Les actualité du 29 octobre 1910
Un navire en flammes au large de l'ile d'Yeu
Saint-Nazaire, 28 octobre. Le vapeur du pilotage Henri-Duval apportait hier soir, vers neuf, heures, une lettre de M. Lepretre, capitaine du Basse-Terre, de la Compagnie générale transatlantique, dans laquelle cet officier informait M. Dupont, agent principal de la compagnie des bateaux vapeur du Nord, que le navire Frédéric-Morel, de cette dernière compagnie, qui avait à son bord une certaine quantité d'essence de terébenthine, était la proie des flammes, à 25 milles au sud-est de l'Ile d'Yeu.Voici des détails sur ce sinistre, qui vient de frapper encore la Compagnie des bateaux à vapeur du Nord, déjà si cruellement éprouvée par la perte du Ville-de-Rochefort.
Hier, vers midi, le vapeur Basse-terre voguait au large de l'île d'Yeu, se dirigeant sur Nantes, quand le lieutenant de quart aperçut à l'horizon une épaisse fumée qui ne pouvait provenir de la cheminée d'un bâtiment. Il eut immédiatement l'impression d'un horrible sinistre, et prévint le capitaine. Le Basse-Terre fit route vers le point d'où venait la fumée. Bientôt, le doute ne fut plus possible. Un bâtiment, le Frédéric-Morel, était, d'un bout à l'autre, la proie des flammes. Sur le pont, les flammes montaient à hauteur du mat de misaine, lequel d'ailleurs, ne tarda pas à tomber.
Le Basse-Terre approchait du lieu du sinistre quand il rencontra la barque de pêche 1719, de la Rochelle, qui avait recueilli à son bord le capitaine Vanhille, du bâtiment incendié, et avec lui tout son équipage: dans l'impossibilité de tenir sur son bâtiment, dont le pont en bois, chargé au départ de Bordeaux de fûts d'essence de térébenthine et de résine en grande quantité, ne formait plus qu'un immense brûlot, le capitaine Vanhille avait mis deux embarcations à la mer et s'était vu dans l'obligation d'y prendre place avec son équipage. Il suivait de l'œil les ravages du feu, quand ta barque de pèche 1719 vint le recueillir.
Le commandant du Basse-Terre offrit aux naufragés, de les prendre à son bord mais le capitaine Vanhille refusa de quitter les lieux du sinistre jusqu'au, moment où son navire aurait complètement sombré. L'équipage, obstinément, résolut de rester aux côtés du capitaine. Seul le troisième mécanicien M. Delalonde, de Dunkerque, qui était très grièvement blessé; fut recueilli à bord du Basse-Terre. Son état lamentable rendit son embarquement extrêmement pénible. Le malheureux avait les pieds et les mains à vif, et la figure cruellement atteinte.
M. Dupont s'est rendu sur rade, près du Basse-Terre, pour recueillir des renseignements de la bouche du capitaine. M. Ribot, médecin du service sanitaire, qui a pu monter à bord pour examiner le blessé, a vivement félicité l'équipage pour les soins et les pansements provisoires qui avaient été donnés au malheureux avec dévouement et habileté.
Le navire n'ayant pas la libre pratique, M. Delalonde n'a pu être descendu à Saint-Nazaire. Le Basse-Terre a donc continué sa route jusqu'à son port de destination, Nantes, ou le blessé a été admis d l'hôpital La Rochelle, octobre. Le Frédéric-Morel était parti de Bordeaux le 26 octobre, à midi 30, pour Dunkerque, avec un chargement composé de 567 tonneaux de marchandises diverses, notamment de l'essence de térébenthine. C'était un vapeur qui jaugeait 865 tonneaux et qui avait été construit à Southshields en 1883. Il avait une machine de la force de 700 chevaux.
Le Petit Parisien – 29 octobre 1910
EN BREF
Un éléphant a écrasé son gardien - New-York, 28 Octobre - Un drame horrible s'est déroulé dans une ferme, à Jersey City. Le nègre Charles Roade, chargé de donner sa nourriture à un éléphant, le trouva détaché d'ans son écurie. Il appela le gardien Robert Shields, qui accourut avec des chaînes. Rendu brusquement furieux, le pachyderme brandit sa trompe et fonça sur Shields, qu'il renversa et piétina effroyablement, puis il se laissa paisiblement attacher. Le malheureux Shields, littéralement aplati, avait tous les os en miettes. C'est la quatrième victime que cet éléphant, âgé de 87 ans, a déjà faite dans sa vie. Le Petit Journal – 29 octobre 1910
Usine incendiée — Dans la nuit de mercredi à Jeudi, un incendie a
détruit la fabrique de pâtes, biscuits, etc., pour la nourriture des animaux,
exploitée à Saint-Philbert-sur-Risle (Eure). L'usine, comprenant plusieurs
bâtiments, travaillait nuit et jour, et c'est probablement un des appareils de
cuisson qui a communiqué le feu à l'un de ses bâtiments. Ce n'est qu'à
grand'peine qu'on a pu protéger la maison d'habitation, qui a eu néanmoins
beaucoup à souffrir. Les pertes s'élèveraient à plusieurs centaines de mille
francs. Le Temps – 29 octobre 1910