Les actualité du 17 janvier 1908

Maroc: le général d'Amade s'empare du Camp de Settat

Le camp de Settat, à vingt-huit kilomètres au sud de Ber-Rechid, est tombé entre nos mains, après un combat de seize heures. Voici la note officielle, communiquée à ce sujet, dans la soirée d'hier :

Le général d'Amade télégraphie qu'il s'est porté, le 14 janvier, à onze heures du soir, avec quatre bataillons, trois escadrons et une batterie, sur Settat, situé à vingt-huit kilomètres de Ber-Rechid, où se trouvait la mahalla kafidienne commandée par Moulay-Rechid. Cette mahalla était renforcée par les tribus chaouzas, qui avaient pris part aux derniers massacres.

A huit heures du matin, le général d'Amade a engagé le combat dans le défilé de Settat. L'ennemi a opposé une vive résistance, mais il a été refoulé après une lutte prolongée jusqu'à minuit. Settat a été occupé et le camp de Moulay-Rechid détruit. Le lendemain, à minuit, la colonne avait regagné Ber-Rechid.

Nous avons eu plusieurs blessés : Un officier, le lieutenant Castel, du 3e chasseurs d'Afrique (blessure sérieuse à la mâchoire) ; Un maréchal des logis chef du 1er spahis (blessure légère) ; Le cavalier Agostini, du 3e chasseurs (blessure grave, fémur traversé) ; Huit tirailleurs algériens et neuf légionnaires blessés plus ou moins grièvement.

En somme, le général d'Amade attribue ce brillant résultat d'une marche de vingt-cinq heures, d'un parcours de soixante-quinze kilomètres et d'un combat de dix heures consécutives, aux qualités très remarquables des troupes entraînées par le général Drude. Les pertes de l'ennemi sont très importantes ; l'impression est profonde dans les tribus.

Ce fait d'armes aura pour conséquence très importante de couper la route par laquelle Moulay-Hafid aurait pu se rendre de Marakech à Fez ; sa mahalla étant dispersée, le passage n'est plus protégé et il est, dès lors, plus que douteux que Moulay-Hafid entreprenne d'aller faire confirmer son autorité dans la ville sainte.

Le Petit Journal – 17 janvier 1908

EN BREF

Cinq balles de revolver dans le corps - Cent coups de couteau dans la tête - Evreux, 7 juin - Un ouvrier d'Evreux, allant à la pêche, ce matin trouva dans le chemin de la Justice, le cadavre d'un homme dont le visage était haché de plus de cent coups de couteau et réduit en bouillie. La gendarmerie et le parquet constatèrent que la victime n'avait ni veston ni chaussures. Outre les blessures de la face, on en compte cinq sur diverses parties du corps, provenant de balles de revolver. Il résulte de l'enquête que cinq détonations furent en effet entendues dans le voisinage, vers une heure du matin. Le Petit Parisien – 17 janvier 1908

Catastrophe minière aux Etats-Unis - New-York, 7 juin - Une véritable catastrophe s'est produite, hier, dans les mines de houille de Goldking, Silverton, dans l'Etat de Colorado. Le feu s'étant déclaré dans une galerie, trois mineurs eurent leur retraite coupée par les flammes. Dès qu'on s'en aperçut, on organisa des secours: vingt de leurs camarades descendirent à nouveau dans la mine et se mirent à leur recherche. Plusieurs heures s'écoulèrent ainsi. Mais, les sauveteurs ne revenant pas, contrairement aux instructions qui leur avaient été données, une seconde équipe de quatorze hommes se forma et, après avoir pris place dans une benne, gagna le fonds du puits. Elle y était à peine arrivée qu'elle demandait à être remontée en toute hâte, l'atmosphère, dans les galeries intérieures, étant irrespirable. Jusqu'à présent, il na pas été possible de porter secours aux 20 malheureux qui se trouvent dans la mine et qui, selon toute probabilité, ont péri jusqu'au dernier. Le Petit Parisien – 17 janvier 1908