Les actualités du 30 octobre 1909
Un lieutenant de vaisseau de la marine grecque, nommé Typaldos, s'est emparé ce matin de l'arsenal de Salamine, qu'il a occupé avec trois cents hommes et quelques sous-officiers. Puis, décidant les matelots des torpilleurs à le suivre dans sa rébellion, il disposa presque aussitôt, non plus seulement de l'arsenal et du dépôt de munitions, mais encore de toute la flottille des torpilleurs, qui comprend huit bâtiments.
La Ligue militaire, dès qu'elle eut connaissance de l'événement, fit paraître immédiatement dans un supplément du Kronos un communiqué de protestation contre l'acte du lieutenant Typaldos. Elle terminait en déclarant qu'elle avait décidé à l'unanimité de le rayer de la liste de ses membres, de le désavouer et de le remettre aux pouvoirs publics pour répondre du crime de haute trahison.
Entre temps, le gouvernement prévenu prenait les mesures nécessaires et envoyait une partie des troupes de la garnison d'Athènes, un régiment avec des canons de montagne, pour bloquer du côté de la terre les mutins, afin de les forcer de se rendre. Elles occupèrent les hauteurs de Scaramanga, et, après qu'une sommation de se rendre eut été
envoyée aux mutins qui refusèrent d'y obtempérer, le bombardement des torpilleurs commença. Les navires de la flotte qui étaient restés fidèles au gouvernement et qui étaient mouillés à Kerazin, de l'autre côté de Séros, tirèrent également sur eux. L'engagement dura vingt minutes, le torpilleur Sfendoni fut atteint par plusieurs projectiles et l'arsenal se rendit. Les négociations avec les mutins furent alors reprises. Pendant que ces événements se déroulaient, le calme le plus grand ne cessait de régner en ville où l'on se contenta d'envoyer des troupes garder le ministère de la marine. L'opinion publique est en faveur du gouvernement.
L'affaire devait avoir sa répercussion à la Chambre. M. Mavromichalis, après avoir dit que le gouvernement était décidé à réprimer cette rébellion par la force, démentit l'information publiée par les journaux, suivant laquelle les députés Stratos et Alexandris auraient appuyé la mutinerie. Puis il déclara qu'une situation anormale se trouvait créée, mais que toutefois le mouvement était heureusement très limité. C'est d'ailleurs le sens du communiqué officieux envoyé aux journaux du soir.
Le Gaulois – 30 octobre 1909
EN BREF
Un ouragan ravage la région lyonnaise - Une violente tempête a sévi hier soir sur notre région. Entre Beaujeu et Quincié, un grand nombre de poteaux de la ligne d'éclairage électrique de la Compagnie du chemin de fer du Beaujolais ont été renversés et brisés. Cet ouragan a en outre causé ce matin un accident sur la ligne de Beaujeu à Belleville. Le train, parti de Beaujeu à 4 heures 52, venait de franchir le pont métallique, traversant l'Ardière, lorsque les poteaux télégraphiques, que la violence du vent avait fortement inclinés, s'abattirent sur le convoi.Le mécanicien, M. Termoz, qui, à ce moment, serrait les freins, fut atteint par un poteau et grièvement blessé à la main droite. La lampe surmontant la locomotive fut enlevée et la guérite de vigie de l'une des voitures de voyageurs entièrement arrachée. Une machine de secours ayant été demandée, la gare de Belleville envoya une locomotive d'un train de marchandises qui ramena le train en gare. Le Petit Parisien – 30 octobre 1909
Explosions dans une carrière – un ouvrier trouve la mort -Un tragique accident s'est produit dans une carrière souterraine située au lieu dit "le Bois Grimbert", territoire de Saâcy-sur-Marne, et exploitée par M. Chalamon. Plusieurs ouvriers travaillaient dans une galerie, à 800 mètres de l'entrée. Avant d aller déjeuner, un d'eux, Louis Bouttour, soixante-deux ans, avait allumé un coup de mine, qui, par suite d'une défectuosité de la mèche, ne se produisit que longtemps après, au moment où les carriers venaient reprendre leurs occupations. La violence de l'explosion éteignit toutes les lampes et renversa M. Gustave Beaumont qui put se relever et appeler à l'aide. Ses camarades accoururent, munis de lampes, et trouvèrent le malheureux Bouttour enseveli sous un énorme bloc de pierre. Ils le dégagèrent assez rapidement et le placèrent sur un wagonnet pour le transporter à l'orifice de la carrière, profonde de 50 mètres. L'infortuné carrier reçut les soins d'un médecin, puis, sur sa demande, fut ramené chez lui, au hameau de Villaré, commune de Citry, où il est mort peu après. Le Petit Parisien – 30 octobre 1909
Une ville normande ravagée par les flots - Grandcamp, 29
octobre. — Une violente tempête a complètement devasté la commune de
Grandcamp-les-Bains. Trente grandes barques de pèche, gréées en sloops, ont été
détruites. La mer s'est avancée jusqu'à 1.600 mètres à l'intérieur des terres.
Plusieurs routes ont été détruites. Le sol est entièrement recouvert par les
galets. Deux digues ont été complètement détruites. On est sans nouvelles de
plusieurs barques. La population espère toutefois qu'elles auront fui devant la
tempête et se seront réfugiées dans d'autres ports de la côte. Les dégâts causés
par le désastre sont considérables. Trente-deux barques de pèche sur trente-huit
que contenait le port ont été coulées; deux bateaux de plus fort tonnage sont
perdus ou considérés comme tels. Une partie de la jetée a été emportée; la
plupart des villas ont été envahies par l'eau et la mer est venue jusque dans
les rues. La perte des barques de pêche entraîne la ruine et la misère de
presque toute la population dont elles constituaient le gagne-pain. On attend
dans la nuit l'arrivée de M. Henry Chéron, sous-secrétaire d'état à la marine,
et de M. Tréfeu, maire de Grandcamp. Le Matin – 30 octobre 1909