Les actualités du 24 octobre 1909
L'annexion de la province de Wiborg à la Russie
Nos lecteurs ont déjà appris que la question finlandaise prend une tournure grave. Des forces militaires considérables ont été dirigées sur Wiborg, l'ancienne capitale de la Carélie et elles ne seraient que l'avant-garde d'autres forces.
L'ancienne autonomie politique, telle qu'elle avait été conçue en 1809 et rétablie par le manifeste impérial du 4 novembre 1905, est de nouveau compromise par les séparatistes eux-mêmes. En présence de cet état de choses le gouvernement russe, pour raison de défense nationale, est sur le point de prendre une mesure radicale.
L'annexion pure et simple de la province finlandaise de Wiborg au territoire de l'empire russe est chose décidée. Elle se fera sans le consentement de la Diète de Finlande et de la Douma russe, à titre de mesure de défense nationale.
La province de Wiborg est une des plus peuplées de la Finlande, le pays aux mille lacs ; sa population atteint presque le double de la moyenne pour tout le pays ; son étendue dépasse quatre fois celle de nos deux départements de la Savoie réunis. La province de Wiborg ne saurait se targuer de droits d'autonomie, car dès le règne de l'impératrice Elisabeth Petrowna, elle avait été annexée au vaste empire de Pierre le Grand.
La province est découpée par de nombreux lacs ; ses côtes sont formées par des fjords, dont le plus important est la baie de Wiborg. Deux grandes îles, l'Uuraa et la Sonion, et la presqu'île de Makkerlak, forment la célèbre et commode rade d'Uuras, laquelle constitue le port extérieur de Wiborg. Pour entrer dans la rade il faut franchir le Kurkenemi-Kanal, détroit défendu par trois batteries. La rade est le point de station ordinaire de la flotte de la Baltique ; jusqu'à présent la défense maritime de la rade laissait à désirer ; la ville elle-même est déclassée comme forteresse depuis 1859.
La population de la province est en partie finnoise, en partie suédoise. Depuis l'ouverture de la voie ferrée de 120 werst de Pétersbourg à Wiborg, l'ancienne capitale de la Carélie, l'actuelle capitale de la province compte également quelques milliers de Russes; La très grande majorité de la population de la province est luthérienne.
Des dépêches parlent de l'envoi de douze régiments d'artillerie et de la garde à Wiborg, pour y maintenir l'ordre. Ce chiffre nous parait exagéré. La ville et ses faubourgs comptent environ 30.000 habitants. Un pareil déploiement de troupes serait hors de toute proportion, car la province entière compte à peine 475.000 habitants.
L'Univers – 24 octobre 1909
EN BREF
Etait-ce un aéroplane ? - L'exploit du comte de Lambert a-t'il suscité l'émulation d'autres aviateurs, jaloux, eux aussi, de planer au-dessus de Paris. On pouvait le croire, hier, car vers quatre heures et demie de l'après-midi, place du Palais-Royal et rue de Rivoli, des centaines de curieux stationnaient, les yeux levés vers le ciel. Un aéroplane ou un appareil y ressemblant fort passait à une hauteur prodigieuse. Il semblait venir de l'Ouest. Après avoir fait un crochet au dessus du Palais-Royal, il repartit du côté de l'Arc de Triomphe. Des témoins dignes de foi l'ont vu — un millier de Parisiens sont comme eux. Quel est ce nouvel audacieux ? A Port-Aviation où nous avons téléphoné, on nous a répondu qu'aucun aviateur n'avait quitté la piste. Le Petit Journal – 23 octobre 1909
A Blackpool, Latham vole à la vitesse de 160 km à l'heure ! Londres,
22 octobre — A Blackpool il n'y a eu aujourd'hui qu'un vol ; mais il en a valu
beaucoup par l'extraordinaire audace de Latham qui l'a accompli. Le public a été
vivement impressionné en voyant l'Antoinette sortir de son hangar. Le vent
soufflait à près de 50 kilomètres à l'heure. Cependant le vaillant aviateur
n'hésita pas a se lancer dans les airs, bien que dans un premier essai
infructueux le vent eût retourné sa machine. Émus, les spectateurs lui criaient
: "Descendez ! Descendez ! " Mais Latham, tantôt entraîné vers la mer, tantôt
revenant contre le vent, accomplit deux fois le tour du champ d'aviation. Son
aéroplane fut comparé, au cours de cette remarquable performance, à un navire
dansant sur des lames pendant la tempête. A certains virages, son appareil était
incliné, parait-il, à près de 45 degrés. On affirme que le vent et la force de
propulsion combinés lui ont fait atteindre par moments une vitesse de 160
kilomètres à l'heure. Quand il redescendit, les spectateurs étaient tellement
impressionnés qu'ils pouvaient tout d'abord à peine l'applaudir. Ce vol est le «
clou » de la semaine. Le Matin – 23 octobre 1909
Troubles ouvriers en Allemagne - Des troubles ont éclaté dans la
région minière des schistes cuivreux de Mansfeld, près de Halle, où les ouvriers
ont arrêté le travail. Les grévistes, au nombre de six mille environ, se sont
livrés à des actes de violence, endommageant les machines, et ont obligé même
les non-grévistes à quitter le travail. Des rencontres ont eu lieu avec la
police et la gendarmerie, qui ont été débordées ; des troupes ont dû être
envoyées sur les lieux de la grève. Un bataillon d'infanterie de Magdebourg et
trois, compagnies de fusiliers de Halle séjournent à Helistedt et à Mansfeld, et
ont établi des mitrailleuses aux abords de la mine. Au cours d'une bagarre,
plusieurs gendarmes et un soldat ont été maltraités par la foule, qui a proféré
des injures à l'égard des troupes. L'Action Française – 24 octobre
1909