Les actualité du 2 novembre 1910
Rugby: dans la tourmente, les gallois de London Welsh terrassent une valeureuse équipe du Sporting
L'excellente équipe du London Welsh a gagné, comme on lé présumait, le match
qu'elle disputait hier à Colombes contre le Sporting-Club universitaire de
France. Elle a gagné par 18 points (5 essais dont un transformé), à 3 points (un
essai). Le début de la partie fut pitoyable il faisait un temps affreux; la
pluie tombait, balayée en rafales par un vent violent, et sur le terrain
glissant les deux équipes, lancées à la poursuite d'un ballon gluant, eurent
quelque peine à s'organiser.
Les Gallois menèrent pourtant une offensive active, mais tout ce qu'ils ébauchaient était aussitôt effort perdu les hommes tombaient d'eux-mêmes, le ballon échappait et puis aussi, il faut bien le dire, les joueurs du Sporting Club dont la tâche était évidemment facilitée, semblaient être dans de très bonnes dispositions. Ils étaient allants, suivaient l'attaque, se hâtaient à la défense, et se montraient adroits, autant qu'il était possible de l'être.
La première partie de la rencontre se termina à égalité de jeu, avec trois points de chaque côté. L'essai marqué par le Sporting avait été tout à fait satisfaisant, sur passes et déplacement d'attaque.
La seconde mi-temps fut presque remarquable, du côté des Gallois s'entend, qui, instruits par l'expérience de la première reprise, changèrent de tactique, multiplièrent l'offensive au pied, pour ne plus attaquer sur passes que sur les buts de l'adversaire. La pluie avait cessé, le terrain s'était légèrement amélioré, le ballon lui-même se montrait plus docile à la prise; les Gallois purent jouer, et le peu qu'ils ont alors montré a d'autant plus fait regretter la pluie et la boue, ils ont plu et impressionné par la continuité d'une offensive doublée et redoublée de la droite à la gauche par l'à-propos de la feinte, la rapidité et la variété de l'attaque, toujours possible avec des équipiers qui,sans cesse, suivant l'effort du camarade, sont à la place convenable pour prolonger ou renforcer l'attaque. Sur la fin, le match fut un vrai régal.
Le Sporting Club se comporta d'ailleurs de façon remarquable; il n'a jamais si bien joué de la saison; hormis deux ou trois joueurs, chaque homme tint utilement sa place. Si les demis jouaient un peu moins mécaniquement, si les trois quarts s'échelonnaient plus correctement et cherchaient moins l'interception, si l'équipe en général enrichissait son jeu de quelques combinaisons, elle serait, avec les éléments, qui la composent, dans une excellente situation pour triompher dans les grandes rencontres nationales.
La partie fut extrêmement violente; trois hommes ont été sévèrement touchés et durent quitter le terrain. Le public était restreint, mais il fut satisfait du sport qui lui fut donné. Un banquet a, le soir, réuni les deux équipes qui ont conclu un nouveau match pour 1911.
Le Figaro – 2 novembre 1910
EN BREF
La Toussaint - Un temps de Toussaint, c'est un terme généralement
employé pour désigner un ciel gris et terne, une atmosphère humide et glaciale.
Cette année nous avons eu pis encore ! une véritable tempête, une pluie
diluvienne. Forcément les visites aux cimetières s'en sont ressenties. Et
pourtant, tant est enraciné chez nous le pieux culte des morts, le nombre en a
été quand même considérable. Mais seuls sont là ceux qui pleurent des êtres
chers. Les curieux qui vont voir ce jour-là les tombes historiques ou qui
n'accomplissent qu'un pèlerinage de convention se sont abstenus. Comme chaque
année, M. Lépine, préfet de police, accompagné de MM. Le Soyeux, chef du premier
bureau de son cabinet, Laurent, secrétaire général, Touny, directeur de la
police municipale, Mouquin. directeur général des recherches, et Remongin,
officier de paix, s'est rendu le matin au cimetière Montparnasse déposer des
couronnes sur la tombe des fonctionnaires et agents de la police municipale
morts victimes du devoir et des sapeurs-pompiers morts au feu. En se retirant il
a salué la tombe des combattants de 1870-71. La Société des anciens pompiers
''Au feu!'' est également venue déposer des couronnes sur le monument des
victimes du devoir. Voici, d'après le relevé de la préfecture de police, le
nombre des visiteurs entrés hier dans les principaux cimetières: Père-Lachaise:
29.700, Montmartre: 1.900, Montparnasse: 15.588, Saint-Ouen (nouveau):75,200,
Saint-Ouen (ancien): 15.995, Ivry-Parisien: 24,513 Bagneux: 40,540, Pantin:
85,809, autres cimetières Batignolles, Bercy, Grenelle, Vaugipard, Passy,
Auteuil, Saint-Vincent de Montmartre, La Chapelle, Saint-Pierre de Montmartre,
La Villette, Charonne, Belleville: 10.910. Total, 300.157. L'année dernière, le
chiffre des entrées avait été de 534.514. Le Figaro – 2 novembre 1910
Violente bourrasque à Paris - Une véritable tempête de vent et de
pluie s'est abattue, hier, sur Paris, occasionnant un peu partout des accidents
et de nombreux dégâts. Par suite de la violence de la bourrasque, un câble de
télégraphie sans fil s'est rompu vers 4 heures du matin, au Champ de Mars, et
une antenne, pesant environ 150 kilos, est tombée de la tour Eiffel dans l'allée
centrale, sans heureusement causer d'accident de personnes. Des sapeurs du génie
ont immédiatement été envoyés sur place, afin de procéder aux réparations
nécessaires. Vers 11 heures, un tuyau de cheminée, en tôle, d'une longueur de 2
m. 50, a été projeté du toit de la maison, 88, avenue Parmentier, et s'est
abattu, avenue de la République, en face du n° 52. Un fabricant de bronzes
d'éclairage, M. Eugène Mornat, âgé de 44 ans, demeurant 67, avenue Parmentier,
qui passait à ce moment, a été atteint au côté. Place Saint-Gearges, une plaque
de zinc arrachée d'une toiture, est tombée sur la chaussée, à 50 centimètres
d'un passant, qui a failli être également blessé. A deux heures moins dix, un
gros morceau de bois détaché d'un échafaudage s'est abattu dans l'avenue de La
Bourdonnais, au coin d'une des voies nouvelles que traversent le Champ de Mars.
Sous la violence du vent, un pot de fleurs est tombé, rue Lecourbe, sur un
passant, M. Georges Vazeau, âgé de 29 ans, mécanicien, demeurant 59, rue de
l'Amiral-Roussin. Le blessé a été soigné à l'hôpital Baucicaut, puis reconduit à
son domicile. Vers 2 heures de l'après-midi, une pluie diluvienne c'est mise à
tomber sans discontinuer, accompagnée de coups de vent terribles. En quelques
instants, les rues ont été transformées en véritables torrents, et les
promeneurs, surpris, ont dû se réfugier en hâte sous les portes cochères, pour
se soustraire à l'ondée. Le Petit Journal – 2 novembre 1910