Les actualités du 24 octobre 1910
Mort du Roi de Siam
Le roi de Siam, Chulalongkorn, est mort d'une attaque d'urémie. Le prince, héritier a été proclamé roi. Paramindr Maha Chulalongkorn, roi de Siam, du Nord au Sud, et de toutes les dépendances des Laotiens, des Malais, des Karën, était né à Bangkok, le 20 septembre 1853; fils du roi Paramindr Maha, Mongkout, Chulalongkorn était un descendant de la dynastie fondée en 1782, par Ghakhri. Il avait épousé, le 1er janvier 1864, la princesse Sowapa Pougei et avait eu de son mariage huit enfants, dont l'aîné, Maha Vajirawudh, né en 1881, a été proclamé prince héritier du trône, le 17 janvier 1895.
Chulalongkorn régnait depuis 1868. Monté sur le trône à quinze ans, à la mort de son père, il fit, de bonne heure, preuve des qualités qui appartiennent à l'homme d'Etat. Lors du conflit siamois, de 1885 à 1892, la France eut, là-bas, en face d'elle, un souverain qui défendait avec un habile entêtement les intérêts de son pays. Après avoir voyagé à Java, aux Indes, en Malaisie, Chulalongkorn entreprit de parcourir l'Europe, en 1897, et il accrut à ce moment aux yeux de la diplomatie occidentale l'importance du Siam. Il y a trois ans, en 1907, dix années après ce premier voyage, Chulalengkorn revenait en Europe, visitait successivement Rome, Vienne, Paris, Londres, Copenhague, Stockholm. Paris lui avait réservé un accueil de sympathie amusée.
Dans ses états, ce souverain fut un réformateur du gouvernement et de l'administration. Il a établi une constitution — dès 1874 — et supprimé l'esclavage. Un esprit moderne, européen peut-on dire, se cachait sous ce nom baroque d'Extrême-Orient. Initiateur de travaux publics, il créa une administration des postes, et des fils télégraphiques relièrent Bangkok à l'étranger.
Il fit appel à nombre d'instructeurs venus d'Europe. Ce sont des Français, notamment, qui dirigèrent le service d'hygiène. En somme, c'est un grand roi du lointain pays qui s'en va. Et le Siam lui doit sa prospérité de ces dernières années. Le président du Conseil a chargé M. Durand, son chef de cabinet, de présenter ses condoléances personnelles au ministre de Siam à Paris.
Le Petit Journal – 24 octobre 1910
EN BREF
Ecrasé sous dix-mille kilos de fer - Un accident mortel s'est produit à Paris, hier, à midi, 9, rue de la Vistule, dans un vaste terrain où sont remisées les marchandises d'une maison de fer, dont la maison de vente est boulevard des Italiens, à Paris. Dans ce terrain sont déposées sur des étagères cimentées dans le sol, des barres de fer, suivant les diverses séries auxquelles elles appartiennent. Un de ces lots de fer, supporté par douze étagères, s'est effondré; ensevelissant sous un poids de dix mille kilos un ouvrier, Albert Gouget, âgé de dix-neuf ans, demeurant à Gentilly, 77, rue Frileuse. Ce malheureux jeune homme avait été chargé du nettoyage du dépôt ; il s'était glissé sous les étagères lorsque celles-ci désagrégées par les pluies et le sol détrempé, s'écroulèrent sur lui. Les pompiers de la caserne de la rue Jeanne-d'Arc, aussitôt prévenus, se rendirent sur les lieux et procédèrent, non sans peine, au dégagement de l'enseveli. Ils réussirent enfin à retirer son corps horriblement broyé. Albert Gouget avait eu les deux jambes coupées, la tête et la poitrine broyées. Ce malheureux était le second de six enfants, dont le père malade peut difficilement travailler. Sa mort réduit donc à la plus profonde misère une famille qui ne vivait guère que de son salaire, car il était seuls, de ses frères, à avoir actuellement de l'ouvrage ou à être en âge de travailler. Le Petit Journal – 24 octobre 1910
Mme et Mme Jacques Richepin victimes d'un accident d'automobile - On
nous télégraphie de Béziers, que Mme Cora Laparcerie, son mari M. Jacques
Richepin et leur fils, âgé de huit ans, se rendaient hier en automobile à
Toulouse, où Mme Cora Laparcerie devait jouer dans la soirée Xantho chez les
courtisanes, de M. Jacques Richepin. Ils avaient déjeuné chez M. Castelbon de
Beauxhostes. Aux environs de Coursan, limite de l'Hérault et de l'Aude, une des
roues de derrière de l'automobile butta contre une borne et le petit Richepin et
le chauffeur furent projetés avec une extrême violence dans un ravin. Mme Cora
Laparcerie et M. Jacques Richepin sont indemnes. L'enfant n'a pas de blessure
apparente, mais se plaint de maux de tête qui font craindre des lésions
cérébrales. Le chauffeur est dans un état alarmant. La famille Richepin a été
ramenée par un automobiliste de passage à Béziers où les blessés seront soignés.
Le Temps – 24 octobre 1910