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CPA Scans
23 février 2009

Les actualités du 23 février 1909

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Un charretier assassiné à la Queue-en-Brie

Vers sept heures, ce matin, le bouvier Guyon, au service de M. Morel-Darleux, agriculteur à la Queue-en-Brie, petite commune de l'arrondissement de Corbeil, se rendait en plaine, lorsqu'en traversant un champ, non loin de la propriété de son patron, il aperçut un corps étendu dans un sillon. Il s approcha, croyant avoir affaire à un ouvrier agricole endormi

Quelle ne fut pas sa surprise de constater que l'inconnu qui gisait à ses pieds ne donnait pas signe de vie et avait le visage tuméfié, inondé de sang. Du sang également sur les vêtements et tout autour du corps. Derrière la tête une blessure profonde qu'un caillot énorme recouvrait en partie. M. Guyon crut que le malheureux n'était que blessé, car le corps était encore chaud. Aussi courut-il bien vite à la ferme mettre son contremaître, M. Breton, au courant de la découverte qu'il venait de faire.

Quelques instants plus tard le juge de paix M. Blanchard, intervenait, accompagné de deux gendarmes et d'un médecin. Ce dernier ne tarda pas à déclarer que son intervention était inutile car le malheureux, étendu dans le champ, avait cessé de vivre. La blessure située derrière la tête devait, de l'avis du médecin, avoir suffi pour entraîner la mort. Le magistrat et les gendarmes se livrèrent aussitôt à une série de constatations et de recherches, afin d'établir et l'identité du pauvre diable et la manière dont il avait été tué. Il était évident que la victime de ce nouveau crime n'avait pas trouvé la mort dans le champ où son cadavre venait d'être découvert. En effet, on remarquait tout auprès une traînée sanglante indiquant avec évidence que le corps avait dû être transporté en cet endroit.

Les investigateurs n'eurent qu'à suivre à rebours cette piste toute tracée. Ils arrivèrent ainsi sur la route départementale, numéro 78, de Paris à Provins, au lieu dit la "côte de Champlain" à un kilomètre environ de l'agglomération de la Queue-en-Brie. Là, sur le bas-côté de la route, une énorme mare de sang marquait indubitablement !e point précis où le malheureux était tombé cous les coups de ses assaillants. Surpris, il avait dû tomber comme une masse, perdant son sang à flots. Ses assassins, pour gagner du temps, l'avaient alors pris par les pieds, le traînant sur le ventre à travers champs jusqu'à 150 mètres environ dans l'intérieur des terres.

Vers quatre heures de l'après-midi, les membres du parquet de Corbeil, qu'on avait avisés télégraphiquement, arrivèrent à la Queue-en-Brie. C'étaient MM. Fortin, procureur de la République, Régismanset, juge d'instruction, Duret-Comtè, médecin légiste, et Villemart greffier. Ces messieurs, après avoir pris connaissance de l'enquête faite par l'autorité locale, poursuivirent plus avant les investigations, cherchant à reconstituer les diverses phases du crime.

Peu après leur arrivée, sous un ponceau dit "gargouille" situé à quelque distance de la mare de sang, on découvrit une cognée de bûcheron, et plus loin, dans le champ opposé à celui où fut retrouvé le cadavre, on ramassa une casquette noire maculée de sang, et qui portait une déchirure avec l'empreinte très nette d'un coup de hache porté fort violemment.

Bien vite une foule considérable s'était amassée autour de l'endroit où le crime avait été commis. Mais parmi tous les curieux qui se trouvaient la, il n'en fut pas un qui put déclarer connaître la victime: Certainement celle-ci n'était pas du pays. Dans les vêtements que portait le défunt, on ne découvrit qu'une carte de visite au nom de M. et Mme Frémond, 33, rue de Citeaux à Paris, une somme d'un franc en monnaie de billon, et une chaîne de montre brisée.

Les magistrats, désespérant déjà d'établir là l'identité du malheureux, se disposaient à faire transporter le cadavre à la mairie, lorsque survinrent deux voituriers qui, ayant appris en route qu'un crime avait été découvert côte de Champlain, venaient aux renseignements. A peine se furent-ils approchés qu'un d'eux, M. Adolphe Gibert, charretier au service de M. Geloc, à Chevry-Cossigny, s'écria en se tournant vers son compagnon, M. Jubert, cultivateur à Ferolles : "Mais c'est Gibault ! Oui, oui, c'est bien lui, le malheureux, je le reconnais.". Et s'adressant aux magistrats : "Gibault était un charretier travaillant pour le compte de M, Mentierle, habitant Chevry. Vous pouvez télégraphier à ce dernier qu'il courre après ses chevaux."

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M. Gibert raconta, alors, que l'infortuné charretier Joseph Gibault, âgé de trente-six ans, était parti de chez son patron ce matin à une heure, conduisant un chariot attelé de cinq chevaux et chargé de mille bottes de paille. Il allait livrer tout ce chargement à M Berteaux, grainetier, établi rue Michel-Bizot, à Paris. Souvent Gibault et lui faisaient route de compagnie.

D'après un arrangement ancien qu'ils avaient pris Gibault lui avait remis sa déclaration afin de ne pas stationner trop longuement à l'octroi à la barrière du Trône à Paris.

Vers quatre heures du matin, Gibert qui était arrivé au haut de la côte, en face le café Sendet, avait encore aperçu derrière luin l'attelage de Gibault, qui avait une façon spéciale de placer ses lanternes. Plus loin, s'étant retourné, il fut surpris de ne plus voir le véhicule de son collègue. Il ne s'en étonna pas autrement, car Gibault avait l'habitude de s'arrêter au haut de la côte pour faire prendre haleine à ses chevaux.

D'autre part, Gibert a déclaré aux magistrats, qu'en passant près de la propriété de M Rouart, maire de la Queue-en-Brie, il avait aperçu un individu se tenant tapi contre le mur et cherchant à se dissimuler. Sa chienne ayant éventé le personnage, celui-ci fila aussitôt et disparut. Le témoin n'a pu fournir qu'un signalement fort peu précis de cet individu. Pour lui on doit se trouver en présence d'un crime avant le vol pour mobile. Gibault, ajouta-t-il, avait sur lui plus de cent francs, somme qui lui était nécessaire pour ses frais de route, et pour acquitter les droits d'entrée. De plus, il est a peu près certain que les coupables, car ils doivent être plusieurs, ont emmené les chevaux du charretier. Quoi qu'il en soit, pour le moment, ce drame demeure encore fort mystérieux. On a tout lieu de croire, qu'ainsi que l'a déclaré M. Gibert, les assassins en massacrant l'infortuné charretier ont été guidés par un esprit de lucre. Toutefois les magistrats cherchent en même temps si cet assassinat odieux n'a pas eu un autre mobile que le vol. (...)

Le Petit Parisien – 23 février 1909

EN BREF

Accidents à répétition à Boulogne - La journée d'hier fut marquée, à Boulogne-sur-Seine, par plusieurs accidents. Ce fut d'abord Grande-Rue, un tramway de la ligne Boulogne-Madeleine, conduit par' le wattman Louis Fleury qui tamponna une tapissière conduite par M. Norret, et dans laquelle se trouvaient M. Gallot et M Bachelier, propriétaire du véhicule. La voiture fut brisée et les trois voyageurs sérieusement blessés. Après avoir reçu des soins dans une pharmacie voisine, ils se firent reconduire chez eux. Quelques minutes plus tard, un tramway de la même ligne tamponnait à la porte des Princes, un promeneur, M. Ulysse Odoyer, demeurant 36, Rue du théâtre à Grenelle. Le blessé fut transporté à l'hôpital de la Charité. Enfin, route des Lacs, dans le bois de Boulogne, une automobile appartenant a la Compagnie française des voitures de place, a renversé M. Louis Noyer, demeurant rue de la Faisanderie, qui a été sérieusement contusionné. Le Petit Parisien – 23 février 1909

La foule en colère brûle un tramway - Malaga, 22 février - Un tramway ayant écrasé un petit enfant de trois ans, les parents et leurs voisins ont tiré des coups de feu et lancé des pierres sur la voiture, qu'ils ont ensuite démolie. Ils l'ont enfin remplie de paille à laquelle ils ont mis le feu. Un officier de garde à la caserne des Capuchinos ayant ordonné de disperser les groupes qui menaient grand scandale, les manifestants se sont enfuis. Le Petit Parisien – 23 février 1909

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