Les actualités du 27 septembre 1910
Au raid Paris-Bruxelles, les aviateurs Mahieu et Loridan échouent dans leur tentative
La deuxième journée de l'épreuve Paris-Bruxelles fut plus malencontreuse encore que la première. Les concurrents ont brisé tous deux leur appareil de telle manière qu'ils se trouvent dans l'impossibilité de poursuivre leur voyage. Mahieu, dont le biplan avait été partiellement démoli dimanche matin, sur la pelouse de Bagatelle, procéda, dans la nuit, aux réparations nécessaires. Et, dès 6 h. 15, hier matin, il s'envolait en. compagnie de son passager, M. de Manthé. Il fit une promenade d'essai jusqu'au Point du Jour, revint traverser la pelouse de Bagatelle, et disparut définitivement vers Courbevoie.
A 6 h. 50, il dépassait Senlis ; à 7 h. 20, Compiègne, et à 8 h. 1/2, il descendait momentanément au milieu d'un pré, non loin de Noyon. Les deux voyageurs déclarèrent aux paysans accourus que tout allait bien à bord, et bientôt ils repartirent. Par une coïncidence heureuse, c'était, à La Père, jour de la grande fête annuelle. On imagine la foule qui se rua vers le terrain dit Le grand Wiby, lorsque vola de bouche en bouche la nouvelle que Mahieu venait d'y atterrir. Le commissaire de police organise en hâte un service d'ordre, mais c'est avec mille difficultés qu'on tient les curieux à distance respectueuse. .L'enthousiasme est énorme et des acclamations formidables saluent l'aviateur et son passager.
Mahieu est ravi.. M. de Manthé l'est tout autant. Ils ne rencontrèrent presque point de remous, pas de brouillard, et se maintinrent constamment à une altitude de cinq à six cents mètres. Cette promenade leur a ouvert l'appétit, et ils se mettent à déjeuner. A 12 h. 50, Mahieu décide de repartir ; mais la foule s'est accrue : de tous côtés elle déborde, elle gêne les mouvements du pilote. Le service d'ordre opère une manœuvre vigoureuse, et à 1 h. 10, le moteur est mis en marche ; mais Mahieu n'a pas réfléchi qu'il lui faut pour prendre l'air avoir le vent debout. Il l'a dans le dos et ne peut décoller. Il comprend sa faute, y remédie, et, à 1 h. 25, s'envoie au milieu d'une ovation frénétique.
Une désillusion cruelle guettait ses admirateurs. Mahieu n'avait pas encore franchi les limites de son terrain de lancement et se trouvait à peine à cinq mètres d'altitude, que son appareil s'inclinait sur la gauche et s'effondrait. On se précipite : les deux voyageurs sont indemnes, mais le biplan est en miettes. A 4 heures, Mahieu et M. de Manthé prenaient le train... pour Paris. Quant au pauvre appareil, oh l'emballa dans la soirée. Passons Loridan. Son odyssée, plus longue avant-hier que celle de Mahieu, fut, hier, plus brève.
D'abord, pour descendre son appareil du perchoir élevé de douze mètres où il avait été contraint de l'abandonner, il fallut que les pompiers de Saint-Quentin intervinssent. Ils durent élever un échafaudage autour de l'arbre, couper les branches qui retenaient l'aéroplane et faire ensuite glisser celui-ci sur un plan incliné. Ce travail fantastique dura toute la nuit. Et quand, à l'aube, les pompiers, sous la conduite active du capitaine Baugé, vinrent à bout de leur besogne inattendue, ce fut le tour des mécaniciens. ils exécutèrent les réparations indispensables. A 10 heures, tout était enfin terminé.
Loridan comptait se rendre à quatre kilomètres au delà de Saint-Quentin pour faire son plein d'essence et repartir. Mais lorsqu'il apprit que Mahieu était à La Fère, il résolut de s'envoler aussitôt vers Bruxelles. A midi 20, l'appareil était conduit sur une éminence voisine et Loridan prenait le départ. II n'avait encore parcouru que deux cents mètres, à cinquante mètres d'altitude environ, quand, au cours d'un virage, l'aile droite du biplan s'affaissa. La culbute immanquable suivit. Loridan et M. Fay, son passager, se relevèrent sans le moindre mal, mais l'appareil était désormais inutilisable. Et quelques heures plus tard l'Aéro-Club de France informait l'Aéro-Club de Belgique que Loridan et Mahieu renonçaient définitivement à leur tentative.
Le Gaulois – 27 septembre 1910
EN BREF
La choléra à Naples - Rome, 26 septembre - La nouvelle est maintenant confirmée : le choléra a fait son apparition à Naples. Après six semaines d'attente, la municipalité, mise en demeure par le gouvernement, se décide à avouer un cas dans la ville. Mais il ne fait doute pour personne que la fameuse épidémie dite de postra-entérite, sur laquelle les autorités sanitaires se sont étendues avec tant de complaisance, est en réalité une épidémie de choléra. On a jugé très habile de baptiser d'un autre nom le terrible fléau, afin de ne pas effrayer les étrangers ; cette manœuvre criminelle est aujourd'hui d"masquée et le gouvernement s'est empressé de prescrire les mesures les plus rigoureuses afin de circonscrire autant que possible la marche de l'épidémie. Afin d'éviter que des voyageurs provenant de Naples échappent à la visite médicale, neuf médecins vont au-devant des trains et procèdent en cours de route à la visite des voyageurs. La Vita attaque vivement la municipalité napolitaine à cause de son manque de sincérité, sous le prétexte de ne pas effrayer les habitants et de ne pas éloigner les touristes. La Vita conclut : Il faut se guérir de ce défaut séculaire. Aucun autre pays n'a bougé à mentir et à organiser une coupable dissimulation. Le Mesaaggero annonce une interpellation du député Pandore demandant pourquoi dès le début de l'épidémie on n'a pas envoyé à Naples un commissaire pour diriger le service sanitaire et forcer la municipalité à faire son devoir. M. Paratore se plaint que la ville la plus peuplée de l'Italie ait été laissée sans défense. Sous le prétexte de ménager ses intérêts, on a démenti des faits notoires. L'opinion publique en Italie est extrêmement montée contre les autorités municipales de Naples. Les habitants de Rome, d'autre part, sont assez inquiets car ils craignent que l'épidémie, si le foyer d'infection se propage, ne s'étende jusqu'à la capitale. Le Gaulois – 27 septembre 1910
Dompteur blessé - Jack Jackson dompte les fauves dans une ménagerie qui, actuellement, est installée sur la place de la Nation. Hier, une lionne révoltée, laquelle est appelée Sultane, se jeta sur lui, le griffa et le mordit. Heureusement le propriétaire de la ménagerie, qui connait l'art de maîtriser les fauves, intervînt et arracha Jack Jackson aux griffes de Sultane. Le malheureux avait reçu neuf blessures, qui toutefois ne mettront pas sa vie en danger. Le Petit Parisien – 27 septembre 1910