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15 octobre 2010

Les actualités du 15 octobre 1910

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Une bombe rue de Berri

Rue de Berri

Paris - Entre minuit vingt-cinq et minuit trente, une bombe a éclaté devant la porte cochère, rue de Berri, 6. L'explosion a été d'une grande violence. C'est par un véritable miracle qu'elle n'a pas fait de victimes. Tous les locataires de l'immeuble portant le numéro 6 sont actuellement absents de Paris, à l'exception de M. Joannidès, sujet grec, qui habite à l'entresol. M. Joannidès est rentré précisément chez lui à minuit 25. Il ne remarqua rien devant la porte cochère et monta chez lui. Il avait à peine fermé la porte de son appartement que l'explosion se produisait.

Un quart d'heure plus tard, M. Lépine, préfet de police, arrivait. MM. Warrain, juge d'instruction, et Mouquin, se joignaient à lui pour procéder aux premières investigations. Ils constatèrent que l'engin avait été placé dans l'angle de la porte, à droite. Là, le garde-roue massif, scellé dans le sol et dans le mur, avait été littéralement pulvérisé. Des bandes métalliques, en travers de la lourde porte, avaient été arrachées. Le vitrage de la porte a volé en éclats. Des pièces de fonte, des vis, des boulons, ont été projetés avec une force incroyable jusqu'au fond de la cour, soit à une distance de trente mètres. Au premier étage sur la cour, les vitres sont brisées. La porte cochère est également en miettes. Les débris de l'engin ont été transportés au laboratoire municipal. Le sous-directeur, M. Sanglé-Ferrière, croit que la bombe été chargée avec des cartouches de dynamite.

M. Tony Dreyfus, juge suppléant, demeure précisément rue de Berri, 6. On se demande si l'auteur de l'attentat n'a, pas cru viser M. Dreyfus, président de la 10e chambre, qui a récemment prononcé des condamnations sévères contre de nombreux grévistes. Le président Dreyfus reçoit de nombreuses lettres de menaces. Le ou les auteurs de l'attentat seront inculpés de destruction d'édifice et de tentative de crime.

Le Temps – 15 octobre 1910


EN BREF

Le Palais-Bourbon bouclé - En raison des événements présents, le Palais-Bourbon était hier gardé par des soldats en tenue de campagne, et la consigne qui avait été donnée au personnel de la Chambre à l'égard des visiteurs était des plus rigoureuses. En dehors des députés et des journalistes parlementaires accrédités, personne ne pouvait franchir la grille du quai d'Orsay, qui était d'ailleurs fermée et gardée. La rigueur de cette consigne n'a pas tardé a provoquer un incident. Un visiteur s'étant présenté pour voir M. de La Porte, député socialiste, on lui répondit qu'il était impossible de pénétrer. De même, exécutant les ordres reçus, les huissiers se refusèrent a faire parvenir au député des Deux-Sèvres une fiche d'audience. M. de La Porte ayant été avisé de ce qui se passait, se rendit auprès de son visiteur ; mais c'est en dehors de la grille qu'il put le recevoir. Quelques députés socialistes, MM. Guesde, Compère-Morel, Mauger, mis au courant de l'incident, se rendirent auprès de M. Pierre, secrétaire général de la présidence, auprès duquel ils ont très vivement protesté. Un député radical-socialiste, M. Haudos, a vu également refuser l'entrée du Palais-Bourbon a son secrétaire. L'affaire sera, dit-on, portée devant le bureau de la Chambre. Le Matin – 15 octobre 1910

Incidents de grève à Lille - Lille, 14 octobre — Près de Lille, à la gare du Petit-Ronchin, à quatre heures et demie de l'après-midi, un peu avant le passage du rapide de Paris qui quitte Lille à quatre heures vingt-deux, les employés de la voie ont constaté qu'un rail avait été déboulonné sur une longueur de douze mètres. On avait enlevé vingt-deux tire-fond. Immédiatement on a appelé des ouvriers qui ont réparé la voie, et le rapide a pu passer avec une demi-heure de retard. D'autre part, à Sin-le-Noble, deux mécaniciens descendant de leur machine ont été assaillis par une bande de grévistes. On les a frappés, on les a contraints à manger du charbon et on les a reconduits chez eux en les huant et les houspillant. A Hazebrouck, on a arrêté cet après-midi deux hommes d équipe qui, le brassard au bras, mobilisés, essayaient de débaucher leurs camarades. Ces deux individus ont été amenés à minuit à la gare de Lille sous une escorte de gendarmes et conduits, menottes aux mains, à la prison de la Citadelle. Ils passeront en conseil de guerre. Le Matin – 15 octobre 1910

ClimatLa tempête - On nous télégraphie de Cherbourg qu'une violente tempête de nord-est sévit sur nos côtes et la mer a été tellement démontée que la navigation est rendue impossible. Le cuirassé russe Amiral-Makarof, arrivé hier après-midi à dû, pour se maintenir sur son corps mort, conserver ses feux allumés et rester sous pression. Le consul qui s'était rendu à bord n'a pu débarquer de la soirée. Une pluie diluvienne est tombée, envahissant les chaussées et inondant les bas quartiers de la ville. Quatre marins qui faisaient partie de l'équipage du vapeur Emilie qui s'étaient embarqués à minuit, dans la baleinière du bord furent jetés à la côte et leur embarcation vint se briser sur les rochers de l'Onglet. Ils ont été sauvés et après avoir reçu des soins ont dû passer la nuit à l'hospice civil. Ces marins venaient prévenir que leur navire avait cassé la chaîne de son corps mort et venait à la côte. Sa position était des plus dangereuse. Douze hommes restaient à bord à manœuvrer des amarres sous le commandement du capitaine Lecoq. Le navire a été secouru par deux remorqueurs de la direction du port de Cherbourg. Le vapeur n'a que de légères avaries. On nous mande aussi de Calais qu'une nombreuse flottille de bateaux de pêche appartenant aux ports de Calais, Dunkerque, Gravelines, Boulogne, la Panne, surpris par la soudaineté de la tempête, ont aussitôt mis le cap sur le port. Mais cinq d'entre eux ont été jetés à la côte en face du Casino municipal. Le canot de sauvetage Edmée-et-René est sorti pour secourir les naufragés. Ceux-ci avaient pu cependant gagner la côte à pied sec. On espère pouvoir renflouer ces bateaux. Le Temps – 15 octobre 1910


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