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CPA Scans
7 juillet 2009

Les actualités du 7 juillet 1909

Lads

La grève des Lads

De graves incidents ont marqué la journée d'hier. On a tenté d'incendier les boxes de l'entraîneur Sgitcovich. D'autre part, l'entraîneur Duffourc a été attaqué chez lui et violemment frappé. Souhaitons que les coupables soient découverts et punis. Souhaitons aussi qu'un service d'ordre efficace soit promptement organisé.

A trois heures et demie du matin, un incendie a éclaté chez M. Sgitcovich, dans la graineterie, qui est toute voisine des magasins à fourrage et des écuries, où se trouvent cinquante chevaux. Heureusement, trois gendarmes ont aperçu la fumée et donne l'alarme. M. Sgitcovich se précipita vers les boxes et, avec l'aide de son personnel, fit sortir les chevaux. Il semble que les murailles en bois de la graineterie avaient été enduites d'une substance inflammable. Une partie de ce petit bâtiment a été carbonisée.

On ne peut affirmer jusqu'ici que la responsabilité de cet incident doive être attribuée aux grévistes. Pourtant, il est à remarquer que M. Sgitrovich est l'un des entraineurs les plus attaqués par les lads. Et, d'autre part, on a vu quelques soldats de la "garde nationale du prolétariat", c'est-à-dire des terrassiers, rôder â Maisons-Laffitte. On a même arrêté l'un d'eux qui était ivre. Pendant que l'incendie éclatait chez M. Sgitcovich, les lads, divisés en quatre groupes, partaient en tournée de débauchage. Avenue Eglé, des grévistes et des non-grévistes se sont battus.

Autre incident : un journalier nommé Pinardon, qui travaillait chez M. Condé, reçut, en pleine nuit, la visite d'un lad, French Gray, qui lui intima l'ordre de se lever et d'aller rejoindre les grévistes dans le dortoir commun. Pinardon ayant refusé, French Gray lui porta deux coups de couteau à la gorge. Tout simplement. Les blessures ne sont pas très graves.

A neuf heures du matin, les manifestants ont attaqué à coups de pierre des lads qui conduisaient des chevaux à la gare pour les embarquer. Il faut dire que, parmi ces lads travailleurs, les grévistes avaient reconnu plusieurs individus qui, leur service achevé, se joignent à eux, et ne sont pas les moins excités.

Enfin, à onze heures du matin, un très grave, incident s'est produit. Les grévistes, partis du local des soupes communistes, se rendirent en bande à l'établissement Duffourc. Ils envahirent la cour, puis brisèrent les portes derrière lesquelles s'était refugié le personnel terrorisé. M. Duffourc arriva. Aussitôt les lads l'entourèrent et le frappèrent. Atteint d'un coup de bâton à la tempe, il tomba. La bande se rua sur lui, et il fut frappé à coups de poing et à coups de pied. Mme Collier, qui loue a M. Duffourc l'établissement, fut grossièrement injuriée.

Enfin apparurent les gendarmes et M. Vidal, commissaire spécial de police. Les grévistes furent repoussés, mais aucune arrestation ne fut opérée. M. Duffourc, grièvement contusionné, se rendit à la gendarmerie où il déposa une plainte formelle contre deux de ses agresseurs, qu'il affirme reconnaître: MM. Donneaud, secrétaire du syndicat des lads, et. M. Wadham. Ceux-ci ont été entendus, à la mairie, par le capitaine de gendarmerie. M. Donneaud a nié, déclarant que, occupé à calmer ses camarades, il n'avait ni frappé, ni même vu frapper M. Duffourc. Quant a M. Wadham, il soutien qu'à l'heure des incidents il se trouvait chez l'entraîneur Delolme.

(...) Le préfet de Seine-et-Oise est arrivé à Maisons-Laffìtte. Il a confère à la mairie avec le maire, le commissaire spécial et le capitaine de gendarmerie. (...) Sur les cent gendarmes qui assuraient le service d'ordre, une trentaine ont été envoyés à Draveil où les terrassiers ont commis des violences dont on lira ailleurs le récit. Des renforts ont été demandés. La population de Maisons-Laffitte les attend avec impatience. Il faut songer, en effet, que le territoire à surveillera une superficie de trente hectares. Le juge de paix du-canton de Saint-Germain, en exécution de la loi de 1892, a invité hier, par voie d'affiches, les entraîneurs et les lads à lui faire connaître, dans les trois jours, l'objet de leur différend, et leur acceptation ou leur refus de l'arbitrage.

Le Figaro – 7 juillet 1909

Maurin_Quina

EN BREF

Le président d'Haïti échappe à une catastrophe - Port-au-Prince, 6 Juillet Le président Simon a couru un sérieux danger, la nuit dernière, près de Beudet.Le train dans lequel il se trouvait a violemment heurté un train de marchandises. Il y eut dix soldats tués et de nombreux blessés. Bien que son wagon ait été fracassé, le président n'a pas reçu la moindre blessure. Après avoir donné des ordres pour les secours à prodiguer aux victimes, il est rentré chez lui à cheval. Le Petit Journal – 7 juillet 1909

zep

Le ballon fantôme est une réalité - On sait quel sentiment de terreur avait ! provoqué, un peu partout en Angleterre, l'apparition nocturne d'un immense ballon dirigeable, dont, le projecteur électrique répandait au passage des torrents de lumière. Or, si l'on en croit le Daily News, de ce matin; ce ballon fantôme, loin de terrifier les Anglais, doit, au contraire, les rassurer, car il a été construit par un des leurs, le docteur Boyd, pour la défense de leur territoire. Depuis huit ans, l'inventeur travaille dans le plus grand secret. L'année dernière, ses efforts ont été couronnés de succès et il a réussi à achever un dirigeable qui a 120 pieds de long et une force motrice de 300 chevaux-vapeur (le Zeppelin allemand a 440 pieds et 220 chevaux-vapeur). Dans la nuit du 18 au 19 mai, le dirigeable Boyd a fait la traversée de la mer d'Irlande, à un point où elle a 90 milles (environ 155 kilomètres) de largeur, à une vitesse moyenne de 50 kilomètres a l'heure. C'est ce qui explique pourquoi les habitants de Belfast le virent passer à une grande hauteur au-dessus de leur ville. Le Petit Journal – 7 juillet 1909

Espagne Quatre fois assassin par amour - Madrid, 6 juillet - On a arrêté à Santa-Brigida, près de Las Palmas, le nommé Juan Bernaldez, qui, dans le but de continuer des relations illicites avec une femme dont il était follement épris, empoisonna sa femme, ses deux filles et sa petite-fille. Les habitants du village voulaient lyncher le misérable, et c'est à grand'peine que la garde civile put le protéger contre leur fureur. Le Matin – 7 juillet 1909

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