Les actualités du 6 avril 1909
Pluie de ballons !
Nancy - 5 avril - Deux ballons allemands ont atterri hier en Meurthe-et-Moselle. Le premier est tombé près de Montauville. Il était monté par deux personnes. Les voyageurs étaient partis la veille de Würtzbourg. Ils furent conduits à Pont-a-Mousson et interrogés, car on avait crû qu'ils étaient officiers. Leur identité vérifiée, ils partirent sur Metz et leur ballon fut mis sous séquestre pour répondre du payement des droits de douane. Le second ballon, monté par quatre professeurs de Stuttgard, a atterri vers midi dans la forêt de Mondon, près du fort de Manonviller, à six kilomètres de la frontière. Poursuivis et arrêtés par une patrouille du fort, les aéronautes ont été emmenés au fort où ils ont été interrogés par M. Fischer, commissaire spécial d'Igney-Avricourt. Leur identité vérifiée, les voyageurs sont partis pour Strasbourg.
Dijon, 5 avril - Un ballon monté par un membre de la Société aéronautique strasbourgeoise, accompagné de deux hommes et de deux dames, a atterri hier après avoir, brisé les fils télégraphiques entre Loeuilley et Renève, à trente-cinq kilomètres de Dijon. Questionnés par le maire de Renève, les voyageurs ont déclaré être des commerçants de Strasbourg, d'où ils étaient partis avec l'intention d'aller en Suisse. Les aéronautes ont versé une provision de 200 francs pour la réparation des lignes télégraphiques. Ils sont partis ensuite pour Dijon, où ils prendront le train pour Belfort.
Arras, 5 avril - Un ballon, monté par quatre aéronautes allemands et venant de Berlin, a atterri hier à Gampagne-lès-Hesdin.
Dieppe, 5 avril - Un ballon monté par deux officiers autrichiens, le général de brigade Ferdinand Erz-herzog et le capitaine d'infanterie Guillaume Kofforg, a atterri, cet après-midi, vers trois heures, à Douvrend, à quelques kilomètres de Dieppe. Il était parti cette nuit de Linz à onze heures. Ramené à Dieppe, il a été dirigé sur Paris cette nuit. Les deux officiers, qui étaient en uniforme, avaient regagné la capitale par le train de sept heures.
Le Figaro – 6 avril 1909
EN BREF
Un ballon tombe dans la manche – une jeune femme se noie - Le ballon Gay-Lussac, monté par deux hommes et une dame, passait hier, vers 2 heures 1/2 de l'après-midi, sur Coutances. Malgré les efforts des aéronautes pour atterrir, il est allé tomber en mer en face de Gouville, a trois cents mètres environ du phare de Senecquet. La dame qui accompagnait les deux aéronautes s'était cramponnée à l'un d'eux, mais une vague l'emporta et la malheureuse disparut. Les deux hommes réussirent à gagner la côte. Le ballon naufragé était parti hier matin, à dix heures et demie, du parc de Saint-Cloud. II était monté par MM. Passion et Wateau, avocats, demeurant l'un et l'autre a Paris : le premier rue de Rivoli, 53, le second, 11 rue Gay-Lussac. Leur compagne de voyage, qui a péri si tragiquement, est une demoiselle Masson. Son corps a été retrouvé à une heure du malin, la nuit dernière et transporté a la mairie de Gouville. Le Petit Parisien – 6 avril 1909
Le
vieux revolver se réveille - Ayant, hier, cassé sa tirelire
à l'occasion de la foire aux jambons, le jeune Marcel Ameline
constata avec une évidente satisfaction qu'elle contenait 6
francs 75 centimes, véritable trésor a ses yeux de
quatorze ans. Il mit aussitôt cette somme importante dans son
gousset quitta le domicile paternel, rue de Charonne, et se dirigea
vers le boulevard Richard-Lenoir, rêvant aux achats qu'il
allait faire. En arrivant à la foire, son choix était
fixé : l'acquisition d'un superbe revolver était
indispensable pour pouvoir figurer avec avantage dans les parties de
gendarmes et voleurs avec ses petits camarades. Justement une baraque
de bric-a-brac offrait à son admiration, au milieu d'une
certaine quantité d'objets des plus hétéroclites,
un revolver antique, usagé, rouillé que n'eut certes
pas désavoué l'archéologue le plus sévère.
Le jeune Ameline le marchanda et l'obtînt pour le prix,
excessivement bon marché, de cent sous. Aussitôt en
possession de cette arme; laquelle semblait extraite des fouilles
d'Herculanum, il en fit jouer toutes les pièces qui ayant été,
hélas ! copieusement arrosées d'huile, consentirent,
non sans quelque grincement, à fonctionner. La gâchette
recula, le barillet tourna et soudain... pan pan !..une double
détonation retentit Le revolver était malheureusement
resté chargé,ce dont un passant, M. Henri Marie,
employé de commerce, ne s'aperçut que trop bien car
une des deux balles l'atteignit au ventre. Relevé aussitôt
il a été transporté chez lut rue de Charonne,
dans un état désespéré. M. Rousselot,
commissaire de police, a consigné l'imprudent à sa
disposition. Le Matin – 6 avril 1909