Les actualité du 21 décembre 1910
L'heure légale française va êtres retardée de 9 minutes
Avant la loi de 1891 édictant que l'heure, temps moyen de Paris, serait l'heure légale de la France entière, chacune de nos communes avait son heure locale, et, il en résultait entre elles et Paris des différences pouvant aller pour certaines villes importantes jusqu'à vingt minutes en plus ou en
moins, ce qui ne laissait pas d'apporter entre elles et Paris une notable gêne dans les affaires et les relations. L'unification de l'heure a donc par le fait constitué chez nous un progrès réel, et il en fut de même dans tous les autres pays où une heure légale avait été établie dans les mêmes conditions.
Aux Etats-Unis, comme partout ailleurs, on avait été frappé des inconvénients et des incommodités sans nombre pour les voyages et les rapports internationaux résultant de l'heure légale particulière à chaque pays, et l'on s'était préoccupé des avantages que pourrait assurer l'institution d'une heure légale universelle. Une conférence eut lieu. On choisit comme méridien de départ commun celui de Greenwich et on établit le système des fuseaux horaires. Enfin, on attribuait la môme heure à tous les pays contenus dans le même fuseau.
L'Europe se trouvait divisée en trois zones: 1 - L'Europe occidentale: Angleterre, Belgique, Hollande, Luxembourg, France, Espagne et Portugal, 2 - Europe centrale: Norvège, Suède, Danemark, Allemagne, Suisse, Autriche, Italie, 3 - Europe Orientale Russie, Roumanie, Bulgarie, Turquie et Grèce.
Donc, lorsqu'il est nuit à Londres (Europe occidentale), il est une heure à Berlin (Europe centrale), et deux heures à Saint-Pétersbourg (Europe orientale), et ainsi de suite avec une heure en plus à chaque nouveau fuseau que l'on traverse en allant vers l'Est. Si, au contraire, c'est vers l'ouest que l'on se dirige, au lieu d'augmenter on diminue d'une heure à chaque fuseau.
La France n'ayant pas adhéré à la convention de Washington, avait conservé son heure légale, temps moyen de Paris. En 1898, M. Boudenot, alors député, demanda à la Chambre d'adhérer à la convention, la Chambre lui donna satisfaction. Mais les ministres n'ayant pu se mettre d'accord le Sénat ne se prononça point. Il y a quelques semaines le ministre des Travaux publics écrivait à la commission que préside M. de Freycinet pour lui faire savoir que les ministres intéressés s'étaient mis complètement d'accord sur la question.
Aussitôt la commission se réunit. Et hier le rapport de M. Pauliat, favorable à la proposition, fut distribué aux sénateurs. Lorsque le projet sera devenu loi, l'heure légale française sera retardée de 9 minutes 21 secondes. Il n'y aura plus de différence entre l'heure de Londres et celle de Paris, entre celle de Paris et celle de Lisbonne, la France appartenant au premier fuseau.
Le Petit Parisien – 21 décembre 1910
EN BREF
Les élections anglaises ont pris fin hier - Londres, 20 décembre - Les élections sont terminées, les trois derniers résultats ayant été proclamés ce soir. A peu de voix près, la nouvelle Chambre est composée comme la précédente. Elle comprend 272 conservateurs au lieu de 274, 272 libéraux au lieu de 274, 42 ouvriers au lieu de 40, 76 redmontistes au lieu de 71, 8 O'Briennistes au lieu de 11. Seuls les ouvriers et les redmontistes ont gagné des voix. Ces deux groupes étant ministériels, la majorité gouvernementale est accrue de 5 voix. Cette majorité serait de 118 voix ou de 126 voix selon l'occurrence, les O'Briennistes pouvant voter contre elle ou avec elle. Les journaux de l'opposition s'efforcent de diminuer l'importance de ce résultat. A la vérité, l'autorité du cabinet sort indéniablement accrue du scrutin. En maintenant les libéraux au pouvoir par une majorité de suffrages, les électeurs ont nettement exprimé leur intention de les voir mettre tin à l'omnipotence des lords. Il est certain maintenant que le roi se rendra aux conseils de M. Asquith, pour faire passer le Parliament-Bill. Le Petit Parisien – 21 décembre 1910
Dans un amas de fumier on trouve un moribond - Meaux, 20 décembre - Se rendant ce matin à leur travail, des ouvriers agricoles ont découvert, à trois cents mètres environ de Champs-sur-Marne, un individu qui était à demi enfoui dans un amas de fumier. Le malheureux respirait encore, mais était dans un état d'extrême faiblesse. C'est à peine s'il eut la force de prononcer quelques mots. N'ayant pas mangé depuis plusieurs jours, il s'était, a-t-il dit, creusé un trou dans le fumier pour y attendre la mort. Le pauvre diable a prétendu se nommer Maréchal et être âgé de trente-huit ans. Mais on est persuadé qu'il n'a pas révélé son véritable nom. Transporté à l'hospice de Lagny, il n'a pas tardé à succomber. C'est un homme d'allures assez distinguées et de mise élégante. Son linge était soigneusement démarqué et l'on n'a rien découvert sur lui qui ait permis d'orienter dans un sens quelconque les recherches entreprises pour établir son identité. Le Petit Parisien – 21 décembre 1910