrompues. A Londres, un armée de
milliers de sans travail a été embauchée ce
matin par la cité pour assurer le nettoyage des rues, mais
l'on parvient à grand peine à assurer la circulation.
Les patineurs sont en joie et de toutes parts s'organisent des fêtes
et des concours entre différents skating clubs. Par suite de
la tempête de neige tous les paquebots du continent arrivent
avec plusieurs heures de retard après une traversée
extrêmement difficile. Le Figaro – 30 décembre
1908