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9 mai 2009

Les actualités du 9 mai 1909

Turquie On se massacre en Asie Mineure

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On n'avait jusqu'ici eu que de vagues échos des massacres qui se seraient produits en Asie Mineure, à la suite de la contre révolution turque. La lettre suivante, qui nous est adressée par Mme Caroline Furet, doyenne de la colonie française d'Adana, est la première correspondance directe arrivant à Paris et relatant quelques-uns des faits lamentables dont l'Asie Mineure vient une fois de plus, d'être le théâtre. Voici cette lettre ;

Adana (Turquie d'Asie), le 20 avril 1909. A Monsieur le rédacteur en chef du Matin.

Monsieur,

Lorsqu'un fait s'est passé, contre toute justice et toute humanité, et que les victimes inspirent en chaque pays des sentiments de pitié généreuse, c'est à votre journal, organe de vérité et de fraternité, qu'il faut s'adresser, parce qu'on est assuré de trouver un écho sympathique et une plume prête à publier.

Notre Adana (Turquie d'Asie), ville très calme, à la population arménienne pour la plupart et fort laborieuse, vient d'être, pendant une semaine et surtout pendant trois jours, du 14 au 16 avril, le théâtre des plus atroces scènes de massacre, de pillage, d'incendie et d'autres drames intraduisibles.

L'aspect est horrible ; les magasins, les bazars ne présentent plus que des ruines sanglantes, car le meurtre, avec des raffinements inouïs, accompagnait les horreurs de l'attaque. Plus de huit mille morts, sans compter les corps jetés au fleuve. Non seulement la ville est saccagée, mais ses environs, ses vignes, ses fermes et même, plus loin, le département entier ont souffert et ont été dévastés dans les régions occupées par les familles arméniennes. On compte alors plus de 20,000 victimes dans le département (vilayet) entier.

Et qu'avaient fait les victimes de ces actes de barbarie incroyables à entendre et affreux à se rappeler ? Ils avaient osé, eux, les Arméniens, se défendre contre des bandes de bachibozouks turcs (les pillards), lancées sur eux par des ennemis farouches et implacables !

Passons sur ces heures fatales qui ont emporté le bonheur, la fortune, la vie de tant d'honnêtes citoyens arméniens, de pères de famille qui laissent après eux des veuves éplorées, des enfants orphelins. Comment vivre ? Toutes les denrées, tous les subsides ont disparu, et le peu que l'on peut se procurer est rapporté par les voleurs qui, les font payer le triple de leur valeur. Mais les étrangers se sont entendus pour ne pas leur laisser cet infâme bénéfice.

Les récoltes sont perdues ! Ceux qui restent et qui ne peuvent émigrer, par devoir ou manque d'argent, courent encore des dangers. Et qui sait ce qui peut arriver, car le gouverneur de la ville n'a aucune énergie. (...). Dès que la suspension du carnage a été proclamée et que la circulation dans les rues encombrées de cadavres a été possible, des hommes courageux ont pris des mesures d'urgence pour le sauvetage et le salut. Des ambulances se sont installées, les secours ont afflué ; si des actes de cruauté ont eu ; lieu, l'héroïsme a eu bien, des heures divines

La communauté, la colonie arménienne sont-elles hors de danger ? Qui peut le dire ? Il est bon que l'Europe sache par votre organe ce qui se passe au moment où l'on parle si haut de paix et de conciliation entre Turcs et chrétiens.

Le Matin – 10 mai 1909

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EN BREF

La statue de Pierre Dupont, à Lyon, a été détériorée pendant la nuit - Lyon, 8 Mai -Des vandales ont barbouillé, cette nuit, à l'encre violette, le monument de Pierre Dupont, élevé dans le jardin des Chartreux, à la Croix-Rousse. L'œuvre est à jamais perdue, car l'imprégnation du liquide est sans remède ; déjà, l'an dernier, des individus avaient brisé un motif en bronze, qui, dans le monument du grand chansonnier, enjolivait la soubassement. 9 mai 1909 – Le Petit Journal

Une femme s'est jetée du haut de l'Arc de Triomphe - A la suite d'une discussion avec son mari, Mme M..., âgée de 45 ans, femme d'un pharmacien d'une commune de la banlieue-est de Paris, résolut de se suicider. Elle vint, hier, à Paris, monta sur l'Arc de Triomphe de l'Etoile et profita, d'un moment d'inattention du gardien pour s'élancer dans le vide. La pauvre femme tomba sur le pavé, face à l'avenue de la Grande-Armée. Dans sa chute, elle faillit écraser un couple d'Anglais qui passait à ce moment. La désespérée est morte sur le coup après s'être brisé les bras et les jambes. Seul, un mince filet de sang coulait de sa bouche. Transportée chez M. Montlahuc, commissaire de police, rue du Bouquet-de-Long champ, on trouva sur elle une carte au nom de son mari. Le commissaire de la localité qu'habite le pharmacien a prévenu ce dernier qui, affolé par cette nouvelle imprévue, est allé reconnaître le corps de sa femme. M. M... a brièvement raconté au commissaire que sa femme, ayant eu une petite discussion avec lui au cours du déjeuner, elle s'était habillée aussitôt et était partie pour Paris où elle prétendit avoir des courses à faire. Le Petit Journal - 9 mai 1909

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